Deuzeffe pose (toujours) des questions - Sous la lampe2019-01-07T22:23:18+01:00deuzeffeurn:md5:0c5330a61121cac736c4686038769086DotclearRésistants (Thierry Crouzet)urn:md5:6848be42f43a267d9b2d6bb58592390e2017-08-16T16:00:00+02:002017-08-16T21:26:58+02:00deuzeffeSous la lampeThierry Crouzet <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.couv-resistants_s.jpg" alt="Résistants, Bragelonne, 2017" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Comme <em><a href="http://tcrouzet.com/une-minute/" hreflang="fr" title="One Minute">One Minute</a></em>, <em><a href="http://tcrouzet.com/resistants/" hreflang="fr" title="Résistants">Résistants</a></em> est né sur <a href="https://www.wattpad.com/user/ThierryCrouzet" hreflang="fr" title="T. Crouzet sur Wattpad">Wattpad</a>. Comme lui, il est écrit au présent. Comme lui, il déroule la narration suivant le point de vue des différents protagonistes. On pourrait à l'envi se prêter au jeu des ressemblances et on en trouverait nombre d'autres<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. J'ai donc assisté à la naissance de l'histoire, naissance laborieuse, avec quelques faux départs, alors même que le thème et le genre littéraire sont clairs dans l'esprit de l'auteur<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>L'histoire ? Une femme se bat contre une menace pire que le changement climatique de notre planète : la résistance aux antibiotiques. J'avoue, qu'un auteur masculin mette en scène une telle héroïne me séduit particulièrement<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> Elle endosse le costume classique mais toujours efficace de tout brave, avec ses forces, son intelligence, son intuition, ses faiblesses<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, son altruisme, etc. Et ça fonctionne remarquablement bien en ce qui concerne Katelyn. Ah et puis elle tombe amoureuse, hein, comme tout chevalier. Mais loin d'être une romance sirupeuse, sa relation avec le héros<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup> est piquante et ombrageuse, mélange classique d'amour-haine où le cœur et la raison luttent jusqu'à offrir une fin presque malheureuse<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Oh, et puis comme c'est une femme, elle est objectivée, abusée<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup>. Schéma courant. Mais comme elle ne se laisse pas faire<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>...</p>
<p>Contre elle, donc, l'amoureux, le héros, le méchant — pense-t-on et on n'a pas tout à fait tort. Tout aussi doué qu'elle, menant — sans qu'elle le sache vraiment au début de leur histoire — le même combat. Et contre eux, les infâmes capitalistes, les industriels en général et les firmes pharmaceutiques en particulier qui gavent humains et animaux de médicaments censés éradiquer les bactéries. Elles sont sur Terre depuis bien plus longtemps que nous, sont beaucoup mieux équipées que nous pour s'adapter : elles ne cessent de mettre en place des contre-mesures au flux d'antibiotiques auquel on les soumet. Sauf qu'à la fin, ce sont elles qui vont gagner, et pas nous. Et je dois dire que bien que je sache parfaitement ce qu'est la résistance aux antibio. et ce qu'elle signifie, Thierry Crouzet a presque réussi à me faire peur. Cette peur, née de l'ignorance ; cette peur qui sidère. Alors l'auteur distille, en parallèle de son propos romanesque, faits et découvertes sur les bactéries, leurs mécanismes de résistance, les moyens pour nous, humains, d'espérer, un peu, nous en sortir. Malgré la menace glaçante qui court tout au long de l'histoire, la noirceur du propos, tout n'est pas perdu : nous sommes seulement la solution au problème que nous avons créé. À condition d'un changement radical de nos comportements<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>.</p>
<blockquote><p>La solution aux problèmes majeurs de l’humanité ne viendra que d’une mise en commun de toutes les expériences.</p></blockquote>
<p>La forme romanesque de cet ouvrage de commande, délibérément choisie par l'auteur<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup>, épouse volontairement le genre <em>thriller</em>, peu familier à l'écrivain de ce que je connais de ses styles littéraires de prédilection. Ça se sent un peu. Si l'enchaînement des péripéties est assez fluide, l'ensemble aurait mérité, à mon goût, encore quelques phases de polissage pour livrer un produit bien fini. Par exemple, l'identification des « patients zéros » et de leur mode de contamination me semble incohérent, presque cousu de fil blanc, un peu trop facile, en quelque sorte. <br />
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas été déçue par ce <em>page-turner</em> captivant. Même si l'on n'aime pas particulièrement les histoires d'action et de suspense, les ombrageuses aventures amoureuses, on retrouvera les perles d'introspection typiques de Thierry Crouzet<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup>, humanistes ou à la limite du truisme, parfois :</p>
<blockquote><p>La pensée rationnelle n’est pas la seule opérationnelle. Quand le maître affirme que les arbres lui parlent, il ne ment pas. En haut de la plate-forme, j’ai communié avec eux. Au nom de ce que je sais, je peux passer à côté de ce que je pourrais savoir si j’étais curieuse. La raison peut parfois se transformer en obscurantisme.</p></blockquote>
<p><em>Résistants</em> met en lumière un aspect microscopique de l'influence de l'humain sur son environnement. Et inversement. Un indispensable docu-fiction pour qui se soucie un tant soit peu de son prochain.</p>
<blockquote><p>Notre précipitation engendre la peste moderne.</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Un jour on fera une liste de tout ce qui fait que quand <a href="http://tcrouzet.com/bibliographie/?text=2" hreflang="fr" title="Bibliograhie T. Crouzet">on lit du Crouzet</a>, même <em>à l'aveugle</em> — hahaha — on sait que c'est du Crouzet</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Enfin, d'après ce qu'il en dit</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Mon héroïne de gamine était Fantômette. Donc, bon</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Un héros doit avoir des faiblesses, sinon, ce n'est qu'un robot</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] bah oui, faut bien qu'il y ait un mec dans l'histoire...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] Tout est dans <em>presque</em></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Non, pas dans ce sens-là</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] Elle me fait penser à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Clarice_Starling" hreflang="fr" title="Clarice Starling">Clarice Starling</a></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] J'avoue, là, c'est pas gagné</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] A contrario du <em><a href="http://tcrouzet.com/le-geste-qui-sauve/" hreflang="fr" title="Le geste qui sauve">Geste qui Sauve</a></em></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/408/R%C3%A9sistants-Thierry-Crouzet#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] Qui ne peut donc s'empêcher d'en glisser dans ses textes, quels qu'ils soient</p></div>
Le Labo Walrus : livraisons deuxièmesurn:md5:c9229d03143521f1611a2f4ce75e1a342017-06-24T09:12:00+02:002017-06-24T10:00:29+02:00deuzeffeSous la lampeCamille EelenCélia FlauxFabien ReyMachinWalrus <p>Quatre nouveaux produits<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> sortis du <a href="https://www.walrus-books.com/labo/" hreflang="fr" title="Le Labo, Éditions Walrus ">Labo</a>, début juin. Et même s'il ne s'agit pas de faire découvrir aux foules en manque de lectures des créateurs jusqu'ici inconnus (de la foule), heureuse surprise de n'en connaître aucun. Il en découle une plus grande tolérance de la lectrice<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Peut-être. C'est à voir.</p>
<p>Exposés sur la paillasse<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, dans l'ordre :</p>
<ul>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/quelque-chose-camille-eelen/" hreflang="fr" title="Quelque chose, Camille Eelen">Quelque chose</a> (Camille Eelen) : pas très judicieux de le placer en tête de gondole et de le lire en premier, tant ce texte est d'une qualité exceptionnelle. Une expérience au LHC qui s'emballe, l'humanité qui disparaît peu à peu, le dernier humain vivant qui témoigne de la fin. Dans un propos subjectif, avec une écriture acérée, sèche, haletante, précise, un style percutant. Pile-poil dans la veine Pulp des éditions Walrus.</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/porteuses-detoiles-celia-flaux" hreflang="fr" title="Porteuses d'étoiles, Célia Flaux">Porteuses d'étoiles</a> (Célia Flaux) : de la science-fiction, où il est question d'élues, intimes avec les étoiles. Le propos est plaisant, mettant en scène une femme salvatrice, venant à bout des stéréotypes et préjugés. Le traitement, en revanche, est banal, presque brouillon ; le style est commun. Bien dommage.</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/vous-prendrez-bien-un-verre/" hreflang="fr" title="Vous prendrez bien un verre ? Machin">Vous prendrez bien un verre ?</a> (Machin) : le bar de StarWars, avec beaucoup moins de monde, de fumée et de bruit ; tenu par une étrange créature, fréquenté par un bizarre quidam se goinfrant de mets extragalactiques. Ça finit mal. Je n'ai pas accroché.</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/le-dernier-sortilege-fabien-rey" hreflang="fr" title="Le dernier sortilège, Fabien Rey">Le dernier sortilège</a> (Fabien Rey) : on imagine se trouver dans la grande salle de l'université de l'Invisible à Ankh-Morpork et on cherche en vain le burlesque et le <em>non-sense</em>. Un conte sur la vieillesse et la décrépitude, sans surprise ni perspective. Quelques belles tournures de style.</li>
</ul>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Ici, rien de péjoratif de ma part. Seulement une déformation professionnelle. Un labo. transforme des substrats en produits. Pas plus compliqué que ça</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Igor serait bien avisé de faire réviser son fouet, il ne voit plus bien erreur de frappe, coquilles et cuirs</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/410/Le-Labo-Walrus-%3A-livraisons-deuxi%C3%A8mes#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Qu'Igor a rangé. Enfin ! C'est beaucoup mieux présenté ainsi</p></div>
Le Labo Walrus : premières productionsurn:md5:1643ba9fa9d83c8d49d7a815095289a02017-05-19T20:30:00+02:002017-05-20T19:07:24+02:00deuzeffeSous la lampeAude RécoCéline Saint CharleMichael RochThierry SoulardWalrus <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.banniere-labo-1024x341_m.png" alt="banniere-labo-1024x341.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Le <a href="https://www.walrus-books.com/labo/" hreflang="fr" title="Le Labo (Walrus)">Labo</a> de <a href="https://www.walrus-books.com" hreflang="fr" title="Walrus">Walrus</a><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> a ouvert ses portes le <a href="https://www.walrus-books.com/le-labo-cest-parti/" hreflang="fr" title="Ouverture du Labo">8 mai 2017</a>. Pour les distraits, je cite la ligne de conduite du Labo :</p>
<blockquote><p>Ici nous publions les textes courts d’auteurs et d’autrices en [qui]<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> nous plaçons tous nos espoirs. Une occasion pour vous de les découvrir, et pour nous de les mettre sur le banc de test et de dénicher nos écrivains de demain…</p></blockquote>
<p>À ce jour, quatre nouvelles ont été rendues publiques. Je les ai lues. J'ai été un peu déçue<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> par cette première fournée.</p>
<p>Objectivement, le cahier des charges initial n'est pas respecté. Au moins deux auteurs de cette première fournée ne sont pas des « écrivains de demain », mais des écrivains déjà connus ou reconnus.<br />
Michael Roch, en premier lieu, qui de plus est un auteur Walrus (mais pas exclusif !) Et même si la nouvelle qui est proposée est dans la veine Pulp du Morse (<a href="https://www.walrus-books.com/twelve/" hreflang="fr" title="Twelve">Twelve</a> ou <a href="https://www.walrus-books.com/mortal-derby-x-pulp/" hreflang="fr" title="Mortal Derby X">Mortal Derby X</a>), elle n'est pas inédite :(<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> C'est bien : <a href="https://twitter.com/Igor_du_labo" hreflang="fr" title="Igor_du_labo">Igor-du-labo</a> a de quoi s'améliorer<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup><br />
Ensuite, Aude Réco. Mais qu'est-ce qu'il est passé par la dent longue du Morse pour qu'il la classe ainsi dans la catégorie des écrivains de demain !? Rien que sur sa page d'<a href="https://www.amazon.fr/s/ref=sr_nr_p_lbr_books_authors__0?fst=as%3Aoff&rh=i%3Aaps%2Ck%3AAude+R%C3%A9co%2Cp_lbr_books_authors_browse-bin%3AAude+R%C3%A9co&keywords=Aude+R%C3%A9co&ie=UTF8&qid=1494870341&rnid=545982031" hreflang="fr" title="Audé Réco, Auteur Amazon">auteur Amazon</a>, on trouve plus d'une dizaine d'œuvres. Elle publie sur <a href="https://www.wattpad.com/user/Aude-r" hreflang="fr" title="Aude Réco sur Wattpad">Wattpad</a>, aussi. Oui, elle s'autopublie<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup>. Et alors, le Morse, mmhh ? Oui, c'est une bonne écrivaine, ses histoires sont chouettes — celles que j'ai lues ou achetées, entre autres — mais est-ce une raison pour que le Labo <em>per se</em> la... découvre ?<br />
Il semble que la situation soit similaire pour Céline Saint-Charle. Et que Thierry Soulard ait déjà publié.</p>
<p>Et plus je m'agace à écrire ce texte acerbe, plus se forme dans ma caboche têtue l'idée que peut-être ai-je mal compris les mots du Labo ou les idées qu'il porte sur son blog ou son compte Twitter. Peut-être ne fais-je qu'extirper de mon cerveau reptilien primaire — pléonasme — la colère produite par la frustration de n'avoir pas compris ce que le Morse a voulu faire dans son Labo. Et même si je me fais à l'idée, en fin de compte, que le Labo est destiné à transformer des auteurs et autrices en écrivains et écrivaines, Michaël, Aude et probablement Céline sont <em>déjà</em> dans cette seconde catégorie.</p>
<p>Il semblerait que le Morse ait compris qu'il y avait quand même matière à rectifier le tir :</p>
<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="fr" dir="ltr">Pour des raisons pratiques — et aussi parce qu'on ne veut pas se foutre de votre gueule — on n'acceptera plus QUE de l'inédit pour le Labo.</p>— Walrus Books (@studiowalrus) <a href="https://twitter.com/studiowalrus/status/864051587894964225">15 mai 2017</a></blockquote>
<script async src="//platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>
<p>Bon, c'est déjà ça.</p>
<p>Sur le fond, maintenant, les nouvelles elles-mêmes, de façon tout à fait subjective<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-7" id="rev-wiki-footnote-7">7</a>]</sup> ce coup-ci (couça).</p>
<ul>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/cathie-les-nuits-chaudes-michael-roch/" hreflang="fr" title="Cathie les nuits chaudes">Cathie les nuits chaudes</a> (Michaël Roch) : c'est du Michaël pulp<del>eux</del> donc, incisif, violent ; un peu plus qu'érotique, pas tout à fait porno. ; au style peut-être un peu moins marqué qu'à l’accoutumée tant ce qui importe est le déroulé de l'histoire de Cathie ;</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/le-ballon-celine-saint-charle/" hreflang="fr" title="Le ballon">Le ballon</a> (Céline de Saint Charle) : sous la plume d'une autrice que je n'avais jamais lue auparavant, du fantastique horrifiant, dans la veine vaudou<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-8" id="rev-wiki-footnote-8">8</a>]</sup>, lutte du bien contre le mal, etc. Pas mal, sans plus ;</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/ne-pas-baiser-pres-des-licornes-thierry-soulard/" hreflang="fr" title="Ne pas baiser près des licornes">Ne pas baiser près des licornes</a> (Thierry Soulard) : par un auteur dont je n'ai jamais lu les œuvres, de la fantasy qui se veut humoristique, dans la veine de Terry Pratchett, précise <a href="https://www.walrus-books.com/le-labo-cest-parti/" hreflang="fr" title="Ouverture du Labo">l'article de blog</a><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-9" id="rev-wiki-footnote-9">9</a>]</sup>. Autant dire tout de suite, Terry Pratchett ne me fait pas rire aux éclats<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-10" id="rev-wiki-footnote-10">10</a>]</sup> ni les situations cousues de fil blanc où on devine la fin dès les premiers paragraphes. Seule la virtuosité des descriptions m'est apparue remarquable ;</li>
<li><a href="https://www.walrus-books.com/labo/nes-dorage-et-de-boue-aude-reco/" hreflang="fr" title="Nés d'orage et de boue">Nés d'orage et de boue</a> (Aude Réco) : je dois dire que j'ai connue Aude bien plus inspirée — Faiseur de Rêve<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-11" id="rev-wiki-footnote-11">11</a>]</sup> ou Cœur sommeil<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#wiki-footnote-12" id="rev-wiki-footnote-12">12</a>]</sup> et je me suis embourbée dans le style. C'est peut-être voulu, finalement... puisque le thème, fantastique, est la fusion de la réalité et du mythe, la naissance d'une autre humanité faite de chair et de boue.</li>
</ul>
<p>En conclusion, pas vraiment de coup de cœur, ni de découverte enthousiasmante.</p>
<blockquote><p>De cette déception née d'une trop grande attente.</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Le site — la présentation du catalogue, en particulier — est bien mieux qu'avant ;) Merci !</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] la grammaire française est assez souple — si si — pour ne pas avoir à torturer l'orthotypographie si l'on se veut neutre quant au genre. Indice : « Épicène »</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] On est bien d'accord, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, c'est <em>ma</em> vision par le petit bout de ma lorgnette</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Entendons-nous bien : Je n'ai rien contre Michael, je l'ai adopté il y a quelques années et il sait — le Morse aussi — combien j'apprécie ses textes et son travail de conseiller littéraire.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Même s'il y a un os.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] C'est même un <a href="http://www.aude-reco.com/search/label/auto%C3%A9dition" hreflang="fr" title="Aude Réco - Autoédition">pivot</a> de son activité</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-7" id="wiki-footnote-7">7</a>] Et vous avez bien entendu le droit de ne pas aimer ce que j'aime et inversement</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-8" id="wiki-footnote-8">8</a>] Il y en a dans le <a href="https://page42.org/le-projet-bradbury-en-detail/" hreflang="fr" title="Le Projet Bradbury en détail">Projet Bradbury</a>, je vous laisse <a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/335/projet-bradbury-impressions" hreflang="fr" title="Le Projet Bradbury - impressions">chercher</a></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-9" id="wiki-footnote-9">9</a>] Tiens, pas vu la reprise des textes de présentation sur la page du Labo ; ça manque</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-10" id="wiki-footnote-10">10</a>] Même si j'ai la manie des notes de bas de page</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-11" id="wiki-footnote-11">11</a>] Coup de cœur de la lectrice</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/407/Le-labo-Walrus-%3A-premieres-productions#rev-wiki-footnote-12" id="wiki-footnote-12">12</a>] J'attends la suiiiiiite ;p</p></div>
Le banquet philo. du dimanche de Dame Quotaurn:md5:5ebffe26d65d9b8eb97f0ad86dcfcbd62017-02-28T22:41:00+01:002017-03-02T18:32:51+01:00deuzeffeSous la lampePlatonQuota_atypique <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.256px-Simmler-Deotyma_s.jpg" alt="Diotime" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<em>Le dimanche, Dame Quota prend soin d'êtres bizarres — et néanmoins attachants, très — mi-ange mi-démon, chimères à cheval sur deux siècles.</em></p>
<p>Bon j'ai envie de vous raconter une histoire de Grecs du Ve siècle mais on est pas accoudés au zinc la. Bon bon bon. C'est une jolie histoire tirée du Banquet de Platon. C'est le plus beau texte de Platon. Bon. Dans ce passage c'est la vestale Diotime qui raconte. Elle raconte la naissance d’Éros, qui comme nous, est dans une situation entre-deux.</p>
<p>C'est la grosse teuf là haut pasque tu comprends APHRODITE EST NÉE. On boit beaucoup, on danse beaucoup. Bon, danser c'est apocryphe, les banquets à l'époque, on était couchés. Grosse teuf donc. Dans l'assistance, il y a Poros. C'est un dieu qui incarne l'opulence. Il a certainement payé des coups à tout le monde, il est complètement bourré — faut bien voir, les dieux grecs y sont aussi alcooliques que nous hein. Bon y'a pas Uber à l'Olympe. On n'a pas encore disrupté le marché des nuages volants. Du coup Poros, il marche pas droit, il veut sortir pour rentrer chez lui (à pied), sauf que ouuuh ça tourne. Oé je peux rentrer demain, après tout. Allez, une petite sieste sous cet arbre. Notez le sans-gène de Poros qui est donc parti pour cuver son nectar dans les jardins de Zeus OKLM<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Sauf que dans les jardins de Zeus y'avait Pénia qui mendiait là. Pénia c'est la déesse de la pauvreté. Elle n'était pas invitée à la soirée, t'imagines, elle a pas la toge qui va bien. Et là elle tombe sur Poros endormi (l'histoire ne dit pas s'il a vomi dans son sommeil). Et là, magie des histoires des grecs de l'époque. Pénia : <em>Hey mais si je lui faisais un enfant dans son sommeil ?!</em> J'imagine qu'elle comptait sur une sorte de pension parentale vu que Poros était très riche. Donc elle fait sa petite affaire en douce et repart mendier<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Quelques temps après, Éros nait \o/<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup></p>
<p>Bon, il est très beau. Comme il a été conçu à la naissance d'Aphrodite, on lui trouve un poste de suivant d'Aphrodite. SAUF QUE VOILÀ. Éros, je rappelle, est le fils de Poros et Pénia. Du coup st'un peu un rebelle, il dort à la belle étoile, il est jamais solvable. Mais grâce à Papa, de temps en temps, il a des sous pour payer des coups aux copains — l'alcoolisme à l'Olympe, CE FLÉAU. Il est très beau et suivant d'Aphrodite, il aime ce qui est beau, ce qui est bon. Mais il ne peut jamais l'atteindre. Il veut se payer la dernière toge à la mode super sexy mais pas solvable quoi<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>De la même manière, contrairement aux autres dieux, il n'est pas omniscient. Il est toujours à la recherche de plus de savoir.
Point technique Platon : chez Platon, l'idée du bon et du beau se rejoignent. De même pour la santé. Il n'est pas immortel, mais pas mortel non plus. Toujours entre deux. J'aurais envie de me la péter, je dirais qu'il est un peu atypique. Ce qui est intéressant et assez joli chez Platon c'est qu'il va en faire le premier philosophe. Parce que haha, philosopher, ce n'est pas avoir le savoir, c'est le poursuivre, inlassablement.</p>
<p>EXACTEMENT COMME QUAND ON EST AMOUREUX.</p>
<p>Le philosophe est comme Éros, il est amoureux du beau et du bon, il tend vers le savoir \o/ Hé oui s'il savait tout déjà, il ne serait pas mû. Il ne serait pas désirant, mobilisé. Il ne déploierait aucun effort. Le désir est saisi, par cette histoire, assez justement, dans son instabilité intrinsèque : c'est toujours inassouvi. J'aime beaucoup, parce que, sans être hédoniste, c'est une pensée qui fait du philosophe quelqu'un qui <strong>désire</strong>. Et donc le désir n'est là pas que turpitude comme on verra après. C'est aussi ce qui pousse la pensée vers le bon <3</p>
<p>Les stoïciens seront plus tranchés là-dessus : le désir pour eux ça soûle grave, ÇA DÉCONCENTRE. Alors que Platon a l'idée que la conversation plaisante avec un beau garçon élevait l'âme vers le beau. (Ah chez Platon c'est équivalent, Vrai/Beau/Bon, c'est la même grande idée cardinale.) Parce que du désir charnel, on remonte au désir plus élevé du savoir et hop on s'envole vers LES IDÉES. Grâce à la maïeutique, l'art du dialogue où par questions et réponses successives, on s'élève ensemble vers le savoir.</p>
<p>Voilà voilà. Si vous vous demandez pourquoi je fais de la philo ♥ Le Banquet dans son entier développe une très belle théorie du désir, entrecoupée d'histoires comme celle-ci. Et de moments de drague. PARCE QU'ILS SE DRAGUENT DANS LE TEXTE. C'est vraiment mon Platon préféré.</p>
<p>Un dimanche normal, c'est un dimanche où on fait cours de philo antique sur le touiteur ♥ (donc pour boucler la boucle, voilà l'homme désirant, et c'est bien normal étant donnée la nature du désir <3)</p>
<p>Bon, j'ai pas respecté la lettre du texte, il faut être éméché au comptoir pour raconter ça :D</p>
<p><em>Vous pouvez reprendre une activité normale (NdlR).</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] un invité s'insurge : <em>je serais allé cafter direct qu'il se prenne un éclair bien visé au moment de faire pipi sur l'arbre #TeamZeus.</em> Dame Quota : <em>Zeus devait aussi être bourré (et occupé à courser 12 nanas à la fois) :p</em></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] un banquetier admire : <em>la classe absolue quoi.</em> Dame Quota : <em>Ah on est pauvre, mais on est une déesse monsieur quand même, on est douée :p</em></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Un jaloux : <em>romantisme absolu, section déprime.</em> Dame Quota : <em>Les grecs dans leur splendeur : te faire naitre le dieu du désir d'une union creepy. OUI MONSIEUR.</em></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/406/Le-banquet-philo.-du-dimanche-de-Dame-Quota#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Ou la dernière Pléïade — Ah merde, si je me paye ce beau livre, je mange plus... — FUCK IT, PRENDS MES SOUS, LIBRAIRE !</p></div>
La Horde du Contrevent (Alain Damasio)urn:md5:96b9993afe04db94f3532059bdeb7f182017-02-26T19:00:00+01:002017-02-26T19:22:37+01:00deuzeffeSous la lampeDamasio <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.hodre-volte-2004_s.jpg" alt="La Horde du Contrevent, La Volte, 2004" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Qu'il n'est pas facile de parler d'une telle <a href="https://lavolte.net/livres/la-horde-du-contrevent/" hreflang="fr" title="La Horde du Contrevent - La Volte">œuvre</a> ! Surtout quand de talentueux lecteurs en ont déjà dit beaucoup, comme [ATTENTION SPOILER] <a href="https://www.youtube.com/watch?v=F8YbBE5Itow&index=8&list=PL6ySNn3CeBcfAvjOxk7rffvJ1PEaKnxp1" hreflang="fr" title=""Pas l'temps de lire" La Horde du Contrevent d'Alain Damasio ">La Brigade du Livre</a> bien sûr, l'analytique <a href="http://saint-epondyle.net/blog/series/la-horde-du-contrevent-taillee-en-pieces/" hreflang="fr" title="La Horde du Contrevent taillée en pièces">Saint Epondyle</a> ou les spécialistes de <a href="https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146559279" hreflang="fr" title="NooSFère">NooSFère</a> et bien d'autres tout aussi enthousiastes, je suis sûre. Surtout qu'il fait partie des rares qui m'ont marquée depuis dix ou vingt ou même trente ans<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> Ce bouquin résonne dans ma tête depuis que je l'ai lu. Il occupe une place incongrue dans l'univers de la SFFF<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, une place originale. À la fois en tout et en rien.</p>
<p>Oui, en rien. L'arc narratif est on ne peut plus classique : une vingtaine de femmes et d'hommes, les meilleurs spécialistes dans leur domaine respectif, réunis pour mener une quête. Et c'est tout ? Presque. Des aventures, violentes et horribles ; des tensions, dans le groupe ; des inimités, des compétitions. Et pourtant, un groupe soudé par la mission qui lui a été confiée — et qui sera menée à son terme, bien entendu. Dit comme ça, l'histoire ne semble pas d'une folle originalité, n'est-ce pas ?</p>
<p>Mais qu'est-ce qui fait que ce bon sang de bouquin est encore plus unique que n'importe quel autre ?<br />
La pagination, qui est à rebours, comme la Horde qui remonte au vent<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ?<br />
L'organisation des chapitres, chacun transcrivant une aventure, une étape de la quête, à travers le point de vue de plusieurs membres de la Horde, une narration à plusieurs voix, qui dévoile l'intimité de chacun et chacune bien plus sûrement que ne pourrait le faire un narrateur extérieur ? <br />
L'espace naturel dans lequel se déroule l'histoire, fantasmagorique et pourtant fait de mille et une contrées existant sur notre planète ? Ou la culture des peuples que la Horde rencontre, avec leurs technologies proches des nôtres de l'ancien temps et tellement plus ingénieuses ? Ou l'écosystème des régions traversées, leurs êtres vivants fantastiques, leurs monstres et leurs chimères, témoins géniaux de la fertilité de l'imagination de l'auteur ?<br /></p>
<p>Tout ça, oui, bien sûr, mais pas uniquement, évidemment ! Je ne peux m'empêcher de rapprocher cette œuvre des récits-sources de la fantasy — ceux attribués à Homère, en particulier : elle semble s'y ressourcer (donc) pour mieux s'en détacher et les dépasser<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>. Au delà, il y a le vent, source de tout, prétexte à la quête<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>. Alain Damasio, démiurge, crée un cinquième élément, le vent, tour à tour liquide, solide, flamboyant. Ce n'est pas un assemblage d'air et d'un des trois autres éléments, c'est autre chose, le résultat d'une alchimie subtile d'où nait une nouvelle espèce d'élément.</p>
<blockquote><p>Le mouvement crée la matière !</p></blockquote>
<p>Connaître l'origine du <del>monde</del> vent — et en découvrir de nouvelles formes — est donc le but de la Horde. Je ne sais si c'est heureux ou regrettable, mais très tôt au cours de ma lecture, j'ai deviné le terme de la quête. Même si certains passages m'ont parus longuets, ça n'a rien enlevé au plaisir de découvrir la suite des aventures des membres de la Horde.</p>
<p>Ici, une digression : un mien ami a dit qu'il n'avait pu lire le bouquin car (je cite de mémoire) « il n'y a aucun personnage important auquel se rattacher. » Pourtant, en tous les narrateurs, tous les membres de la Horde, on peut trouver un élément qui ressemble à une partie de ce qu'on est et auquel s'identifier. La Horde est un organisme à elle seule, comme chacun d'entre nous, et coller sa propre complexité à la sienne est sans doute compliqué.</p>
<p>La fin, donc, devinée très tôt. De toute façon, la Horde ne peut rien faire d'autre que de réussir, c'est la dernière Horde, est-il dit. Et la source du vent est tellement... évidente. Du coup, ça ne gêne pas la lecture, même si j'y ai trouvé quelques longueurs, comme étouffant en plein air, sur le chemin vers la source du vent. Ce qui prime, ce n'est pas le bonheur au bout du chemin, c'est le bonheur du chemin, bonheur aigre et amer, violent, sanglant, tout relatif, mais bonheur quand même, fait de découverte de l'autre, de soi, de pourquoi le monde.</p>
<blockquote><p>Notre lien n’est pas de titre ni d’intellect : il est à la pliure de cette quête – comprendre.</p></blockquote>
<blockquote><p>Parce que tu découvres progressivement le lien et que le lien architecture et ralentit.</p></blockquote>
<p>La Horde du Contrevent est un conte philosophique, dont l'essence est la relation à l'autre et à soi. Ouais, dit comme ça, ça fait bateau, et pourtant c'est exactement ça. Ce qui en fait un bouquin<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> qui dure longtemps dans la tête.</p>
<blockquote><p>Seule l’erreur est créatrice.</p></blockquote>
<blockquote><p>La maturité de l’homme est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant.</p></blockquote>
<p>Le fond de l'œuvre serait aride s'il n'y avait la langue, l'écriture, la poésie, la musique que distille la plume d'Alain Damasio :</p>
<blockquote><p>Il n’est guère dans mes habitudes, excusez l’intrusion, de m’improviser tout à trac rabat-joie, trouble-fête et pisse-froid, mais je dois toutefois, pour cette soirée si spéciale, déjouer mes routines, pour excellentes soient-elles, et vous parlez, une fois n’est pas coutume, à cœur entrouvert et saignant…</p></blockquote>
<blockquote><p>Au bout d’une coulée excessivement visqueuse de secondes,</p></blockquote>
<blockquote><p>L’eau coule, en boucle calme. Plus ronde que l’air, une larme s’enroule.</p></blockquote>
<p>Avant que l'aventure ne commence, le troubadour de la Horde nous dit :</p>
<blockquote><p>Nous sommes faits de l'étoffe dont on tisse les vents.</p></blockquote>
<p>Nous sommes faits de l'étoffe dont nous tissent les vivants, nos semblables.</p>
<blockquote><p>ce miracle préhumain d’être tramé en fil de l’autre.</p></blockquote>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] à côté d<em>'Au nom de tous les miens</em> ou du <em>Pendule de Foucault</em>, pour d'autres raisons.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] <strong>mon</strong> univers, bien riquiqui où J. R. R. Tolkien, I. Asimov, F. Herbert ou R. Bradbury règnent en maîtres accompagnés de quelques seconds couteaux</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] puisqu'elle contre le vent, c'est écrit dessus !</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] un peu comme un vaisseau spatial utilisant un corps astral comme catapulte gravitationnelle, oui, oui, bien sûr ^^</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] dont le but est de trouver où nait le vent</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/405/La-Horde-du-Contrevent-Alain-Damasio#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] lu l'édition Folio SF de 2007, qui contient des coquilles, pas toutes corrigées dans l'édition 2015 :/</p></div>
Moi, Peter Pan (Michael Roch)urn:md5:829896a9349476d93dc8893b880854c42017-02-11T17:56:00+01:002017-02-12T23:08:55+01:00deuzeffeSous la lampeMichael Roch <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.MPP_COUV1_s.jpg" alt="MPP_COUV1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>J'ai fait la connaissance du Peter Pan de Michael, il y a presque trois ans, alors qu'il s'offrait sur le site de l'auteur<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Puis vint la première édition du <a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/346/ray-s-day-2014-chez-les-ecrivains">Ray's Day</a> où Peter se dévoilait un peu plus. Déjà, à l'époque, les quelques pages offertes m'avaient subjuguée, il semble, puisque je disais :</p>
<blockquote><p>Une délicieuse tranche de la vie de Clochette et Peter, remplie de tout ce qui fait le sel, l'amertume, le frisson des relations humaines, avec leurs non-dits, demi-mensonges et vérités pudiques. Un plaisir à lire, qu'on pourrait croire minuscule vue la petitesse du chapitre, immense parce que quasi universel.</p></blockquote>
<p>Et puis, et puis... La vie étant ce qu'elle est, la <a href="http://www.youtube.com/channel/UCO-YDXoZJNVJFmF1UJ17rEw" hreflang="fr" title="La brigade du Livre">Brigade du Livre</a> ce qu'elle conseille, <a href="http://www.radius-experience.com/" hreflang="fr" title="Radius expérience">Radius</a>, l'expérience qu'elle fut, <a href="https://www.lepeupledemu.fr/les-vicariants/" hreflang="fr" title="Les vicariants">Les Vicariants</a>, ce qu'ils trament, Peter s'était rendormi au Pays Imaginaire. Enfin, un jour de septembre :</p>
<blockquote><p>Je ne connais que les vents contraires qui scellent le sort du monde. Je veux dire, je me souviens d'eux comme s'ils m'avaient giflé hier. Et il faudrait te prévenir des bourrasques et de leurs autours, des trombes qui percent le ciel, et des nuages qui s'enroulent sur les lucioles de mes falaises. (Moi Peter Pan, en correction)</p></blockquote>
<p>Il allait revenir ! Il reviendrait ! Bientôt. Le plus dur étant d'attendre son retour, bien entendu. Impatiente, dans le sillage d'une étoile qui filait jusqu'au matin, j'ai retrouvé Peter. Un Peter toujours aussi acide et doux, toujours autant tiraillé entre sa carapace et son cœur fondant, mettant sur ses peurs, dites d'enfant, des idées ordinairement attribuées aux adultes. Car le Peter Pan de Michael<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> a étrangement mûri pendant ces années éternelles passées au Pays Imaginaire. Il nous parle comme le ferait un ami cher, sans concession, avec une énorme tendresse, impatient et attentionné à la fois. Il ruisselle comme un coffre aux trésors, scintille à l'instar de précieuses gemmes, griffe quelques fois telle une bague au chaton vide, illumine souvent de son rire claironnant et de ses mots.</p>
<p>Les mots, parlons-en, des mots. Michael en est un magicien, sûr qu'il bénéficie de la protection de quelque muse charmeuse.</p>
<blockquote><p>Les mots qui nous touchent, car ils nous correspondent. Ils nous heurtent quand ils sont employés contre nous. Chaque mot est une force.</p></blockquote>
<p>Et les mots de Michael sont forts, d'une poésie précieuse tant on la rencontre peu, de nos jours. Il dit d'une façon magnifique ce que beaucoup ressentent<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> sans avoir le don d'y poser quelques paroles que ce soit, il fait rêver, il fait pleurer, il bouleverse<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>. Superbement. Intemporellement.</p>
<blockquote><p>Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important, ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges. L’important, c’est ce lien. C’est pour cela que nos âmes sont sœurs, parfois, car elles sont ficelées de toutes nos vérités. Elles racontent ce que nous sommes par l’action de notre pinceau [...] Ce que tu es trouve ses fondations dans ce que vous avez tissé.</p></blockquote>
<p>Tu penses que l'enfant qui est en toi est mort ? Ou tu refuses qu'il le soit ? Ou tu veux que de nouveau vous ne fassiez qu'un ? Lis-le, lis <a href="https://www.lepeupledemu.fr/librairie/moi-peter-pan-michael-roch/" hreflang="fr" title="Moi, Peter Pan">Moi, Peter Pan</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] site qui n'existe plus, ce qui est une honte et un scandale. Voilà, c'est dit</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] ou le Michael de Peter Pan, à ce point de l'histoire, on ne sait plus trop faire la différence</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] en tout cas moi...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/404/Moi%2C-Peter-Pan-Michael-Roch#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] même pas cherché des coquilles, c'est dire !</p></div>
Kappa16 (Neil Jomunsi)urn:md5:6ff6e4fb35f83eca9b115d858a7a00c42017-01-15T11:40:00+01:002017-03-02T18:19:13+01:00deuzeffeSous la lampeNeil Jomunsi <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.kappa16_s.jpg" alt="Kappa16" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
Comme d'autres, j'ai assisté à la <a href="http://page42.org/la-litterature-sur-le-ring/" hreflang="fr" title="La littérature sur le ring">conception</a> et à l'assemblage des premières pièces de <em>Kappa16</em>, une journée de février 2015, au cours d'un voyage sans fin, une circumnavigation, un combat avec les mots et le temps. Quelques heures — vingt-quatre — et mots plus tard, le prototype était opérationnel, une « <em>science-fiction robotique</em> » mais « <em>Pas forcément la meilleure chose que j’aie jamais écrite</em> » d'après <a href="http://page42.org/la-litterature-sur-le-ring-bilan/" hreflang="fr" title="La littérature sur le ring : bilan">l'auteur</a>. C'était aussi mon avis quant à ce premier jet.</p>
<p>Pourtant l'abord était intéressant : histoire d'un robot, particulièrement autonome, du point de vue du protagoniste lui-même. Comment ça, les intelligences artificielles n'ont pas de conscience ? Pourtant entre la découverte de sa <a href="http://www.neurology.org/content/early/2016/11/04/WNL.0000000000003404.short" hreflang="en" title="A human brain network derived from coma-causing brainstem lesions">probable localisation</a> chez <em>Homo sapiens</em> et les travaux de <a href="http://www.unicog.org/biblio/Author/DEHAENE-S.html" hreflang="en" title="Bibliographie S. Dehaene">Stanislas Dehaene</a>, elles ne sont pas loin d'en être pourvues. Faire entrer ainsi le lecteur dans la peau, tout artificielle qu'elle pût être, d'un robot s'annonçait comme la promesse d'un beau voyage. Sauf que, patatras, le cours de la vie de Kappa16 faisait voler en éclat les préceptes du maître de la robotique<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Damnède, non, non, non, ce n'est pas possible ! M'enfin, un auteur a bien le droit d'écrire ce qu'il veut, la lectrice n'est ni obligée de lire ses histoires, ni de les aimer.</p>
<p>Quoi qu'il en soit, après quelques mois d'affinage, de peaufinage, de polissage, d'améliorations, d'amendements et de réécriture, le <em>Kappa16</em> nouveau était né, chez <a href="http://www.walrus-books.com/kappa16/" hreflang="fr" title="Kappa16">Walrus</a><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Et je dois dire que la maturation du droïde a eu du bon. Enoch, le robot de modèle Kappa16 dont il est question, prend de l'épaisseur et de la profondeur et devient le héros d'une histoire résolument humaniste. Curieux pour un robot, n'est-ce pas ? Écoutez-donc ce qu'il dit :</p>
<blockquote><p>À force de vivre en compagnie d’un autre, on finit par adopter des comportements mimétiques. Je sais cela. Je fonctionne de la même manière : j’observe, je copie. Je suis une machine à reproduire.</p></blockquote>
<p>C'est bien le mécanisme de l'apprentissage par imitation ou de l'empathie ou la base de la relation. Certes, ce n'est pas uniquement humain mais plus généralement animal. N'empêche. De plus, une fois sa faute commise<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, l'androïde passe, comme tout un chacun, par une phase d'introspection, douloureuse, solitaire, sombre, très sombre, et il en sort victorieux de ses propres turpitudes. Et peut-être davantage... humain. Curieux d'ailleurs, que notre esprit ne puisse imaginer des androïdes autrement qu'anthropomorphes quant à leur apprentissage et à leur psyché<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>.</p>
<p>Comme l'histoire est imprégnée de shintoïsme <a href="http://page42.org/shinto-les-dieux-qui-dorment-sous-les-feuilles-mortes/" hreflang="fr" title="Shinto, les dieux qui dorment sous les feuilles mortes">cher à l'auteur</a></p>
<blockquote><p>En japonais, #MOTTAINAI décrit le regret devant le gâchis, la désolation face à la dépense utile — d’argent ou d’énergie —, la tristesse liée à la vanité de nos actions irrémédiablement vouées à l’échec et à l’oubli.</p></blockquote>
<p><em>Kappa16</em> constitue un plaisant manuel de philosophie personnelle.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Asimov" hreflang="fr" title="Isaac Asimov">Isaac Asimov</a></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Comme dit <a href="http://www.valerybonneau.com/autoedition/kappa-16-de-neil-jomunsi-voyage-au-coeur-dun-robot" hreflang="fr" title="« KAPPA 16 » DE NEIL JOMUNSI ">Valery</a>, c'est presque de l'autoédition ^^</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] parce qu'il n'est pas parfait, malgré les talents de son créateur et que donc il est faillible, malgré ce que dit Asimov</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/403/Kappa16-%28Neil-Jomunsi%29#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] oui, j'ose...</p></div>
Sanctum Corpus (Olivier Saraja)urn:md5:5f87f6f00cd8038777d0523219a8ecd32017-01-02T07:02:00+01:002017-03-02T18:17:17+01:00deuzeffeSous la lampeOlivier Saraja <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.sanctum-corpus-final_cover_s.jpg" alt="Sanctum corpus" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
Sur une Terre qu'on imagine post-apocalyptique, au sein d'une ville où l'administration des citoyens règne, dans une atmosphère de « 1984 » où la nanotechnologie est reine du contrôle des actes et des corps de chacun, un improbable trio de héros se forme. Viktor, scientifique expérimenté, précipité dans les bas-fonds de la cité au cours d'une prétendue attaque d'envahisseurs extra-terrestres. Un peu paumé, un peu bêta, il est totalement inadapté à la vie des marginaux. Fathya, héroïne au long passé de hackeuse rebelle, le prend en charge dans sa fuite. Louie, enfin, un renégat, chef de guerre au sein de la rébellion. Leur mission est de rendre à la ville son humanité perdue.</p>
<p>On trouve dans cette histoire des ingrédients classiques de science-fiction : la technologie poussée à son extrême, la dictature par quelques élites, des envahisseurs, des mensonges d'état, des combats, pas mal de radioactivité. Le trio de héros, bien campé sur ses trois éléments — le scientifique indispensable, la technicienne géniale et le militaire politique — fonctionne bien, malgré une histoire d'amour banale dont on ne saisit pas l'intérêt.</p>
<p>Le style est aussi épais que la poussière du désert environnant la cité, ce qui tend à renforcer l'atmosphère pesante de l'époque où se déroule l'histoire.</p>
<p>Bien sûr, la mission sera un succès, après quelques batailles titanesques, et le dénouement, bien que particulièrement atroce, est empreint d'optimisme, au contraire de <a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/357/ray-s-day-2014-chez-les-ecrivains-encore">Spores</a>, première œuvre de fiction publiée par <a href="https://oliviersaraja.wordpress.com/" hreflang="fr" title="Olivier Saraja">Olivier</a>.</p>
<p>C'est un court récit, dense, sombre, qui s'illumine juste avant le point final. Il offre un excellent moment d'évasion.</p>Manuel d'écriture et de survie (Martin Page)urn:md5:223e540babd8186cefc049ff08f923372015-02-14T16:17:00+00:002017-03-02T17:15:46+00:00deuzeffeSous la lampeMartin Page <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.manuel-ecriture_s.jpg" alt="Manuel d'écriture et de survie" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
Ce <a href="http://www.martin-page.fr/francais/romans/manuel-decriture-et-de-survie/" hreflang="fr">petit livre rouge</a> de Martin Page raconte le parcours initiatique d'une jeune écrivaine, guidée par son mentor. Le récit prend une forme particulière, une correspondance. Une correspondance particulière, puisqu'on ne lit que les <em>lettres</em> de l'auteur en réponse à celles de l'écrivaine. Cette forme épistolaire asymétrique donne à l'œuvre une densité autobiographique savoureuse. Les écrivains aguerris — ou pas — y retrouveront certainement tous les aspects de leur métier, les plus jouissifs comme les plus détestables. Pour ma part, j'y ai surtout lu des motos, des mantras, des évidences que peut faire siennes n'importe quel être humain doué d'une sensibilité relativement... humaine. Un auteur peut vraiment tout dire, sous couvert d'une récit vaguement fictionnel — très vaguement, ici — pousser les gueulantes les plus communes contre la société, les gens, le système, ou énoncer les recettes les plus simples pour se sentir bien, et ça passe beaucoup mieux que si c'était M. Lambda sur un trottoir, au micro. de n'importe quel média.</p>
<p>Quelques sentences :</p>
<blockquote><p>La liberté se trouve dans notre capacité à remettre en cause les représentations données par la société, et à nous approprier les valeurs moquées ou dépréciées.</p></blockquote>
<blockquote><p>L'humour est une affaire de malades, de dépressifs et d'hypocondriaques. Il est le symptôme d'un rapport compliqué au monde en même temps qu'une tentative de résolution. C'est la médecine épicurienne d'une condition humaine dont on ne peut guérir [...] C'est une manière d'avoir et de donner du plaisir.</p></blockquote>
<blockquote><p>La tendresse et le douceur ne devraient pas être des vertus tournées en ridicule.</p></blockquote>
<p>Le style est très parlé — après tout, une correspondance n'est qu'une conversation écrite — fluide, mais semble parfois tomber dans un travers partagé par beaucoup : le rythme ternaire. Malgré cela, l'ouvrage est agréable et rapide à lire.</p>
<p>Cependant, un épisode m'a choquée. L'auteur indique qu'il a lu une des lettres de sa correspondante à haute voix à sa compagne. Comme par la suite, il n'est pas fait mention d'une quelconque réaction de la jeune écrivaine, je suppose que l'auteur n'a pas réalisé la portée de son geste : une correspondance entre une autrice en devenir et un écrivain me semble fondée sur une confiance absolue. La donner en pâture à qui elle n'est pas destinée est pour moi particulièrement déloyal. Même si nous pouvons nous régaler d'échanges épistolaires entre écrivains célèbres, comme ceux de George Sand et Alfred de Musset.</p>Ératosthène (Thierry Crouzet)urn:md5:58d26ac0c323660d59cb4f906ca6be702015-01-25T23:16:00+00:002017-03-02T17:13:34+00:00deuzeffeSous la lampeThierry Crouzet <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.eratosthene_s.jpg" alt="Ératosthène" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
Je crois me souvenir que j'ai fait la connaissance d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ratosth%C3%A8ne" hreflang="fr">Ératosthène</a> chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Guedj" hreflang="fr">Denis Guedj</a> alors que je lisais <em><a href="http://www.seuil.com/livre-9782020493925.htm" hreflang="fr">Les cheveux de Bérénice</a></em>. Je l'ai ensuite retrouvé chez <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C3%A9pisodes_de_Il_%C3%A9tait_une_fois..._les_D%C3%A9couvreurs#Archim.C3.A8de_et_les_Grecs" hreflang="fr">Albert Barillé</a>, ainsi qu'Archimède, son contemporain. En revanche, je n'ai jamais entendu parlé de son crible<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. C'est donc avec grande curiosité que j'ai commencé la lecture du <a href="http://blog.tcrouzet.com/eratosthene/" hreflang="fr">roman de T. Crouzet</a>.</p>
<p>Première surprise, le récit est au présent, balayant en cela les préceptes des prof. de français conventionnels<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> : comme l'explique l'auteur dans les notes de rédaction, dit <em>Journal</em><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, ce n'est qu'à la huitième version du roman, onze ans après la première écriture, que ce temps s'est imposé. Il me submerge, à tel point que les premières pages me sont difficiles à lire, les phrases sont très courtes, hachées, comme la parole de celui qui ne sait pas respirer : ce texte me pompe l'air ! Ça tombe bien, c'est ce que voulait l'auteur — « <em>J'imagine un premier chapitre essoufflant pour le lecteur</em> » dit-il toujours dans le <em>Journal</em>. Le temps présent m'immerge dans l'histoire — et l'Histoire — chronologique, linéaire, de ce savant bien plus grand que je ne le supposais de prime abord. Par contre-coup, ma lecture est lente, quelques pages par jour, qui correspondent peu ou prou à un chapitre, bref et dense, tous étant du style « Point de vue de », même si la pensée d'Ératosthène est développée dans presque tous.</p>
<p>Deuxième surprise : je n'ai jamais autant souligné de passages dans un livre que dans ce roman<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, et je ne crois pas être la seule. Le texte est aussi riche que la vie de son héros, tout autant éclectique et pleine, tout aussi actuelle.</p>
<p>Troisième surprise : j'ai été déçue de ne pas retrouver l'Ératosthène que j'avais déjà rencontré mais touchée par ce philosophe si... humain.</p>
<blockquote><p><em>Quand je lis un roman historique, je me demande toujours ce qui est avéré ou probable et ce qui est imaginaire. Ce trouble gâche mon plaisir et affaiblit l'œuvre. Comment éviter ce piège ? Plutôt que multiplier les notes, il faut avoir une exigence de vérité dans le moindre détail.</em></p></blockquote>
<p>Je me suis posé la même question que l'auteur et il est difficile, tant l'écrivain est devenu son sujet d'écriture, de discerner où est la vérité, où est la personnification dans l'histoire de cet Ératosthène-là. Le récit suit la chronologie de la vie du Grec, dans son époque — là, je suis sure que tous les faits de la grande Histoire ont été vérifiés avec soin, du moins dans les traces qui sont parvenues jusqu'à nous — dans son monde en ébullition. Probablement parce qu'il ne reste que peu de témoignages contemporains, des solutions de continuité parsèment l'histoire : par exemple, il est dit qu'Ératosthène n'écrit plus de poèmes, alors que jamais précédemment, il n'en a été question. Plusieurs cassures apparaissent ainsi, déstabilisantes, d'autant plus que le temps du récit est le présent.</p>
<p>La facette de l'Ératosthène savant est à peine montrée, soit à travers de son expérience de mesure du globe terrestre, soit à travers les lettres qu'Archimède lui envoie<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>, soit lorsqu'il dirige la grande bibliothèque d'Alexandrie. Je (re)découvre qu'il a inventé la géographie et je bois comme du petit lait son discours en faveur du généralisme — on dirait éclectisme, de nos jours<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#wiki-footnote-6" id="rev-wiki-footnote-6">6</a>]</sup> : je ne peux m'empêcher de penser que l'auteur s'est fait son protagoniste. Ou l'inverse.</p>
<p>D'autant plus que l'Ératosthène politique est très actuel, et ne fait que dire à lignes hautes, ce que l'auteur a déjà exprimé par ailleurs :</p>
<blockquote><p><em>Si nos promesses n'ont plus de valeur, notre civilisation n'a plus d'avenir</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Quand on offre à tous le fruit de son travail, nul ne songe à vous plagier et les œuvres se fécondent.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>La bipolarité semble inscrite au plus profond de notre humanité.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Le commerce ? C'est l'autre nom de la guerre.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Il a découvert une loi immuable dans les sociétés humaines : tout pouvoir fort a besoin, sous lui, de pouvoirs instables exigeant des affrontements constants pour leur conquête et leur préservation. Ainsi, les oligarques défendent la démocratie parce qu'elle occupe le peuple à se choisir des représentants de pacotille.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>En Alexandrie, la bibliothèque seconde notre mémoire. D'autres fonctions tout aussi essentielles seront à leur tour placées hors de nous. Cette machine à calculer en est la preuve incontestable. Quand cette idée aura fait son chemin, notre humanité changera de visage.</em> (comment ne pas penser à Michel Serre et <em>Petite Poucette</em>)</p></blockquote>
<p>Cet vision de la politique est bien évidemment abreuvée par le philosophe qui a rapidement abandonné le stoïcisme, dans lequel, semble-t-il, il se sentait étriqué, pour embrasser un courant de pensée plus large : le sien. C'est un aspect du personnage qui m'a particulièrement séduite : le refus d'être classé, catalogué ; le besoin de rester unique — pour ne pas se perdre de vue ? — l'indispensable volonté de ne pas être comme les autres de son temps. Et de toujours avancer vers la découverte, la tentation de connaître sa vérité :</p>
<blockquote><p><em>Il peut argumenter cette position : tantôt le hasard nous guide, tantôt la nécessité nous détermine, mais parfois nous choisissons notre route et cela nous procure une sensation de toute-puissance insurpassable.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Je suis convaincu que nos œuvres, en ajoutant des points dans le paysage, augmentent notre bonheur mutuel. Faire est une exigence de l'homme libre.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Tu es libre, suis ta route. Ne t'occupe pas de ta destination. C'est en cheminant que tu apprendras.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em> Le hasard est aveugle à nos désirs. Voilà pourquoi je ne peux être sérieux. Nous vivons une gigantesque farce.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em> Le bonheur a besoin du changement. Il n'est complet que si le changement sert la communauté.</em></p></blockquote>
<p>Cependant, le personnage qui m'a le plus touchée est l'Ératosthène humain, simplement humain, pétri de compassion et d'amour pour l'humanité en général (et Bérénice et Arsinoé en particulier) :</p>
<blockquote><p><em>Ébloui par la manifestation éclatante de cette chose, ou plutôt de cette force : la joie, l'insouciance, la pureté, la satiété. Peu importe son nom, elle n'a rien d'invisible ou d'indicible, elle n'est pas, comme le supposait Platon, cachée dans les replis d'une réalité supérieure, elle éclabousse la vie même de son emprise. Ne pas la ressentir reviendrait à s'anéantir. Il faut de temps à autre s'en gorger, pour avoir le courage de traverser les moments noirs de l'existence.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Leurs bonheurs respectifs s'entretiennent l'un l'autre, telles deux plantes grimpantes enlacées.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em> Il me suffit de te lire pour savoir que je t'aime.</em></p></blockquote>
<blockquote><p><em>Accepter la dépendance ne réduit pas la douleur qu'elle entraîne.</em></p></blockquote>
<p>Si un jour on me demande « <em>Qui aimeriez-vous être ?</em> », je pourrai répondre : « <em>L'Ératosthène de Thierry Crouzet.</em>»</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Si j'étais mathématicienne, ou formaticienne, ça se saurait.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Définition de l'imparfait, à apprendre par cœur en quatrième : « <em>C'est le temps du récit.</em> » Fermez le ban.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Présent uniquement dans la version numérique</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Sauf dans GoT, mais c'est une autre histoire.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Lettres peut-être imaginées, je n'en sais rien</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/358/eratosthene-thierry-crouzet#rev-wiki-footnote-6" id="wiki-footnote-6">6</a>] chapitre 69 : <em>Expert de rien</em></p></div>
Twelve (Michael Roch)urn:md5:7f9bd35e6fdf4e016420ff1a2d67aec32014-11-01T12:29:00+00:002017-03-02T17:12:28+00:00deuzeffeSous la lampeMichael Roch <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.twelve_s.png" alt="Twelve" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
J'ai fait la connaissance de Michael Roch, l'an dernier, aux alentours de Noël, alors que Le Morse offrait <em><a href="http://www.walrus-books.com/walrus-institute-lanthologie-interdite-un-ebook-offert-a-nos-lecteurs-pour-noel/" hreflang="fr">L'anthologie interdite</a></em><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> : dans le paquet cadeau, un lapin, non de Pâques — ce n'était pas la saison — mais de Michael. Et puis, un 22 octobre, c'est <em><a href="http://www.walrus-books.com/twelve/" hreflang="fr">Twelve</a></em> qui est offert par le patron<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>« <em>C'est fou le nombre de conneries qui peuvent nous traverser le crâne lorsqu'on essaye de chasser une idée fixe, lorsqu'on fait tout pour effacer l'inoubliable, lorsqu'on souhaiterait que tout disparaisse autour de nous, que le monde explose, mais que rien ne se produise, et que ce qui a été fait ne pourra jamais être défait. Je ne veux pas me tirer une balle au petit matin sur le bord de mer. Je veux me venger. Je veux trouver le salaud qui a détruit ma famille et ma vie. Après, seulement, je m'occuperai de mon cas.</em> »</p>
<p>Au premier abord, on peut penser que <em>Twelve</em> est simplement un thriller, il commence d'ailleurs ainsi : un gars, super-flic de son état, qui veut se venger de l'assassinat de sa famille. Il a bien une petite idée de qui est responsable : un indice bizarre, qu'il s'est empressé de subtiliser, a été laissé par les auteurs. Croit-il. Croit-il ? Quoi qu'il en soit, guidé par ce minuscule fragment de plastique, il met Miami « <em>à feu et à sang</em> », comme le lui reproche son futur ancien coéquipier. Même si c'est mal de vouloir se faire justice soi-même surtout lorsqu'on est flic. Toutes les éminentes figures de la pègre locale, celles contre lesquelles il luttait déjà en tant que flic, y passent : le chinois tenancier de casino, la maquerelle rangée des voitures<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>, l'escroc français, le cubain propriétaire de bains privés et enfin le Père, chef de la bande. Et c'est tout ? Euh, non, pas vraiment. Sinon, ça ne serait qu'un scénario banal d'un remake de série B, décliné à l'infini.</p>
<p>La théorie du complot s'en mêle, puis le fantastique. Ah, le fantastique ! Je ne peux y résister. Dans sa course à la vengeance à travers la ville, John Twelve Griffin — l'autojusticier, le héros donc — croise de bien étranges personnes, bien plus étranges que les malfrats locaux : un ange vaguement gardien, se dissimulant tour ou tour sous les traits d'une voyante ou d'un clochard aveugle<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> ; un gardien d'immeuble à qui la NSA n'a rien à envier et qui révèle à notre héros qui il est et d'où il vient, lui qui se sort des situations les plus létales comme on sort de sa douche, qui voit ses blessures disparaître le temps de quelques battements de cœur, lui qui n'est pas sans rappeler <a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek" hreflang="fr"><em>Walgänger</em></a>. Et il est bien dommage que le livre soit dans la catégorie <em>One shot</em> chez Walrus, parce que j'aurais bien lu la suite, moi, tant la fin me laisse sur... ma faim, parce que j'aurais bien aimé savoir comment Twelve va s'occuper de son cas.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Qu'il faudra que je me décide à chroniquer...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Walrus est une étrange maison d'édition, qui fait des cadeaux aux lecteurs le jour de l'anniversaire de son directeur éditorial et gérant.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] ahem...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/355/twelve-michael-roch#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] mais non, ce n'est pas antinomique.</p></div>
Wictorius du futur, saison 1: Wictorius contre le Canard Déchaîné (Gulzar Joby)urn:md5:15f555b8b13bff83914a7a82ddb673092014-10-26T12:43:00+00:002017-03-02T17:11:09+00:00deuzeffeSous la lampe <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.wictorius-integrale_s.jpg" alt="Wictorius contre le Canard Déchaîné, saison 1" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<a href="https://medium.com/sf-fantasy-fantastique/wictorius-du-futur-7af5ad072ae3#.ihnclncwn" hreflang="fr">Wictorius</a> est un agent secret international, qui vit dans un Brazil particulièrement futuriste. Dans la première saison de ses aventures, il a pour mission de lutter contre ce qu'il croit être un individu, qui casse le weby à grands coups de fausses nouvelles destinées à terroriser l'humanité. À bord d'un village volant, mode de transport lent mais pittoresque, il se rend en Europe, en Suisse plus précisément, où le Canard Déchaîné — le fameux terroriste — est censé résider. Il découvre une Suisse éternellement aristo., se fait capturer comme un bleu, se perd en France, rétive à tout progrès technologique, finit par rentrer chez lui, n'ayant pas accompli sa mission et se réfugie finalement dans le cocon accueillant où il a passé sa jeunesse.</p>
<p>Le style n'est pas transcendant, la narration souvent poussive. C'est probablement une satire — à la <em>OSS 117</em> ? — des <em>James Bond</em> et autres John le Carré, une critique acerbe des intégristes technophiles et des conservateurs inébranlables, avec de très nombreuses références, dans les noms des personnages ou des lieux, à la littérature SFFF et à Internet, et quelques réflexions philosophiques individuelles.</p>
<p>Malgré ce cocktail, j'ai été désappointée par la série — je n'ai relevé aucune citation digne d'être remarquée — déçue par le manque de profondeur de traitement des <em>sujets sérieux</em>, par l'humour et l'ironie censées constituer le genre de l'histoire — probablement parce que je suis insensible à ce type d'humour-là. L'histoire ne m'a pas transportée ni fait rêver : elle ne laissera pas un souvenir inoubliable dans la liste des œuvres qui m'ont marquée.</p>Chalk (Freddy Woets)urn:md5:d13c2974edf1d34124879765f927124f2014-10-18T10:00:00+00:002017-03-02T17:09:33+00:00deuzeffeSous la lampeFreddy Woets <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.chalk_s.png" alt="Chalk" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p><em><a href="https://www.7switch.com/fr/ebook/9782897175665/chalk-l-intgrale" hreflang="fr">Chalk</a></em>, c'est l'histoire d'un mec. Un peu couleur insipide passe partout, un peu paumé, un peu à la fin de sa vie tranquille pépère. Il vient de tout plaquer — femme, boulot, vie confortable — et prend du bon temps à traîner dans les bars. Contre toute attente, dans ces bars où s'échouent les mecs qui n'ont plus rien à perdre ni à gagner, il y rencontre une fille ensorcelante, au premier sens du terme. Et un dragon !</p>
<p><em>Chalk</em>, c'est donc l'histoire d'Alfred, élu par la sorcière et son copain de dragon, pour détruire l'abomination qu'est devenu CHALK, un logiciel au départ destiné à créer la vie rêvée d'humains, mais qui en a assez de ce rôle et qui veut s'incarner. Rien que ça. Et il le fait. Et le tissu de la réalité s'altère, oh bien légèrement, imperceptiblement : un microtrou ici qui crée, comme de bien entendu, des failles spacio-temporelles ; un tout petit repli par là, un infime nœud plus loin. Abreuvé de Chaos Essentiel, dont il s'est pris de larges rasades au Bord Extrême de l'Univers, CHALK semble ne vouloir s'incarner uniquement pour connaître... l'amour, hé oui. Comme quoi...</p>
<p>Dans sa mission de chevalier blanc sauveur de l'humanité passée, présente et à venir, Alfred, semble bien seul, cornaqué par le dragon et sa comparse, et trouve quelque renfort inattendu auprès de personnages aussi fades et loosers que lui, alors que CHALK continue son œuvre qu'il croit être dévastatrice. Cette histoire pourrait être une illustration de plus de la lutte du bien et du mal, si la fin ne mettait tout le monde en accord : seules comptent les relations humaines, y compris entre des entités qui se sont humanisées, seuls comptent l'affection et l'amour, en fait.</p>
<p>Ce que j'ai aimé :</p>
<ul>
<li>le style, dansant, virevoltant, très poétique (et donc parfois difficile à suivre) avec de nombreuses évocations de poésies célèbres :
<ul>
<li><em>Et il sait le vin sur ses lèvres avant la première gorgée, le parfum des roses en automne, les doigts d'une femme sur sa peau...</em>,</li>
<li><em>L'automne paie d'or la douceur de l'été, dans l'eau tranquille du canal Saint-Martin. Les feuilles volettent, les pages se tournent, passe le temps... Les doigts enlacés, nos âmes émues se parlent en silence</em>,</li>
<li><em>Tout n'est plein ici bas que de vaine apparence,</em> (<a href="http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jacques_vallee_des_barreaux/la_vie_est_un_songe.html" hreflang="fr">Jacques Vallée des Barreaux, <em>La vie est un songe</em></a>) ;</li>
</ul></li>
<li>les personnages — fantastiques ou contemporains _ leurs forces et leurs doutes ;</li>
<li>les vérités universelles, intemporelles, distillées comme un Talisker :
<ul>
<li><em>Toi, ce n'est pas un début, c'est l'éternité</em>,</li>
<li><em>(elle) a tout de l'astéroïde des confins. L'indifférence feinte est sans doute inscrite dans le chromosome XX, même celui des entités...</em>,</li>
<li><em>Il n'y a pas que le vin bu et les amantes repues, le parfum des roses s'en va l'hiver venu... Mais les arbres restent et l'amitié a l'odeur du bois.</em>,</li>
<li><em>ce pauvre type est amoureux et je sais ce que c'est et si tu savais ce que c'est, tu saurais ce que c'est souffrir comme un gueux !</em> ;</li>
</ul></li>
<li>l'épilogue, si doux et si tendre.</li>
</ul>
<p>Ce qui m'a déplu :</p>
<ul>
<li>l'histoire n'est pas assez fouillée, elle laisse beaucoup trop de champ à la capacité divinatoire du lecteur ;</li>
<li>dans la même veine, les personnages sont à peine croqués, pas assez fouillés ;</li>
<li>le résumé, en début d'ouvrage, casse tout le suspense (non, ce n'est pas incompatible avec le premier point) ;</li>
<li>techniquement, que <a href="http://calibre-ebook.com/" hreflang="en">Calibre</a> ou <a href="https://github.com/user-none/Sigil" hreflang="en">Sigil</a> trouve des erreurs dans le fichier epub : NumerikLire est pourtant un éditeur sérieux :/</li>
</ul>Je suis ton père (Alexandre Jarry)urn:md5:71e321ab6f4a91e4b5c600eeb5f055902014-10-05T22:18:00+00:002017-03-02T17:05:00+00:00deuzeffeSous la lampeAlexandre Jarry <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.jstp_s.jpg" alt="Je suis ton père, épisode 1" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Plusieurs fois, dans ma TL, sont passés des avis plutôt favorables à <em><a href="http://jarryalexandre.wix.com/jesuistonpere" hreflang="fr">Je suis ton père</a></em>. Un premier épisode gratuit, et en avant pour la découverte, sans trop de risques. Et puis, une iréférence clairement affichée dans le titre de la série et des épisodes à SW, ça ne devait pas être trop mal. Le style d'écriture est rigolo, avec quelques tournures de phrases nécessitant un ou deux relecture : ce n'est pas gênant. Une déconvenue : l'épisode est bien trop court. C'est donc l'histoire d'un mec donc la femme est enceinte et qui se prend pour un futur papa, paraît-il. Et c'est de l'humour, paraît-il encore. Je n'ai pas accroché. Du tout. Je n'achèterai pas la suite.</p>
<p>J'ai retiré de ma lecture le même sentiment que celui que j'ai lorsque des mecs disent qu'ils seraient bien enceints pour nous décharger, nous les femmes, de ce fardeau qu'est la grossesse. C'est particulièrement machiste, comme attitude, sous couvert de féminisme au mieux, d'égalitarisme, au pire. Enlever aux femmes la seule chose qui fait leur fémellité.</p>
<p>« <em>Hey, mais détends-toi, c'est de l'humour, <strong>de l'humour</strong></em> » Grumpfbl.</p>Waldgänger (Jeff Balek)urn:md5:840626fa3cadbb4f7c0fcc9bd4ed5a012014-10-05T17:17:00+00:002017-03-01T21:55:47+00:00deuzeffeSous la lampeJeff Balek <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/waldganger.jpg" alt="waldganger.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
J'ai un appart. à <a href="http://www.yumington.com/accueil-yumington" hreflang="fr">Yumington</a>, sur les quais, depuis bientôt deux ans. Et il est difficile d'avouer que je n'ai jamais pris de temps d'y mettre les pieds. L'époque « <em>Urban</em> » a filé sans moi, et c'est sans m'en rendre compte que l'époque « <em><a href="http://www.yumington.com/yumington-2025-ebook-roman" hreflang="fr">dark urban</a></em> » a pointé le bout de son nez et de ses flingues. Si tu as suivi le lien précédent<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, tu as compris que j'ai plongé dans l'univers de <a href="http://www.bragelonne.fr/livres/View/le-waldganger-1" hreflang="fr">Wadlgänger</a><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Véritable plongée, en quasi apnée tant j'ai été happée, transportée par l"histoire ce héros, vraiment pas comme les autres, loin s'en faut. Impossible de quitter plus de quelques heures ces quelque six cents pages (me dit ma liseuse) tant la narration est efficace, « tourneuse de pages », tant le récit est haletant, extrêmement riche, prenant.</p>
<p>Un personnage principal, ancien militaire de son état, gravement blessé au combat, empli de haine, de violence, d'esprit guerrier — « <em>C'est un être archaïque, reptilien, qui surgit en moi. Un âme mauvaise et assoiffée de mort.</em> ». Une ville américanoïde, avec ses quartiers bourges, ses quartiers chics, et ses bas-fonds — Yumington, donc — populaires, populeux, vivant de trafics, d'embrouilles, de <em>business</em>, Yumington, verrue purulente que le gouverneur de la ville aimerait bien voir disparaître pour de bon (et pour installer des quartiers bobo au passage). Jusque-là, c'est bien, mais sans plus, pas de quoi se précipiter chez son libraire préféré pour acquérir l'ouvrage<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>. Sauf que. Le militaire a guéri miraculeusement après avoir été en contact avec un objet bizarre, il lui semble qu'il a des pouvoirs — inhumains — mais lesquels ? Il faudra attendre la toute fin de l'histoire pour en saisir toute l'étendue.</p>
<p>Au début du récit, on a de la compassion pour W. — Blake, pour le commun des mortels : il est mal en point, se remet difficilement de ses blessures, revient innocemment mais difficilement à la vie civile qui lui fait d'horribles « cadeaux », devient un « loup solitaire » (ou presque). Puis il commence à devenir antipathique, avec cet air de <em>Monsieur je sais tout, je prévois tout, je suis inaltérable<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup></em> attitude de qui doit faire face à quelque chose qui le dépasse complétement. C'est alors qu'il accepte son nouvel état, éclairé par son mentor. On aimerait bien qu'il devienne <em>chevalier blanc </em>, il n'est que le rouge, qui porte la guerre, la provoque — parfois bien malgré lui — l'organise même, pour le plus grand soulagement des habitants de Yumington. Dans une trame de thriller classique — corruption des édiles, quartier pouilleux à assainir, lutte du entre le bien et le mal — des ingrédients ésotériques viennent relever à un haut niveau l'histoire de ce mec paumé. Il serait bien présomptueux d'affirmer avoir tout saisi de ce récit richissime, porté par un style percutant et efficace, où se mêlent philosophie et vie quotidienne, histoire de l'humanité et banalité urbaine, pensées hautement intellectuelles et brutes épaisses.</p>
<p>Quelques passages que j'ai relevés :</p>
<ul>
<li>« <em>Halluciner son existence est la seule voie pour celui qui ne veut pas se tirer une balle.</em> »</li>
<li>« <em>Nous nous heurtons tous aux parois invisibles de nos illusions.</em> »</li>
<li>« <em>Peut-être faut-il mourir pour éprouver une telle sensation de liberté. Mourir socialement et disparaître. Devenir invisible aux yeux des vivants. Ne plus dépendre de qui ou de quoi que ce soit. Arracher les chaînes qui nous lient inéluctablement les uns aux autres. N'être plus rien. Se calciner.</em> »</li>
</ul>
<p>Ce héros, qui ne veut pas prendre partie, dit-il, pour l'un ou l'autre camp, qui désire garder son libre arbitre, qui <strong>sent</strong> qu'il est le jouet de forces qui le dépassent et qu'il essaie néanmoins de s'approprier, ce héros donc, finira par prendre un parti, malgré lui, celui de l'humain. Jusqu'à la fin, on y croît. Jusqu'à ce qu'il relance la roue de l'histoire, de la lutte incessante entre le bien et le mal : lutte indispensable pour l'équilibre du monde ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Et le titre du billet, ou alors tu es particulièrement distrait.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Petite précision sémantique : le héros se surnomme <em>Waldgänger</em>, c'est même le titre du livre, dis-donc. Et pas *Le* Waldgänger. Et donc je parlerai *de* et non *du* W. Sauf exceptions, bien entendu.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Sauf si on est très très accro. aux militaires défouraillant au moindre bruissement d'une aile de papillon ou aux cours des miracles urbaines</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/351/waldganger-jeff-balek#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] c'est plutôt vrai, mais pas tout le temps.</p></div>
Jésus contre Hitler (Neil Jomunsi)urn:md5:3296f8c83cd89d4bb98704dcf9ffde392014-09-27T22:12:00+00:002017-03-01T21:54:00+00:00deuzeffeSous la lampeNeil JomunsiWalrus <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.j-vs-h_s.png" alt="j-vs-h.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
Alors que le <em><a href="http://page42.org/projet-bradbury/" hreflang="fr">Projet Bradbury</a></em> débutait sa vie, <a href="http://www.walrus-books.com/" hreflang="fr">Walrus</a> faisait paraître le dernier épisode (et l'intégrale) de <em><a href="http://www.walrus-books.com/catalogue/jesus-contre-hitler/" hreflang="fr">Jésus contre Hitler</a></em>. Profitant des largesse de l'éditeur, je me suis offert, pour le Noël suivant, l'épisode 1 et je m'apprêtais à acheter l'intégrale lorsque survint le <a href="http://raysday.net/" hreflang="fr">Ray's Day</a> et l'occasion de bénéficier ce jour là de la générosité de la maison d'édition. Bref, <a href="http://www.walrus-books.com/catalogue/jesus-contre-hitler/" hreflang="fr">JvsH</a> ne m'a rien coûté, ce qui va m'obliger d'user de moyens honteux — et donc inavouables — pour que l'auteur puisse déguster des bretzels au petit-déjeuner.</p>
<p>Ceci étant posé, quel est donc cet OÉNI<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> ? D'abord, vous prenez <em>Chapeau melon et bottes de cuir</em>, <em>Les mystères de l'ouest</em> et <em>X-files</em> et vous secouez. Très énergiquement. Encore plus que ça. Vous laissez à peine reposer et ajoutez, en larges rasades, une grande diversité de mythes et légendes, millénaires, exotiques ou littéraires. N'ayez pas peur de touiller ensemble zombies, magies noires, Cthuluh, Yéti, forces occultes (n'hésitez pas à forcer sur la dose), super-héros, militaires, agence ultrasecrète, amour (si si), Dante, des Ninja (enfin, surtout une), et surtout énormément de relations humaines, d'amitié et, n'osons pas peur du paradoxe, d'humanité. Vous aurez alors une vague idée de ce que vous vous apprêtez à dévorer. Parce que, bien sûr, vous ne pourrez vous empêcher de passer à la page suivante, de vous plonger dans l'épisode d'après et, à la fin du dernier, de vous écrier <em>Alors, la suite, c'est pour quand !?</em><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup></p>
<p>Mais encore ?</p>
<p>Une histoire de bons qui luttent contre le mal absolu. Le premier épisode est, somme toute, assez classique<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> : présentation des personnages, révélation ou plutôt confirmation qu'il s'agit bien du Jésus, petit même, à côté de son acolyte, militaire chevronné, quelquefois désobéissant néanmoins<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup>, mission menée à bien, avec juste la dose de suspense qu'il faut pour ne pas s'ennuyer. Donc bien, mais pas plus. Dans le second épisode, l'auteur s'offre le plaisir de se vautrer dans l'univers d'un de ses écrivains préférés, H. P. Lovecraft. Avec des vrais monstres, à côté desquels Hitler est un méchant d'opérette, de l'horreur horrible, des situations totalement inextricables dans lesquelles on craint maintes fois de perdre les héros : ils sont quatre, maintenant, dont une héroïne malgré elle, qui se fera bien discrète par la suite. Le récit est un peu moins linéaire que dans le premier épisode, univers lovecraftien oblige, et malgré tout l'humour est très présent : en particulier, le sort réservé à Cthulhu est particulièrement comique. En tout cas, il m'a fait bien rire et m'a rendu le monstrueux poulpe plutôt sympathique<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>. Le troisième épisode nous transporte au Tibet, dans l'antre d'une créature mythique, que l'on sait être parfois bienveillante si l'on a lu Tintin. Cependant, poussée à des actions désespérées par la *onnerie humaine, elle se ligue avec le grand méchant pour sauver son peuple. Dans ce troisième acte, apparaît également une bien curieuse protagoniste, au comportement étrange, dont l'attitude devrait éveiller bien des soupçons : dotée de capacités formidables, elle n'est qu'une enjôleuse traitresse. Et puis l'abominable <del>homme des neiges</del>, l'impensable survient : un des héros disparaît ! J'ai ressenti la même tristesse infinie que si j'avais été soumise à l'effet du visi-sonor manipulé par <em>Le Mulet</em>. Le dernier épisode voit les principaux protagonistes encore valides partir à la rescousse du disparu. C'est très simple : il suffit de se faire emporter en Enfer, rien que ça ! Et c'est tellement fantastique et fantaisiste (au sens de la SFFF), que c'est inracontable...</p>
<p>Entrainé dans un récit aux prémisses linéaires, on se laisse prendre par un déroulé de plus en plus emberlificoté : rien ne sert de résister — on passerait à côté de l'histoire — il suffit de se laisser porter par les méandres tortueux de l'imagination de Neil qu'il a réussi à dessiner en mots. Écrite avant le <em><a href="http://page42.org/projet-bradbury/" hreflang="fr">Projet Bradbury</a></em>, la saga porte déjà en germe le style précis, pas encore ciselé mais déjà bien profilé, qui s'épanouira à travers les prochaines <a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/335/projet-bradbury-impressions" hreflang="fr">52 nouvelles</a>. J'aime toujours autant la façon dont sont traités les personnages féminins, l'imagination « <em>young adult</em> », l'humanité que l'on trouve dans les œuvres de Neil Jomunsi.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Objet Écrit Non Identifié.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Pour bientôt, si j'ai bien tout suivi <a href="https://twitter.com/NeilJomunsi/status/510158894451392513" hreflang="fr">ici</a></p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Si tant est que l'intrigue le soit...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Il n'est qu'un humain, après tout.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/350/jesus-contre-hitler-neil-jomunsi#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Et <del>Dieu</del> Jésus sait que j'ai une horreur viscérale des monstres.</p></div>
Adultère (Paulo Coelho)urn:md5:157fbabf13583734f259848e497e5e2c2014-09-24T19:41:00+00:002017-03-01T21:52:09+00:00deuzeffeSous la lampe <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/adultere.jpg" alt="adultere.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
C'est le deuxième ouvrage de Paulo Coelho que je lis, le premier ayant été, bien entendu, <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Alchimiste" hreflang="fr">L'alchimiste</a></em>. Le souvenir que j'en ai c'est de n'avoir rien compris au propos de l'auteur<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> et la sensation qu'il m'en reste, c'est d'avoir été déçue. Je ne dirais pas que pour <em><a href="http://editions.flammarion.com/Albums_Detail.cfm?ID=46099&levelCode=litterature" hreflang="fr">Adultère</a></em>, c'est pareil, mais la déception est tout autant là.</p>
<p>L'histoire est racontée essentiellement sous forme de dialogues ou de monologues : le style est donc léger, presque oral, à peine écrit et il est parfois difficile à suivre. Sauf lorsque l'auteur se lance dans de grandes tirades philosophiques et spirituelles : l'écriture semble alors bien plus travaillée.</p>
<p>Lorsque j'ai commencé à lire, je me suis sentie prise d'une frénésie de souligner un bon nombre de phrases, d'en faire des citations à placarder <a href="http://deuzeffe.tumblr.com/post/94055655265/en-quoi-donc-la-routine-et-lennui-sont-ils-un" hreflang="fr">ici</a> ou <a href="http://deuzeffe.tumblr.com/post/95486617485/les-ames-perdues-se-reconnaissent-et-sattirent" hreflang="fr">là</a>. Et à force de souligner<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>, je me suis agacée : étais-je en train de relever des vérités universelles ou des lieux communs ?</p>
<ul>
<li>« <em>Tâchez de vous laisser porter par la nuit de temps en temps, de regarder les étoiles et de tenter de vous enivrer de la sensation d'infini. La nuit, avec tous ses sortilèges, est aussi un chemin vers l'illumination. De même qu'au fond du puits sombre il y a l'eau qui étanche la soif, la nuit, dont le mystère nous rapproche de Dieu, porte cachée dans ses ombres la flamme capable d'allumer nos âmes.</em> »</li>
<li>« <em>Voyez-vous un problème dans ma vie ? Aucun. Seulement la nuit qui me fait peur. Le jour qui ne m'apporte aucun enthousiasme. Les images heureuses du passé et les choses qui auraient pu être et n'ont pas été. Le désir d'aventure jamais réalisé.</em> »</li>
</ul>
<p>Certes, rien de transcendant. Des évidences donc, ou des paroles que j'ai souvent entendues de la part de proches à un moment où ils venaient me confier leur mal-être.</p>
<p>D'autres exemples ?</p>
<ul>
<li>« <em>Aujourd'hui au travail, j'ai fait preuve d'une irritation anormale, seulement parce qu'un stagiaire a mis du temps à trouver ce que j'avais demandé. Je ne suis pas comme cela, mais je me sépare de moi-même.</em> »</li>
<li>« <em>La nécessité de faire plaisir à tout le monde.</em> »</li>
<li>« <em>Nous ne montrons pas nos sentiments parce que les gens pourraient nous juger vulnérables et en profiter.</em> »</li>
</ul>
<p>Qui n'a pas entendu ça ? Ou ne l'a jamais dit ? Personne. Cela m'a profondément remuée.</p>
<p>Quant au déroulé du récit... J'avoue que j'ai été à plusieurs reprises à deux lignes de laisser tomber le bouquin<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> Le discours est poussif, s'emmêle dans des répétitions. J'ai persévéré, par curiosité probablement. Certes, il s'agit de retranscrire la phase d'introspection d'une femme — jeune, la trentaine — qui ne sait plus si elle est heureuse ou pas — objectivement, d'un point de vue extérieur, elle l'est<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> — qui tente de s'écarter du chemin tout tracé que semble dessiner sa vie pour, éventuellement, voir si l'herbe ne serait pas plus verte sur la voie de traverse. On y trouve quelques scènes porno., dont on se demande ce qu'elles font dans l'histoire sinon attirer le voyeur ou la voyeuse ; des discussions sur la jalousie, ou le sens de la vie de couple : que du très banal. Et puis une scène, où l'héroïne va enfin avoir l'illumination, recevoir la révélation : cet épisode, intense, n'est raccroché à toute l'histoire que par un simple prétexte ; il aurait pu trouver sa place dans un tout autre récit, que le fond n'en aurait pas été changé. À sa suite, à la fin de l'aventure, on retrouve la principale protagoniste heureuse de continuer à vivre sa vie « d'avant ».</p>
<p>Les œuvres de Paulo Coelho sont essentiellement des contes initiatiques, où la spiritualité tient une grande place. Oui, cette femme a progressé — par essais, erreurs ? — non, elle n'est plus la même qu'avant son aventure, elle a muri, grandi, évolué. Oui, oui. Mais j'ai été très déçue par la façon dont son histoire a été racontée.</p>
<p><em>Tout ça pour ça ?</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] probablement parce que j'ai moins de deux neurones.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] numériquement, je te rassure !</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] mais pas ma simili-liseuse !</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/349/adultere-paulo-coelho#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] mais personne n'est dans la tête de personne, n'est-ce pas ?</p></div>
Merci pour ce moment (Valérie Trierweiler)urn:md5:6f38dfeae9c4e9de2959020988c797ba2014-09-21T18:12:00+00:002017-03-01T21:50:40+00:00deuzeffeSous la lampeValérie Trierweiler <p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/.merci-pour-ce-moment_s.jpg" alt="merci-pour-ce-moment.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Oui, bon, je l'ai lu. Bien que je n'aie pas l'habitude de me jeter sur <a href="http://www.arenes.fr/livre/merci-pour-ce-moment/" hreflang="fr">le dernier best-seller</a><sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> venu. Peut-être parce que j'ai lu des articles qui ne parlaient pas que des bonnes feuilles. Bref, je l'ai lu. Oui, bref, parce que comme dit <a href="https://page42.org" hreflang="fr">Neil Jomunsi</a>, ça se lit vite.</p>
<p>Le style est celui de quelqu'un qui parle à bâtons rompus, qui vide son sac ; proche du langage oral, sans ses défauts. On passera sur les coquilles (huit d'après <a href="http://bescherelletamere.fr/fautes-livre-trierweiler-merci-pour-ce-moment/" hreflang="fr">Bescherelle ta mère</a>) et on ira lire <a href="http://www.livreshebdo.fr/article/exclusif-trierweiler-laurent-beccaria-sexplique" hreflang="fr">l'explication de leur présence</a>. Pour ma part, « <em>électrocution</em> » (en lieu et place d<em>'électrisation</em>) me reste quand même en travers de l'œil, surtout sous la plume d'une journaliste (même si elle est spécialisée dans la politique). Le style est donc tout à fait adapté au genre du livre — confession, confidence, témoignage — dont une romancière aguerrie aurait pu faire un très très bon roman.</p>
<p>Mais c'est un récit brut de fonderie, dans lequel deux courants s'entremêlent, que l'on a parfois des difficultés à suivre tant la chronologie est peu respectée. Le premier thème — premier, parce qu'il apparaît à l'évidence que c'est bien la motivation principale de l'autrice<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> — aborde l'aspect psychologique d'une femme amoureuse délaissée. Le portrait qu'elle fait d'elle est sans concession, à tel point qu'elle se rend particulièrement détestable à mes yeux : amoureuse de l'amour et non de l'être prétendument aimé, désirant passer avant toute chose qui le concerne lui, désirant qu'il soit à l'écoute de ses désirs de femme aimée et non l'inverse (ou la réciproque). Ce n'est pas <strong>ma</strong> définition de l'Amour et les traits qu'elle s'attribue dessinent tout ce que j'exècre chez la femme (ou l'homme) qui dit aimer. Elle se dit sincère, et je la crois quant à la douleur qu'elle a ressentie et son besoin de la jeter sur le papier. Quant à la véracité du portrait, que j'aimerais avoir des doutes... <br />
L'autre pan de l'histoire est consacré au monde politique dans lequel l'autrice a évolué pendant dix-huit ans. Outre les piques et anecdotes parue dans la presse dans la rubrique « <em>bonnes feuilles</em> » — n'ayant de bonnes que le nom — ce qui y est narré est stupéfiant, non pas qu'on ne le savait pas, mais surtout qu'on n'y croyait pas, le fameux « <em>Trop gros, passera pas.</em> ». Et pourtant... Il semble que ce qu'elle a écrit soit vrai. En tant que citoyen, doué d'une vague conscience politique du bien commun, on n'a qu'une envie : que toute cette engeance, quelles que soient les idées dont elle se revendique, dégage vite et bien fait. Cependant, même si je la pense sincère dans les faits et les mots qu'elle restitue, je discerne un manque d'honnêteté intellectuelle, un défaut d'analyse, en particulier à propos des « <em>petites phrases</em> » sur les pauvres ou les handicapés : pourquoi, dans le récit, elle n'indique pas si elle a insisté pour savoir si elle avait bien compris ou non, ce qu'il est résulté de ses questions ; bref, pourquoi elle n'a pas fait son boulot de journaliste politique (qui, même mis sous le boisseau, semble être sa raison de vivre professionnelle) ?</p>
<p>En conclusion, c'est un récit qui me met mal à l'aise parce qu'il laisse quelques importantes questions en suspens :</p>
<ul>
<li>comment une journaliste politique qui exerce son métier depuis dix-huit ans peut-elle être à ce point stupéfaite par le comportement de certains de ses collègues et d'une partie des médias ? Elle devrait pourtant bien connaître ce milieu, ne pas se bercer d'illusions (<em>je suis du sérail, il me laisseront tranquille</em>). Je reste ébahie devant un tel aveuglement<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup> ?</li>
<li>comment la personne qui partage la vie d'un chef d'état peut-elle faire passer ses propres désirs égocentrés devant « <em>l'intérêt général</em> »<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#wiki-footnote-4" id="rev-wiki-footnote-4">4</a>]</sup> ?</li>
<li>et surtout pourquoi faire paraître cet ouvrage maintenant, en cette période particulièrement troublée pour le gouvernement et celui qui dirige le pays ? Pour déclencher un sursaut salvateur, ou une révolution ? Je n'ose imaginer que cela soit uniquement pour qu'il arrête de la harceler à coups de multiples SMS<sup>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#wiki-footnote-5" id="rev-wiki-footnote-5">5</a>]</sup>...</li>
</ul>
<p><em>In fine</em>, ce récit, s'il est sincère, ne me paraît pas honnête bien qu'il ne décrive qu'une comédie humaine bien banale.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Expression jamais autant appropriée.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Oui, je tords le cou à la <a href="http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/994001174/0000.pdf" hreflang="fr">règle de féminisation de noms de métier</a>.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Oui, l'amour rend aveugle, je sais...</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#rev-wiki-footnote-4" id="wiki-footnote-4">4</a>] Réflexion de bisounourse idéaliste : j'assume.</p>
<p>[<a href="https://www.deuzeffe.org/index.php?post/348/merci-pour-ce-moment-valerie-trierweiler#rev-wiki-footnote-5" id="wiki-footnote-5">5</a>] Suffit de changer de numéro de téléphone, non ?</p></div>
Projet Bradbury : impressionsurn:md5:319301d091e2d066f1772ea01c0f15e02014-08-24T13:46:00+00:002017-03-01T21:42:20+00:00deuzeffeSous la lampeNeil JomunsiProjet Bradbury<p><img src="https://www.deuzeffe.org/public/bandeau-bradbury-actualitte.png" alt="bandeau-bradbury-actualitte.png" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Le <a href="http://page42.org/projet-bradbury/" hreflang="fr">projet Bradbury</a> (PB, pour les intimes) — qui n'en est plus un puisqu'en cours de réalisation, un peu moins de la moitié, un peu plus du tiers, au moment où j'écris ces quelques lignes — a été lancé en août 2013 par un écrivant — comme il le dit lui-même, ayant fait sienne la formulation de <a href="http://wincklersblog.blogspot.fr/2013/12/le-metier-decrivant-un-feuilleton.html" hreflang="fr">Martin Winckler</a> — <a href="http://www.page42.org/" hreflang="fr">Neil Jomunsi</a>, un des noms de plume de Julien Simon — et un anagramme aussi... L'auteur a pris à la lettre les conseils de Monsieur Ray Bradbury : « <em>Écrire un roman, c'est compliqué : vous pouvez passer un an, peut-être plus, sur quelque chose qui au final, sera raté. Écrivez des histoires courtes, une par semaine. Ainsi vous apprendrez votre métier d'écrivain. Au bout d'un an, vous aurez la joie d'avoir accompli quelque chose : vous aurez entre les mains 52 histoires courtes. Et je vous mets au défi d'en écrire 52 mauvaises. C'est impossible.</em> »</p>
<p>Neil a eu l'excellente idée de proposer l'aventure à qui voulait bien s'abonner au projet et recevoir ainsi, en avant-première, une nouvelle chaque semaine. Un peu comme, en d'autres temps, on découvrait les romans de nos grands littérateurs publiés par épisode dans les journaux quotidiens. Et bien sûr cela lui permet de ne pas rester seul face à chaque nouvelle, de ne pas être tenté de la corriger, amender, modifier incessamment jusqu'à la rendre méconnaissable, puisqu'une fois parue, elle est à nous, lecteurs ; de recevoir des avis, critiques et impressions à chaque publication et d'avancer moins solitaire jusqu'à la prochaine station.</p>
<p>Je me suis abonnée en septembre. Et puisque l'auteur nous invitait dans son antre, je me suis autorisée à lui faire part de mes impressions, ci-dessous retranscrites, à partir de la septième nouvelle (par ordre antichronologique). D'autres avis sur le Projet Bradbury chez <a href="http://dzahell.fr/tag/projet-bradbury" hreflang="fr">Natalia</a>, <a href="http://www.lavisdedeidre.org/index.php?tag/Projet%20Bradbury" hreflang="fr">Deidre</a>, <a href="http://jartagnan.com/tag/projet-bradbury/" hreflang="fr">Jartagnan</a> et <a href="http://www.tulisquoi.net/category/auteurs/en-j/jomunsi-neil" hreflang="fr">Tulisquoi</a>.</p>
<p>Les détails des nouvelles est <a href="http://page42.org/le-projet-bradbury-en-detail/" hreflang="fr" title="Le Projet Bradbury en détail">ici</a> et le bilan, <a href="http://page42.org/projet-bradbury-comment-jai-ecrit-52-nouvelles-en-52-semaines/" hreflang="fr">là</a>.</p> <ul>
<li>PB 52 : Rideau</li>
</ul>
<p>Une petite dernière — passablement en retard (j'ai beaucoup honte :/) — pour la route d'un an de vacances (ah non, c'est pas ça ?). Le titre est... convenu ? Mais rassurant comme une maison connue et bien aimée, mais insistant comme une confirmation que c'est bien <em>La dernière séance</em>... Le début de l'histoire est dans la même veine : le spectacle de <strong>fin d'année</strong> (ça tombe bien, comme le rideau sus-mentionné) d'une école, avec des chérubins (?), des parents — abattez-moi si jamais je commence à devenir une mère pareille ! — des dirlo., des présentateurs trop bavards. On dirait la vraie vie ;) Et puis, hop, ça part en vrille (c'est toujours un compliment, hein ?). Et on retrouve avec joie l'univers fantastique dans lequel le Projet Bradbury a vécu cette année. La chute est... tristounette. C'est pourtant un bien beau tremplin que ces cinquante-deux nouvelles !</p>
<ul>
<li>PB 51 : Bug</li>
</ul>
<p>Presque la fin, et pour ne pas qu'elle laisse un trop grand manque amer, voilà une histoire réjouissante, en tout cas qui m'a bien plus fait sourire que les deux trois précédentes. Bon, d'accord, ça commence comme un pensum : une réunion barbante dans ce qu'on imagine être une multinationale ou une superadministration. Le déroulé se fait conformément aux souvenirs que l'on a tous de ce type de temps-perdu. Et puis quelques phrases qui sonnent bizarrement, tels de petits grains de sable semés sur le chemin de notre pensée trop confortablement installée. Du coup, on commence à sourire : ahah, encore un truc improbable, un « <em>Et si on était le rêve d'un dieu ?</em> » ou équivalent. On se plait ensuite à suivre le truc en question, évoqué à grand traits pourtant bien explicites. Un passage m'a fait penser à une nouvelle de <em>L'anthologie interdite</em> : un hasard, certainement ;-). On est bien dans le rêve d'un dieu ! (« <em>D'un quoi ?</em> » ;-)) Même si la suite (ne lis pas : ça m'a fait penser à un ouvrage de B. Werber) et la chute — quelle mise en abyme ! — m'ont paru évidentes, j'ai bien ri : de la bonne SF comme j'aime à lire. Et la couverture de Roxane Lecomte est vraiment superbe ! Voilà qui est dit :-)</p>
<ul>
<li>PB 50 : Chrono</li>
</ul>
<p>Sont retrouvés dans <em>Chrono</em>, avec plus ou moins de bonheur pour la lectrice, de nombreux thèmes qui ont déjà émaillé le Projet Bradbury : l'enfance pré-adolescente, les amis fidèles (jusqu'à ce que...), la révolte contre les choses établies les parents, le temps, celui qui passe comme celui qu'on habite — un souffle de <em>Viral</em> ou de <em>Zombeek</em> qui serait parvenu jusqu'à la cinquantième. C'est un récit prenant, qui commence bien, qui me rappelle mes propres gamins dépités par le temps qui passe trop vite, dont la chute — certes fantastique mais trop rapide ? un tantinet bâclée ? — m'a fait dire : « <em>Pppfff, encore eux... On n'en sortira donc jamais ?</em> » Ce n'est donc pas une de mes préférées même si elle aurait pu l'être ;-)</p>
<ul>
<li>PB 49 : Spoutnik</li>
</ul>
<p>Qu'elle est triste, cette histoire ! Presque atroce, elle laisse un goût amer, persistant longtemps après le point final. Ces gens invisibles et inaudibles, aveugles et sourds ; ce cosmonaute, propulsé il ne sait où, survivant il ne sait comment. Même si elle a été inspirée par un rêve cauchemardesque, au-delà de l'angoisse de l'écrivain, il me semble que l'on y retrouve un thème universel : que faire pour être reconnu par nos semblables comme un des leurs ? J'ai du mal à déceler une lueur d'espoir qu'aurait pu être la chute du récit et je ne peux pas dire qu'elle me plait beaucoup ;-)</p>
<ul>
<li>PB 48 : La boucle du relieur</li>
</ul>
<p>C'est avec grand plaisir que j'ai laissé le temps s'arrêter pendant la lecture de cette nouvelle. Bien sûr, grâce au style affiné, raffiné, comme si la cruauté de la chute devait être contrebalancée par une très belle écriture (le même contraste que dans <em>Le jour du grand orage</em>). Mais aussi parce qu'elle réunit des univers que j'aime : le Moyen Âge, l'artisanat d'art (pléonasme), l'Italie et la traversée d'une Toscane inhabituelle, l'histoire de l'apprentissage, etc. Et surtout, l'histoire parle (encore :-D) de livres ; un peu de leur contenu et surtout de leur apparence. L'amour des livres m'a été inoculé par le lait de ma mère, ancienne gardienne d'un temple où l'instant s'arrête le temps d'une lecture (bref, elle était bibliothécaire) et aux petits soins avec ses protégés : c'est dire que j'ai retrouvé avec bonheur, les termes, les bruits, les odeurs du monde des relieurs, qui ont bercé mon enfance. Et je ne peux m'empêcher de glisser <em>La boucle du relieur</em> dans la même veine que celle de <em>Commando</em>, même si je ne m'attendais pas à cette fin-là.</p>
<ul>
<li>PB 47 : Écho</li>
</ul>
<p>J'ai un gros défaut de lectrice : j'essaie toujours de trouver dans ce que je lis un écho (héhé) de ce que j'ai vu, lu, entendu ou vécu. Et le Projet Bradbury n'échappe pas à cette mauvaise habitude. Surtout qu'il est parsemé d'indices et de rappels, aussi bien dans les nouvelles que dans tes gazouillis ou tes articles. Évidemment, avec <em>Écho</em>, on est en plein dedans. Le 15 mai 2014, tu as écrit : « <em>J'adorerais écrire votre prochain rêve.</em> » Et l'on plonge avec joie — et frissons de peur — dans cette nouvelle onirique (facile, je sais). Outre les deux thèmes que tu y as mis, on retrouve ton attrait pour les jeux vidéos, non ? J'ai l'impression que c'est un concentré de ce que tu as pu dire sous forme d'articles, elle est très riche. Quand j'étais ado., si je désirais rêver d'une chose en particulier, avant de m'endormir, après ma lecture, je me racontais une histoire en relation : et je me souviens des fois où ça fonctionnait ;-)</p>
<ul>
<li>PB 46 : Nounou</li>
</ul>
<p>« <em>Un adulte créatif est un enfant qui a survécu</em> » dit Ursula K. Le Guin : c'est une évidence lorsqu'on lit <em>Nounou</em>. Oui, encore une nouvelle qui parle d'enfance, ou plutôt qui parle à l'enfant. En quelque sorte, les mots de réconfort, l'histoire que tu racontes à l'enfant que tu as été pour le consoler de ses frayeurs nocturnes et de ses cauchemars. Le doudou, à la fois ami imaginaire et héros de tous les temps, tel qu'on peut s'imaginer qu'il a été — je ne me souviens pas avoir eu un doudou particulier, c'est triste, hein ? — le peuple des doudous, même ; l'incompréhension parentale, le monde des grands sclérosés par leurs certitudes ou désarmés : « <em>Grandir est une bien mauvaise habitude</em> » m'a récemment dit un ami très cher. Racontée du point de vue des doudous, c'est une très jolie histoire.</p>
<ul>
<li>PB45 : Là-bas</li>
</ul>
<p>Lectrice, je pense souvent que les écrits qui me transportent le plus sont ceux dans lesquels l'auteur retranscrit les émotions qu'il a lui-même ressenties. En d'autres termes, on ne peut bien écrire que si l'on a éprouvé les sentiments, les émotions — <em>ex-movere</em> : ce qui fait sortir de soi-même — qui sculptent le masque des protagonistes de l'histoire, que l'on travestit à l'occasion de la narration. <em>Là-bas</em> en fait la démonstration par l'exemple — même si un exemple n'a jamais bâti une démonstration. Au-delà du style descriptif toujours bien précis et enlevé — et de la superbe couverture ! — on retrouve, dans cette nouvelle, la déconstruction des stéréotypes qui parsème le Projet Bradbury : le père ne sait pas cacher ses sentiments, son amour est tendre et expressif, à l'inverse de la mère ; le destin de l'héroïne n'est pas celui que l'on réserve habituellement à une femme. Seul l'attitude du frère est conforme, jusqu'à ce que... Bien sûr, à la lecture de la chute, on pense immédiatement à la même jeune femme que celle à qui est dédiée cette nouvelle : elle en sera certainement très émue. C'est une très belle histoire.</p>
<ul>
<li>PB44 : Le dos des oiseaux</li>
</ul>
<p>Au début, j'ai cru qu'il allait s'agir d'un vigoureux pamphlet contre le sacrifice des vierges, les mariages forcés et pour la liberté d'autodétermination de chacun (comment ça, j'exagère ?). Au fil de la lecture, je me suis laissée emporter par ce qui se passe entre les deux héros : comme ils s'aiment, ces deux-là ! Et comme éprouvante doit être la cérémonie du mariage, fidèlement décrite, j'en suis sure. C'est un conte, un peu réel, un peu fantastique, doux-amer. Il y a sacrifice, mais pas celui qu'on peut pressentir au début de l'histoire. À chacun d'y trouver un sens. Ou pas.</p>
<ul>
<li>PB43 : En laisse</li>
</ul>
<p>J'ai eu du mal à aimer cette nouvelle : elle fait le constat atroce que notre « humanité » ne nous sert à rien, non pas que je place l'humain au sommet d'une pyramide — sauf celle des conneries à faire pour détruire son habitat naturel — bien qu'il soit censé avoir les moyens de sublimer certains de ses instincts. J'y ai vu l'illustration féroce de la parole de Jean de la Fontaine — « <em>L'adversaire d'une vraie liberté est un désir excessif de sécurité.</em> » : supprimer la réflexion, oblitérer l'intuition, interdire le choix, quoi de mieux pour « domestiquer » l'individu ? Brrr.</p>
<ul>
<li>PB42 : Rydstonberg</li>
</ul>
<p>Voilà une destination idéale pour qui ne sait pas où aller pour tordre le cou à la routine : un village perdu en pleine montagne, désert l'hiver, revivant au printemps et à la fin de l'été. Le « défi 42 » est relevé et de belle manière ! On est littéralement (héhé) transporté dans ce village décrit avec précision, on devine dans le sourire et le regard des habitants que quelque secret imprègne les pierres des maisons... Malgré la forme inhabituelle, la narration est bien présente, servie par un style toujours aussi affûté ; on est tenu en haleine tout au long de la visite et on se prend à sourire lorsque vient « la chute ».</p>
<ul>
<li>PB41 : Sauvages</li>
</ul>
<p>C'est donc une nouvelle post-apocalyptique, mais glaçante car sans conclusion ouverte vers l'espoir (quoique...). Un peu dans la même veine que <em>Lettre morte</em>, avec des échos de <em>La Machine</em> (de René Belletto), elle est désespérante, même si elle offre une balade au cœur de la nature, dans un style qui coule comme un ru dans un pré. L'Homme n'est plus grand chose mais de quoi donc peuvent bien se nourrir les machines à l'intelligence artificielle, sinon de la nôtre, d'intelligence ?</p>
<ul>
<li>PB40 : Ghostwriter</li>
</ul>
<p>Je ne suis pas familière des auteurs auxquels il est rendu hommage dans cette nouvelle : je dois même dire que ma simili-liseuse a failli me tomber des mains après quelques pages et je ne pouvais m'empêcher de penser au <em>Guépard</em>. Ce n'est que lorsque le récit est parti en vrille — c'est un compliment ! — que j'ai vraiment accroché à l'histoire. On y retrouve une idée chère à de nombreux écrivants, bien exprimée par celui qui a inspiré le Projet Bradbury (quel est le nom des muses, au masculin !?) qui dit en gros « Foutez la paix à vos personnages : laissez-les vivre leur vie ! ». Je ne sais pourquoi, j'y ai également senti en léger parfum de <em>Spot</em>. C'est très réussi et j'ai grandement souri.</p>
<ul>
<li>PB39 : Panoptikon</li>
</ul>
<p>Je n'ai pas un amour immodéré (euphémisme) pour les récits d'horreur. Et pourtant, j'ai bien aimé la descente aux enfers de Jacob : tout au long de la découverte de son calvaire, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a quelque chose qui cloche — pas uniquement une loufoquerie de plus mais vraiment un truc du genre « Trop gros, passera pas. », et pour cause ! Jusqu'au premier dénouement : « <em>Le détenu s'abandonna alors tout à fait à la douleur et enferma sa raison loin, très loin dans sa tête, à l'abri d'une cellule dont la porte ne s'ouvrirait plus jamais.</em> » Brrr. Du coup, la fin de l'histoire nous cueille à froid, paraît encore plus fantastique mais tellement rationnelle — on n'est plus à une contradiction près ;-). Cette nouvelle m'a même fait penser à une histoire d'aiguille empoisonnée et de boîte qui produit une douleur intense par induction nerveuse à la main qui y est enfermée pour tester l'humanité des individus...</p>
<ul>
<li>PB38 : Zombeek</li>
</ul>
<p>Je ne suis pas fan de zombies et d'hémoglobine, pourtant j'ai bien aimé ces trois gus dans leur garage, petits génies de la néobiologie, comme d'autres gus dans d'autres garages ont créé ce qui peut apparaître actuellement comme des monstruosités... Après un long prologue en forme d'exposé des motifs, l'histoire proprement dite, rondement menée avec un style très vivant, illustre de façon déjantée le propos principal de la nouvelle. Même si la chute est logique, elle est bien amenée : elle m'a arraché un sourire, un peu crispé, quand même : « Et si... » Et si c'étaient les enfants déjà très imaginatifs qui lisaient préférentiellement de la SFFF ?</p>
<ul>
<li>PB37 : Sur la route</li>
</ul>
<p>En début de lecture, on balance entre une histoire de fuite (d'un pays dévasté par la guerre, par exemple — c'est de saison :-/) ou bien au contraire le récit d'un voyage ayant un but précis. Il semblerait que ces deux aspects se mêlent et se séparent continument : un fil de rasoir, en quelque sorte. Quoi qu'il en soit, comme dans la vie, <em>Sur la route</em>, tout en marchant, on aime, on donne naissance, on grandit, on meurt. Personne n'est jamais revenu de la tête de la file pour raconter aux marcheurs ce qui s'y trouvait... On sourit, à un moment, d'une allusion à une activité scientifique récente. Et puis, il y a une cassure, qui installe le récit dans une époque post-apocalyptique ; une cassure entre les protagonistes, qui fait que celui qui continue de marcher (sans épée ni bouclier, toutefois...) atteint enfin son but, qui n'est peut-être pas celui de la procession, mais c'est le sien, rien qu'à lui et il sait enfin pour quoi il marchait... C'est une nouvelle à la fois très mélancolique et très douce, sèche quant au style, peut-être, mais pleine d'espoir.</p>
<ul>
<li>PB36 : Le jour du grand orage</li>
</ul>
<p>L'ambiance est tendue, orageuse évidemment, dramatique. À chaque paragraphe, on s'attend à ce que d'horribles événements surgissent. En contre-point, le style est affiné, tout en délicatesse, encore plus ciselé que dans des nouvelles précédentes où il était particulièrement « travaillé ». Même si les indices sont subtilement distillés tout au long du récit, dans lequel deux périodes s'entrecroisent, une question posée par un des protagonistes m'a rendu la conclusion évidente. Mais bon sang que c'est bien amené, écrit, raconté. C'est la plus belle que j'ai lue parmi les 36 déjà parues, et ce malgré son infinie tristesse. Ou de ce fait ?</p>
<ul>
<li>PB35 : Spot</li>
</ul>
<p>C'est de la jolie science-fiction que voilà, avec des technologies qui font envie, et un peu peur aussi, bien sûr : les personnages, acteurs holographiques, sont davantage que leur simple illusion lumineuse — brrr ! Je n'y ai pas vu uniquement le thème de la publicité intrusive, bien qu'il soit plus que présent, et celui de la consommation à outrance est traité de façon bien... originale ;-) Le rôle principal est donc tenue par une femme : une fois de plus, j'aime beaucoup le traitement réservé aux protagonistes féminins. Il y a un revirement improbable, comme par hasard en plein milieu d'un concert symphonique, belle illustration du pouvoir de la musique. Et la chute est une de celles que l'on voudrait éternelles...</p>
<ul>
<li>PB34 : Carte Postale</li>
</ul>
<p>C'est une bien étrange missive, que cette <em>Carte postale</em>, avec des sursauts bizarres, des mystères incongrus, des trahisons supposées. Elle déroule le récit d'une expérimentation d'un « état proche de la mort » comme d'autres œuvres, littéraires ou cinématographiques, l'ont fait en leur temps. Elle est saupoudrée d'un soupçon de geekerie et d'un clin d'œil historicoscientifique, également. Elle ressemble à un rêve, incohérent, absurde, illogique, comme de nombreux rêves, finalement. À rapprocher de <em>Lettre morte</em> où il est aussi question d'échanges épistolaires entre deux êtres qui s'aiment au-delà de tout... Peut-être une de celle qui mériterait un développement au long de davantage de pages encore ;-)</p>
<ul>
<li>PB33 : L'œil des morts</li>
</ul>
<p>C'est une bien belle balade que voilà, presque un circuit touristique des plus conventionnels si ce n'était l'atmosphère très particulière des lieux, que le style descriptif nous fait sentir, en titillant nos cinq sens, justement. Si ce n'étaient les gouttelettes de sueur froide qui sont instillées tout au long de l'histoire et qui nous tiennent dans cette attente légèrement impatiente. On y retrouve la vacuité de l'existence une fois calmée l'exaltation de la popularité, vide qu'il faut bien remplir d'une façon ou d'une autre, alors, pourquoi ne pas visiter la Nouvelle-Orléans, après tout ? La mort y est bien sûr présente, avec son œil, donc, sa voix (sa voie ?) et... chut, pas de spoiler ;-) Un sourire enfantin incongru, au goût de guimauve, vient égayer quelque peu le tableau. En encore plein d'autres choses ! Enfin (et surtout ?), on y retrouve le thème de l'écrivant, qui assemble les idées qui flottent dans l'air du temps, puis fait office de catalyseur pour les faire réagir entre elles.</p>
<ul>
<li>PB32 : Nano</li>
</ul>
<p>Malgré son titre qui aurait pu la faire passer pour minuscule (oui, bon, ça va, hein), cette nouvelle m'est apparue comme une des plus riches de celles lues jusqu'à présent. Outre le thème qui paraît central — celui des nanotechnologies et de l'Homme augmenté (ou diminué ?) — sont abordés celui de la routine qui englue, qui lasse et rend aigri ; celui du temps du temps qu'il faut occuper alors que les « machines » se chargent de tout ce qui fait le quotidien ; celui du pouvoir de la médiatisation, filtre déformant encore davantage la relation asymétrique vendeur-consommateur ; celui du voyage comme moyen de lâcher prise un temps, manière de se ressourcer ; celui, aussi du bouleversement climatique que subit notre planète. Le récit est en deux parties, reliées à la fois par le personnage central — qui m'a fait penser à Anton Égo — mais aussi par le thème de l'eau, qu'illustre admirablement la couverture de Roxane Lecomte (je préfère ses dessins à ses photos...). Le style, toujours aussi précis et ciselé, très descriptif, pourrait être pompeux, alors qu'il donne à voir... un court-métrage ! Et encore une fois, pour ne rien gâcher, la chute remet l'Homme à sa juste place !</p>
<ul>
<li>PB31 : Premier jour</li>
</ul>
<p>La première partie de l'histoire décrit à merveille le parcours somme toute classique d'une femme ambitieuse sans être arriviste, celui d'un individu qui veut s'engager, passionnément, et faire de sa vocation, son métier. Cela aurait plus être banal, commun. Sauf que. Il s'agit d'une femme, et j'aime beaucoup le fil dont tu tisses tes personnages féminins, qui ne sont que des êtres humains comme les autres ;-) Sauf que « <em>cette quête d'absolu (...) se résumait à une ligne d'horizon qui s'éloignait à chaque pas qu'on faisait pour s'en rapprocher. Cela ne l'avait pas découragée. De fait, savoir qu'elle n'arriverait jamais à la fin du parcours lui avait procuré un étrange réconfort.</em> » : comme un espoir que le mot <em>Fin</em> ne s'écrira jamais ? Ou la peur de gagner ? Ou...?</p>
<p>Quant à la seconde partie, c'est du déjanté surréaliste absurde, et encore, mon expression est faible au vu de « la chose », l'OVNI (héhé) qu'est PB31. Il y a surement des chuchotis de HPL ou des murmures de quelques auteurs de <em>l'Anthologie interdite</em> qui sont parvenus jusqu'au bout de tes doigts. C'est également une réflexion très politique sur l'organisation de nos sociétés dites « développées » où le chef n'est qu'une marionnette dans les mains des plus hauts fonctionnaires, eux-mêmes marionnettes de...</p>
<p>Cette nouvelle résonne aigrement en mars 2014, et c'est peut-être parce qu'elle conduit le lecteur à réfléchir à des situations désagréables que ce n'est pas ma préférée.</p>
<ul>
<li>PB30 : Pour toujours</li>
</ul>
<p>Autant d'emblée le dire : cette histoire a bien embué mes yeux. Elle est mélancolique, nostalgique, triste : elle est dans le thème postapocalyptique (comme dans <em>Viral</em>) et nous renvoie à notre incurie, notre insignifiance d'humains, bien débrouillards pour détruire la seule maison que nous ayons (il n'est pas dit, dans l'histoire, que les humains sont à l'origine de la grand Dévastation, mais on ne peut s'empêcher de le penser) ; on y retrouve ce minuscule espoir qu'il y a également dans <em>Intérim</em> et on peut encore citer les mots de Gandhi (« <em>Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses.</em> »). Déjà, ne serait-ce que grâce à l'argument, j'ai aimé. Et quant à la forme... ! Un régal des synapses, une orgie de mots ; le réveil de la capsule, début de l'histoire, est magnifiquement bien écrit : on le vit vraiment en lisant. La suite de l'histoire, idem. Je ne sais pourquoi, j'y ai vu quelques reflets japonisants. On ne le saurait déjà, qu'on penserait que tu as une affinité particulière pour le cinéma, et en particulier le scénario. Parfois, je suis décontenancée par la présentation que tu fais de la nouvelle de la semaine et ce que j'y ai lu ou vu et je me souviens d'un de mes profs de français fustigeant la sacrosainte question du Lagarde&Michard : « Qu'est-ce que l'auteur a voulu dire ? » Que l'auteur ait voulu envoyer un message est une chose (et s'il explique lui-même, comme ici, c'est encore mieux. S'il sait vraiment ce qu'il a voulu dire ;-)) mais ce que la lectrice a vu est peut-être autre chose. Ou pas. « Un livre a au moins deux auteurs, etc. » Tout ça pour dire que je suis complètement passée à côté du thème « vampire » : ça aurait pu être les enfants du Grand Secret, l'histoire aurait tout aussi bien fonctionné. Et le cœur de l'histoire est là (je te cite, ce qui est très très rare) : « <em>Que signifie la préservation d'une pensée si nous n'avons plus personne avec qui la partager ?</em> »</p>
<ul>
<li>PB29 : Wonderland</li>
</ul>
<p>La nouvelle de la semaine semble en harmonie avec les révoltes qui grondent, qui en Amérique du Sud, qui au cœur de l'Europe, qui ailleurs probablement mais dont aucun écho ne nous parvient. On ne peut s'empêcher également de penser à ces querelles de palais, ces luttes d'influence, ces sauve-qui-peut et surtout ma peau en premier. Le style est peut-être un peu moins recherché que précédemment mais de belles trouvailles sont délectables ! Même si elle n'est pas une de mes préférées, la chute, que je n'ai pas vu venir, est réjouissante : tel est pris qui croyait prendre, héhé ;-)</p>
<ul>
<li>PB28 : Hacker</li>
</ul>
<p>Comme celui de l'enfance, le thème de l'adolescence (et de la pré-adolescence) revient dans le Projet Bradbury, mais de façon moins cruelle que dans <em>Bully</em>. Quoique. Quoique, puisque on y retrouve le harcèlement, celui du minot boutonneux qui vous dévorait des yeux à chaque récré., dont on croisait le regard sans cesse et qui tenait absolument à vous raccompagner jusqu'à la porte de votre maison avec comme prétexte, celui de vous protéger « des grands ». Quelles souffrances ! Quelles souffrances ont dû endurer ces gamins... L'histoire débute par ce qui me semble être un hommage aux gameuses (ce que je ne suis pas) — et probablement à H. P. Lovecraft aussi ? Le fil de l'histoire déroule ensuite la vie classique d'une ado. Sauf qu'un gentil petit hacker s'en mêle. Chacun a cette frousse que ses comptes soient piratés, mais là, ça confine à la terreur puisque l'implant, par définition, n'est pas débranchable. Ça rappelle aussi la schizophrénie. Seulement, le hacker est vraiment un gentil, juste quelqu'un qui a envie d'exister, plutôt par sa gentillesse que ses méfaits, bien qu'il soit quand même un peu sournois. La fin illustre parfaitement l'adage selon lequel « <em>Il faut humaniser le média</em> », même si l'humanisation est un peu violente et illustre brillamment aussi bien la libération de la tension à laquelle a été soumise l'héroïne tout au long de l'histoire, que la réaction de panique que l'on peut avoir devant une situation particulièrement poignante qui nous prend aux tripes.</p>
<ul>
<li>PB27 : Commando</li>
</ul>
<p>Si l'on aime les enquêtes policières, les livres et l'écriture, les univers fantastiques, alors on se laissera captiver dans rechigner par cette histoire. Les lecteurs et suiveurs fidèles savent que tu aimes ces mondes-là. Et lorsque c'est retranscrit dans une histoire, le plaisir de le comprendre n'en est que plus grand : le style est ciselé (je crois que je l'ai déjà dit...), l'atmosphère rendue palpable par la progression de l'histoire, les tourments du héros endurés avec lui. La chute, <em>fantastique</em>, porte en elle le désir secret de probablement tout écrivain : je n'y ai vu, en aucun cas, une « mort », malgré le tire du billet. Probablement la retranscription de l'angoisse de l'écrivain. Ou encore mieux, plutôt un espoir que LE livre s'écrira.</p>
<ul>
<li>PB26 : La nuit venue</li>
</ul>
<p>Dans la nouvelle de la semaine, le thème de l'enfance est toujours aussi bien traité. Et le suspense ! Pas du tout de même nature que celui d<em>'Inside Sherlock</em> (« il va y arriver comment, à s'en sortir !? ») mais de nombreux indices pour faire sentir au lecteur qu'il va se passer quelque chose pendant/après la nuit, comme pour lui rappeler cette peur ressentis par les anciens -- et si le soleil ne se levait pas ? J'espère que tu ne m'en voudras pas si j'ai « senti » le style de la chute : je venais de relire (après quelques décennies d'abstinence) <em>La troisième expédition</em>, ceci expliquant cela.</p>
<ul>
<li>PB25 : Inside Sherlock</li>
</ul>
<p>Ma-gis-tral ! Oui, facile et un peu court, je le concède sans peine. C'est pourtant bien un de tes maîtres que tu as mis en scène, ici. Et de quelle manière ! Du suspense (avec un faux indice qui m'a piégée) ; des descriptions des lieux, simples et tellement évocatrices (j'ai vraiment visité le manoir avec lui) ; l'explication de sa façon de raisonner : le style est à la fois très « léché » et si fluide. Bravo ! Je ne suis pas une habituée de Sherlock Holmes : je ne possède que quelques connaissances de culture générale à son propos et de très lointains souvenirs de lecture, mais je gage que tu as su lui rendre un fidèle hommage. La couverture est superbe et me rappelle les catalogues de frises et rubans (hum...) que je peux feuilleter pendant des heures : le style de Roxane évolue, comme le tien. C'est vraiment du très bon travail. Et il doit y avoir un brin de laine qui reste de la nouvelle précédente, à partir duquel l'histoire présente s'est tricotée ;-)</p>
<ul>
<li>PB24 : Yokai</li>
</ul>
<p>Après l'érotisme, c'est une madeleine de Proust — que dis-je ! — un téléporteur que la nouvelle de la semaine. De ce genre d'engin interspaciotemporel qui nous transporte au temps où on attendait bien sagement que les parents soient partis de notre chambre après la bise du soir pour attraper fissa la lampe de poche qui éclairerait la caverne de draps dans laquelle on continuerait à dévorer les <em>Contes et Légendes</em> dans lesquels on était plongé : le cœur de <em>Yokai</em> est un conte pour enfants (enfin presque ; mais oui, quand même, c'est fait exprès). Les êtres mignons mais qui font un peu peur parce que différents de nous ; ceux devant lesquels il faut affirmer notre assurance ; d'autres gentils si on l'est avec eux ; un rusé qui finalement a bon fond ; un carrément monstrueusement méchant sans espoir ; un autre encore, très discret, presque invisible, timide mais puissant qui vient modestement tout sauver : ils y ont tous ; les peurs, les espoirs, les relations entre les êtres vivants : le livre de la vie. J'y ai trouvé des noms que je ne croyais pas connaître, des êtres dont ma mémoire ne savait pas avoir conservé le souvenir. Autour, la peau du récit qui nous balade à New-York, au cours d'un prologue tranquille, qui ne semble pas avoir de lien avec la suite de l'histoire. Puis-je affirmer sans crainte de me fourvoyer que tes histoires ont plusieurs « niveaux » de lecture ? Et c'est toujours très bien écrit ; et la couverture est toujours aussi belle... Jusqu'au irez-vous !? ;-)</p>
<p>PS : je crois qu'il y a un Yokai qui a laissé dépasser un bout de la pelote dans laquelle tu as tricoté la nouvelle suivante... ;-)</p>
<ul>
<li>PB23 : Maison close</li>
</ul>
<p>Nous sommes à trois pas (japonais) de la moitié de l'aventure et voilà un conte érotique ! Pas graveleux, ni paillard ou vulgaire : juste délicieusement érotique. On a failli attendre ? Non, même pas : il arrive comme une bulle de fraîcheur (toute relative à la "vue" du client hors du commun en question). Et c'est admirablement bien traité (encore une fois !) avec ce qu'il faut de geekerie féminine — si on manipulait des robots (voir note) sans être geekE, ça se saurait — de noirceur mafieuse, de « complots » politiques et de robots ! Du coup, renvoyée illico-presto dans les bras de Tonton Isaac, la lectrice. Ou vers la série suédoise récemment (il y a un peu plus de 6 mois, quoi ;p) diffusée par Arte, <em>Real Humans</em>. Il y a cependant un moins que petit détail qui m'a heurtée : tu emploies l'expression « race humaine ». Soit c'est dans le contexte futuriste où êtres humains et êtres droïdes forment une seule espèce, et c'est alors tout à fait justifié. Soit tu as succombé à cet infâme anglicisme <em>human race</em> qui est une aberration puisque la - et encore moins les - race humaine n'existe pas : l'humanité est une espèce ! Est-ce moi ou depuis quelques nouvelles, les fins ne sont pas... finies ?</p>
<p>Je ne sais si c'est une impression autoconvinctionnante, mais les couv. de la Dame Au Chapal s'améliorent au fil des nouvelles comme tes écrits.</p>
<p>(note) mes amis geeks - des vrais, des barbus, des tatoués à Perl et BSD - ont toujours prétendu que leurs robots étaient féminins, probablement parce que ce sont essentiellement des Pygmalions...</p>
<ul>
<li>PB22 : La nuit des fous</li>
</ul>
<p>Qui a connu Berlin l'été et la fraîcheur, toute relative, de l'ombre d'Unter den Linden a du mal à imaginer que la ville devient une scène de théâtre apocalyptique durant une nuit. Le style de la narration est assez peu descriptif mais suffisant pour que le lecteur balance entre la description de la réalité et une uchronie fantastique (pléonasme) nourrie par tes récentes lectures et séances de cinéma ;-) Le récit se poursuit en suivant au plus près la chronologie des événements de cette nuit-là et tout semble logique même si un peu extravagant — ce qui n'est pas pour me déplaire ! Jusqu'à ce qu'on arrive au cœur de l'histoire, on s'y laisse emporter, on... Bon Sang ! Mais c'est bien sûr ! C'est elle, c'est <strong>la bataille</strong>. Et c'est avec un large sourire qu'on poursuit et finit sa lecture. Et j'en souris encore. C'est une alliance fort réussie entre tes différentes sources d'inspiration. Bravo.</p>
<p>Une dernière chose : ne sont pas les plus fous ceux qu'on croît ;-)</p>
<ul>
<li>PB21 : Intérim</li>
</ul>
<p>J'ai retrouvé, dans <em>Intérim</em> la même atmosphère que dans <em>Viral</em>, bien sûr ! Cet air de fin de monde, du monde ici, alors que c'était plutôt <em>d'un</em> monde dans <em>Viral</em>. Le thème est aussi abordé différemment ; ici, juste deux paumés, que tout différencie : l'âge, la carrure, le caractère — un physique, l'autre plus cérébral — le vécu, l'expérience... Et cela ne les empêche nullement, probablement grâce à la fin des temps qui vient, de former un duo qui fonctionne bien, avec même de l'attention à l'autre. Les images sont assez violentes et l'on se demande pourquoi l'exorcisme est si fatal jusqu'à ce que l'on comprenne (non, pas de spoiler, cette fois !). J'ai appris il y a bien longtemps que « Apocalypse » signifiait non pas « fin » des temps au sens de « c'est terminé » mais dans le sens de « Révélation ». Et même si l'histoire contée m'a mise encore plus mal à l'aise que Viral, on peut y trouver une espèce d'espoir, une sorte de « sortie honorable ».</p>
<p>« Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses. » (Gandhi)</p>
<ul>
<li>PB20 : Lettre morte</li>
</ul>
<p>Dès la couverture, publiée en avant-première sur Twitter, l'abonné est plongé dans les tranchées. De la guerre de 1914, bien entendu, surtout si l'abonné est Français — il paraît d'ailleurs d'après une analyse récente qu'on s'autorise dans les milieux autorisés, que cette commémoration de la « Grande Guerre », grande par l'horreur et la quantité de sang versé et non par sa noblesse, dans chaque monument aux morts de chaque village est une des sources du pessimisme hexagonal. Dès les premières lignes, l'abonné sait qu'il est en train de lire une lettre de poilu. Pas n'importe lequel, puisque le style est recherché, non comme celui d'un fin lettré mais semblable à celui d'un intellectuel ; scientifique, l'intellectuel. Ce qui tombe relativement bien, puisque l'épistolier en est un, nous rappelant au passage que ce ne sont pas seulement des ouvriers ou des paysans qui ont été mobilisés comme chair à canon et baïonnette. À canon et à baïonnette seulement ? Au fil de la lecture, on sent bien qu'il y a quelque chose qui ne colle pas : l'ennemi n'est pas celui dont on nous a parlé en cours d'histoire, même si des détails sont conformes à ce que l'on nous a appris ; la description du champ de bataille ne correspond pas aux souvenirs racontés par les grands-pères (les deux miens ont « fait » Verdun). Une fois le lecteur bien installé dans l'uchronie, la suite de la lettre devient conforme à l'horreur produite par toute élimination de masse. Bon, si on a lu le pitch avant la nouvelle (ce que je me suis refusé à faire pour les six premières), on est déjà bien installé dès le début ;-) Je trouve — ATTENTION SPOILER — que les ennemis sont bien sévères quant au langage et au manque de raisonnement des soldats : que diraient-ils des temps actuels !? La fin — sans jeu de mot ; ou presque — m'a mise très mal à l'aise jusqu'à ce que je me rappelle l'intérêt de certains pour la cause animale (je simplifie) — FIN DU SPOILER. Encore une fois l'humanité est bien peu de chose, mon brave monsieur.</p>
<ul>
<li>PB19 : Toréador</li>
</ul>
<p>Encore une très très belle histoire, bellement racontée ; un récit qui tient en haleine, du tout début jusqu'à la fin. J'aime beaucoup, quand je commence à lire, me poser l'éternelle question du lecteur avide : « <em>Mais où veut-il nous amener ?</em> » On y trouve pêle-mêle <em>Panem et circenses</em>, la catharsis, comme tu dis, le perpétuel combat de l'homme avec lui-même. Et la faille, la faille qui peut être utilisée par l'adversaire, sans même qu'il le sache, la parcelle d'enfance (d'humanité ?) — dévoilée la veille du combat — qui lui fait risquer sa vie.</p>
<ul>
<li>PB 18 : Esprit farceur</li>
</ul>
<p>Comme tu te doutes, j'ai bien rigolé : c'est frais, ludique, faussement inquiétant, plein d'ironie joyeuse. L'histoire est tellement bien ficelée, même si tout autant transparente, que le style est simple et dépouillé : moins travaillé, peut-être ? Et pour une fois — enfin, c'est la première fois que cela me frappe — le récit n'est pas linéaire (à l'inverse de « Page blanche », par exemple) : c'est inhabituel dans la série, mais bien venu dans la nouvelle. Sacré Ray ! ;-)</p>
<ul>
<li>PB17 : Le pont</li>
</ul>
<p>En ce qui concerne Le Pont, j'ai énormément aimé — la couverture est superbe ! Le style est affûté, l'histoire est géniale, dans l'esprit du temps de l'Heroic Fantasy ;-) Je ne sais pourquoi j'ai eu l'impression d'une histoire monochrome — ce n'est pas un défaut — tout à fait dans « le ton ». Comme à toi, cela me rappelle quelque chose, mais quoi... ? J'aurais aimé en savoir plus sur ce qui s'était passé de l'autre côté du pont pour qu'il y règne une telle désolation, mais peut-être te restreins-tu quant aux développements internes de l'histoire (ou tu n'as tout simplement pas le temps entre deux vendredis ;p) D'un autre côté, tu laisses notre imaginaire en faire d'autres histoires ? ;) La fin est... simple, normale, logique, une espèce de résignation joyeuse : la vie n'est qu'un éternel recommencement qui continue malgré tout.</p>
<ul>
<li>PB16 : Alexandria</li>
</ul>
<p>J'ai beaucoup beaucoup aimé. La forme, bien sûr : exercice difficile quand on ne le pratique que rarement mais qui devient une mécanique bien huilée qui ronronne tranquillement sans que l'on n'y prenne garde si l'on s'y adonne fréquemment. Le fond également, qui renvoie encore une fois à l'inspirateur ;) D'autant plus que cela me rappelle une histoire vécue que l'on m'a déjà racontée...</p>
<ul>
<li>PB15 : Viral</li>
</ul>
<p>Un prénom, un métier, une volonté de destruction : ça résonne bien dans l'harmonie de l'inspirateur du projet. On se dit : « <em>Il ne va quand même pas faire ça !?</em> » Meuh non, il ne le fait pas... C'est aussi puissant, encore plus terrifiant, avec une fin en forme d'espoir épouvantable ;-) Mmhh, un sous-titre : Le pouvoir des mots ?</p>
<ul>
<li>PB14 : Bully</li>
</ul>
<p>C'est le genre d'histoire que l'on déteste lire et qui nous prend la main pour ne plus la lâcher, désamour et fascination qui renvoient aux terreurs anciennes et réveillent les futures. C'est admirablement bien traité ! Et le cameraman virtuel — ami imaginaire qui hurle de la mort de l'enfance — m'a renvoyée au Truman Show. En négatif.</p>
<ul>
<li>PB13 : Page blanche</li>
</ul>
<p>Tu ne vas peut-être pas aimer...</p>
<p>Je n'ai pas manqué de regarder attentivement la couverture de « <em>Page blanche</em> » et, certes, j'y ai bien vu une machine à écrire. Mais également... une boîte à musique ! Le style me paraît moins ample que dans les précédentes, plus précis, incisif. Et j'oserais même dire que tu as fait la course à la métaphore quitte à frôler les plus éculées de la littérature. Mais il y en a de très très bonnes quand même, ne serait-ce que la première ! À la vue du titre et de la couverture, le lecteur pouvait se douter du thème central de la nouvelle ; et même si le déroulé est classique (c'est toi qui le dis !), les péripéties auxquelles le héros est soumis sont inattendues. La fin m'a déroutée (promis, pas de spoiler), à la fois une renonciation et un espoir : il lui est arrivé tout ça pour ça, aurais-je envie de dire... Mais comme c'est un écrivain, il écrit...</p>
<ul>
<li>PB12 : Touristes</li>
</ul>
<p>Le vendredi, c'est jour du commentaire de la nouvelle de la semaine lue la semaine précédente ! Le style prend ses aises et se cale confortablement en vitesse de croisière. Quant au fond... L'histoire m'a fait bondir dans mon passé d'il y a 35 ans environ, quand j'ai découvert la SF en lisant des nouvelles d'un certain Ray B. Tu connais ? ;-)</p>
<ul>
<li>PB11 : Antichrist Understar</li>
</ul>
<p>Plein de choses à dire, je vais essayer de me limiter aux essentielles. Le style tout d'abord, qui s'est encore poli depuis PB10. Le personnage dit central, ensuite : les lecteurs étaient avertis, pas trop de surprise donc — même le sachant, je n'ai pu m'empêcher de penser à Alice Cooper (ouaip, chuis une vieille ;-p). Sauf que. Un peu dans la même veine que ce dit @TheSFReader, j'y vois davantage le moteur de la création artistique du héros que le héros lui même ; probablement victime du stéréotype qui prétend que toute création artistique est une thérapie (épée, bouclier, chemin ? mouais...).
Enfin — ATTENTION SPOILER — je n'ai pas prévu la chute (qui est encore une marque d'espoir, non ?) : quand tu es dans la spirale descendante vers le fond de la piscine, que tu n'arrives pas à donner ce coup de talon qui te fera remonter, alors, si et seulement si tu as assez de force et d'intelligence pour l'accepter, si tu est prêt à le recevoir, le coup de pied au c* salvateur, d'où qu'il vienne, devient un formidable moteur pour embrayer sur la suite de ta vie. Le temps que tu assimiles... C'est aussi la force de l'adversaire que le judoka retourne contre le dit adversaire ? À voir.<br />
FIN DU SPOILER</p>
<hr />
<p>Petit encouragement pour le premier cinquième (environ) du chemin parcouru :</p>
<p>Vin pour sang.</p>
<p>Vin pour sang, vin pour sang, vin pour sang. La scansion planait sur les coteaux, se faufilait dans les rangs, entre les piquets, les ceps, les ouvriers qui la rythmaient de la bouche et du tchactchac de leur sécateur. Sous le soleil brûlant de septembre, corps tordus, brisés, hypnotisés, myocloniques, les vendangeurs suaient eau et... sang.</p>
<p>Vin pour sang. Vin pour sang. Tous les jours, dans le calice, le miracle de l'esprit se faisait transsubstantiation. Les ombres silencieuses glissaient dans le noir, sur les dalles froides, dans la lumière blafarde des flammes tremblotantes au sommet des mats de cires. À l'approche de l'officiant, les sourires se déliaient, les yeux brillaient et reflétaient les scintillements des crocs découverts : les vampires communiaient.</p>
<p>Vin pour sang. Il rentrait, aviné par ses multiples visites dans les troquets alentours et elle savait que ce vin mauvais deviendrait le sang qui coulerait entre ses cuisses, de son sexe meurtri par les coups de boutoir, de sa langue qu'elle mordrait pour ne pas crier sous la douleur de ses pénétrations brutales, des multiples plaies de tout son corps déchiré par les coups violents qui lui assenait.</p>
<p>Hun le Cinquième se réveilla en sueur : quels cauchemars ! Allez, il était temps d'aller préparer les quatre vins pour cent hommes de sa troupe.</p>
<p>Bon décahebdoversaire !</p>
<hr />
<ul>
<li>PB10 : La dernière guerre</li>
</ul>
<p>Que dire (à part que je suis en retard pour commenter) ? En premier lieu, que je n'ai pas vu la couverture — ce qui est un délit impardonnable, puisqu'elle est superbe, comme les précédentes — ce qui m'a privée de tout indice quant au thème traité. J'ai pu alors apprécier le suspense qui m'a tenue en haleine pendant tout le début — « <em>Mais de quoi il cause !?</em> » — et le style, rendu si particulier par le sujet ; avec des allers, des retours, des dénouements que l'on croit proches et qui sont repoussés plusieurs lignes plus loin. Le mystère une fois dévoilé, on se laisse porter par l'histoire, toute simple, banale presque (c'est plutôt un compliment, là...), en résonance avec l'actualité rurbaine. Le récit est dense : il me replonge dans les lectures des Karl von Frisch et Maurice Maeterlinck de ma pré-adolescence, il donne vraiment envie de tourner la page pour lire la suivante. Bien sûr, on ne peut s'empêcher de penser aux Fourmis de Bernard Werber : le format resserré de la nouvelle en fait un seul plan-séquence, une seule respiration qui permet de ne pas se lasser. Pas du tout, même.</p>
<p>Du coup, je suis un peu déçue que tu aies dévoilé le thème dans la présentation de PB10 : c'est peut-être parce que j'aime beaucoup (trop ?) le suspense et être surprise par un texte ;-) . La fin m'a laissée... sur ma faim ! En y réfléchissant, j'y vois tout simplement l'espoir, qui fait vivre, et la vie qui continue, malgré tout, immuable.</p>
<p>Tu dis que c'est « expérimental » quant au style : pour une expérience, elle est parfaitement réussie ! Comme si ton style se ciselait au fur et à mesure : c'est bien le but, non ? ;-)</p>
<ul>
<li>PB9 : Kindergarten</li>
</ul>
<p>Évidemment, le titre, la photo-mystère près de votre lieu de résidence avaient mis les fidèles sur la voie... Les lecteurs savaient donc plus ou moins à quoi s'attendre quant au personnage central (enfin, central, c'est vite dit — quoique).</p>
<p>J'y ai « lu » pas mal de thèmes qui me sont chers (décidément !) : on doit « s'élever » au niveau des enfants (comme sait très bien faire Dieter en pliant les genoux) ; on ne ment pas aux enfants, mais on leur raconte, on leur explique avec leurs mots, on leur ouvre des portes et des perspectives, à l'inverse de ces grands-adultes-bornés qui savent tout mais ferment leur yeux et leur esprit et râlent très fort contre ou lieu d'agir pour ; et les âmes qui rodent, et les choses qui gardent le souvenir (me rappelle le cycle de Fondation et Gaïa, ça...), et Berlin — ach, Berlin ! — la Potsdamer Platz en 93 (1993...), c'était quelque chose : un terrain vague, très vague, juste vague...</p>
<p>Dès que j'ai vu apparaître le photographe, j'ai « su » la chute : dîtes, c'est grave, Docteur ? Et ce n'est pas innocent que ça soit Dieter (le positif du négatif ? Le Yang du Yin, en simplifiant à outrance ?) qui ait vu ce qu'il y avait à voir comme point central, n'est-ce pas ? Le malaise qu'a pu ressentir @TheSFReader (coucou !) est à la hauteur du comportement « inhumaniste » qu'à pu avoir un homme, juste un homme, de la même espèce que nous tous...</p>
<ul>
<li>PB8 : Face à l'étoile</li>
</ul>
<p>J'ai beaucoup aimé, peut-être parce qu'ai-je ressenti une écriture plus haletante, plus serrée, un suspense plus soutenu que dans les précédentes alors que la situation est presque banale et très moderne (malgré vos sources d'inspirations #desolède) : une élection municipale, un débat de deux candidats, de la corruption et une comète (ISON ?). Peut-être parce qu'il s'agit d'une des 6 dont je n'ai pas vu venir la chute ;-) Et elle remet bien l'Homme à sa juste place !</p>
<ul>
<li>PB7 : Celsius 233</li>
</ul>
<p>- Quel vin ?<br />
- 506, parait-il.<br />
- Et le rang, Quine ?<br />
- 911...<br />
- Et l'arrêt ? Au mur ?<br />
- Sang, quatre vins (encore !) et tournoi de sixte.<br /></p>
<p>In « Variations sur PB7 »</p>
<ul>
<li>PB6 : Aurélia sous la terre</li>
</ul>
<p>C'est une très jolie histoire, certes née d'un rêve, mais qui se tient bien, avec des frissons de peur — frôlant parfois la terreur chez un des enfants — une chasse aux trésors — et quels trésors ! — une rencontre, un émoi, des regrets, peut-être des remords ? On y retrouve un peu de ce paradis que l'on a cru perdre en pensant quitter l'enfance. Dans l'ensemble, elle n'est finalement pas très gaie. Mais probablement peut-on s'en inspirer pour ne pas perdre de vue d'enfant qui continue de vivre en nous ?</p>
<ul>
<li>PB5 : Le Grand Hozirus</li>
</ul>
<p>J'ai été déstabilisée par le début de l'histoire : elle nous propulse dans une conversation — où interviennent violence et démence — entre deux initiés, dont nous ne sommes que des spectateurs (héhé) totalement perdus. Bon, du coup, on a envie de lire la suite pour <em>savoir</em> (c'est assez malin ;-p). La suite nous montre à voir un Tout-Puissant, dans une débauche de richesses incroyables. Et de métaphores toutes plus géniales les unes que les autres ! Et Le conte poursuit sa course folle et improbable, tout comme les innombrables surnoms délectables dont le héros est affublé par son créateur (et dont on sourit beaucoup. Des surnoms ! Suis un peu !). Ensuite, on sourit moins, on grimace même, quand le héros se comporte comme... un humain ? J'ai ressenti pas mal d'amertume alors que sont évoqués les thèmes de l'appétit du pouvoir, de la crédulité confortable <em>du peuple</em>, de l'impossibilité de se défaire d'une étiquette que les autres vous collent, à cause de ou malgré ce que l'on fait. Heureusement que le style est joyeux, qu'il y a quelques appels à la SF et à la mythologie et que la chute se veut une note d'espoir. Cependant, où aller, lorsque le monde entier semble vous être hostile ? Je l'aime bien cette nouvelle, bien qu'elle gratte — beaucoup — là où ça démange.</p>
<ul>
<li>PB4 : Kukulkán</li>
</ul>
<p>Dès le titre, on est pris d'un frisson mêlant plaisir et frayeur, plaisir anticipé d'une plongée dans le Fantastique, frayeur d'y trouver quelque créature peu amène. Le début de l'histoire est haut en couleur et la première partie se termine sur une note triste et bien réelle (les « fameux » trous apparus soudainement en plein centre-ville). La suite se perd dans des méandres, tout comme le héros de l'histoire, pour enfin déboucher sur le <em>Fantastique</em> — ah, enfin, le voilà ! — tout en ayant, au passage, fait surgir des profiteurs sans scrupules, mais rira bien... C'est finalement une longue histoire (c'est un avantage, en l'occurrence), avec pas mal de rebondissement, de jolis traits d'humour, un style travaillé comme une orfèvrerie sud-américaine antique (ça tombe bien !) : une délicate gourmandise qui augure bien la suite du festin.</p>
<ul>
<li>PB3 : Le dernier invité</li>
</ul>
<p>Il n'est évidemment pas facile de parler de la mort, alors un soupçon de fantastique adoucit bien les choses. On rattachera à cette nouvelle les expériences personnelles que l'on a tous eues, les béquilles et les ficelles que l'on tire lorsque <em>la douleur de la perte d'un être cher</em> menace de nous abattre. Racontée du point de vue d'une adolescente, on y retrouve émotions, pudeurs et dynamisme de cet âge. Je l'ai relue un an après l'avoir découverte (pour écrire de bout d'impression) et... j'ai enfin compris la chute ! <em>Tout vient à point, etc., etc.</em></p>
<ul>
<li>PB2 : Onkalo</li>
</ul>
<p>Se mêlent, dans cette nouvelle, au moins deux sinon trois thèmes classiques de la SFFF. L'anticipation — d'un futur trèèès lointain — la mythologie et les pouvoirs surhumains donnés par des dieux — ou l'évolution — enfin la peur d'un monstre que l'humanité a été capable de créer et qu'elle veut faire disparaître de la vie de sa descendance. Le style descriptif très travaillé, les dialogues percutants en font une très belle histoire. Même si j'ai vu venir la chute — et compris ce qui avait été scellé et célé ! — j'ai été vraiment transportée (héhé) par cet épisode.</p>
<ul>
<li>PB1 : Nouveau message</li>
</ul>
<p>Pour commencer ce périple d'un an, quoi de mieux qu'un <em>Nouveau message</em>, comme une invitation au voyage, des billets de transport qui arrivent directement dans la boîte à messages — justement ! Plongée dans un univers connu, je me suis régalée à suivre les péripéties de ce pauvre Samuel, à décrypter (oui, oui, décrypter, puisque je n'avais pas la clé finale) les cailloux de petit Poucet disséminés le long de l'histoire. Par certains aspects, cette nouvelle m'a rappelé <em><a href="http://kat.mecreant.org/livresse-des-providers/" hreflang="fr">L'ivresse des providers</a></em> de ma copine <a href="http://kat.mecreant.org/" hreflang="fr">Catherine Dufour</a> : somme toute, le voyage s'annonce plutôt bien, ainsi confortablement installée. La chute est attendue, mais ce n'ai pas grave, j'ai bien souri quand même ! <em>La chair est faible.</em></p>Ray's Day 2014 - Chez les écrivainsurn:md5:6d758d8189fbdb467e21f4b74088fd0f2014-08-22T22:08:00+00:002017-03-01T21:48:50+00:00deuzeffeSous la lampeRay s Day<p><a href="https://raysday.net" hreflang="fr" title="Ray's Day"><img src="https://www.deuzeffe.org/public/banniere-book-300x86.jpg" alt="banniere-book-300x86.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>En cette première édition du Ray's Day qui se finit — oui, c'est presque Noël, avant l'heure — j'ai rassemblé ici mes impressions à la lecture de quelques pièces plutôt courtes, nouvelles ou novellas (c'est comme ça qu'on dit ?). J'ai retrouvé avec plaisir les auteurs qui m'avaient déjà séduite — Cécile Duquenne, Neil Jomunsi, Anne Rossi, Kylie Ravera ou Michael Roch — en ai découvert d'autres qui m'ont enchantée — Julie Decottignies, Simon Giraudot, Le Greg ou Violaine Paquet. Un autre article sera consacré aux textes (beaucoup) plus longs. Merci à tous ces auteurs qui ont fait de beaux cadeaux aux lecteurs assoiffés, en particuliers aux écrivains qui ont publié sur leur blog en accès libre et laissé leurs œuvres accessibles bien après le RD2014.</p> <ul>
<li><a href="http://alfred-boudry.blogspot.fr/2014/08/sursis-nouvelle-pour-le-rays-day.html" hreflang="fr">Alfred Boudry : Sursis</a></li>
</ul>
<p>Un écrivain en proie à l'indifférence de son éditrice, du méchant système qui l'empêche de trouver son inspiration et matière à écrire. Jusqu'à la chute, hilarante.</p>
<ul>
<li><a href="http://anthony-khellendros.blogspot.de/2014/08/le-rays-day-cest-aujourdhui.html" hreflang="fr">Anthony Boulanger : Altitudes</a></li>
</ul>
<p>Une ode à l'alpinisme, déroulée le long d'ascensions improbables, au cours de temps présents et futurs. De bonnes idées, effleurées seulement.</p>
<ul>
<li>Marie-Hélène Branciard : Tu devrais pas m'laisser la nuit</li>
</ul>
<p>Récit classique de la souffrance qu'endurent deux gamines qui s'aiment et qui attentent à leurs jours. Traitement plat et sans saveur. Dommage.</p>
<ul>
<li><a href="http://philippe-castelneau.com/2014/08/22/pomerac/" hreflang="fr">Philippe Castelneau : Pomérac</a></li>
</ul>
<p>Texte consistant, riche de descriptions, de personnages denses. Un rythme qui coule puis qui se casse, pour rebondir plus loin, ailleurs. De très belles images qui aiguisent le rêve, invitent au voyage, mises en lumière par la musique du texte. Très agréable impression.</p>
<ul>
<li><a href="http://fchotin.blogspot.jp/2014/08/rays-day-2014.html" hreflang="fr">Fabrice Chotin : La gemme d'arvigue</a></li>
</ul>
<p>Nouvelle consistante, qui se tient bien. Mais trop rapide à mon goût : le cadre ne prend pas le temps de s'installer, on est vite perdu à essayer de comprendre comme fonctionne la société dans laquelle se déroule l'histoire. C'est dommage parce que le personnage féminin central est très bien traité, puisque c'est « Une aventure de Rugha la guerrière' » dit le bandeau de la page de titre.</p>
<ul>
<li><a href="http://www.amotsdelies.com/blog/2014/08/mon-dernier-jour/" hreflang="fr">Florence Clerfeuille : Mon dernier jour</a></li>
</ul>
<p>Texte charmant sur la vie avant la vie, l'amour d'une mère, la naissance. On a le temps d'imaginer quelques fins possibles avant que la chute soit annoncée, peut-être un peu trop visible un peu trop tôt. Très joli quand même.</p>
<ul>
<li><a href="http://tcrouzet.com/mon-revenu-de-base/" hreflang="fr">Thierry Crouzet : Les zombis du revenu de base</a></li>
</ul>
<p>Texte très riche, gonflé de senteurs de mon enfance, de lumières que j'aime à contempler la nuit, de l'air du temps. Très beau texte. Même si je n'apprécie pas particulièrement les zombis, même si la chute est un peu rude (ahem), j'ai bien aimé.</p>
<ul>
<li>Julie Decottignies : Ann Anticipation</li>
</ul>
<p>Belle histoire d'anticipation, qui nous transporte une centaine d'années dans le futur, dominé par le Réseau, les clones numériques ; tout le savoir catalogué, copié et recopié à l'infini au sein de chaque cellule humaine. Y compris les livres. Comme un certain <em>Fahrenheit 451</em>...</p>
<ul>
<li><a href="https://www.wattpad.com/story/31586325-les-crapauds-crabeaux" hreflang="fr">Célia Deiana : Les Crapauds Crabeaux</a></li>
</ul>
<p>Nouvelle allégorique sur la misère, les enfants abandonnés sur les décharges, au bord du chemin du progrès. Traitée avec de la douceur et un soupçon de violence. Le texte n'a manifestement pas été relu quant aux fautes, dommage.</p>
<ul>
<li><a href="http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2014/08/voleuse-ma-nouvelle-inedite-pour-le.html" hreflang="fr">Marianne Desroziers : Voleuse !</a></li>
</ul>
<p>Un très court texte sur la sensation d'être, d'exister, d'avoir pour exister. Un style enlevé. Une fin qui nous laisse... sur la faim ! (héhé)</p>
<ul>
<li><a href="http://www.paumadou.com/" hreflang="fr">Pauline Doudelet</a> : Salle des pas perdus</li>
</ul>
<p>Cinq petites pièces, toutes aussi denses les unes que les autres, malgré leur inégale longueur. En commun, la tragédie, la fin, les fils qui se rompent, la douleur de la perte. Servies par une plume très réaliste.</p>
<ul>
<li>Dreyf : Espèce H</li>
</ul>
<p>Un texte dense, qui se lit d'une traite, relatant comme le ferait un rapport d'observation scientifique, les caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales d'êtres vivants sur la troisième planète d'un certain système solaire. Point de vue totalement détaché, totalement pessimiste de la part de l'observateur, à même de glorifier l'espèce en question qui lit le rapport. Très bon.</p>
<ul>
<li><a href="https://gabytrompelamor.livejournal.com/627790.html" hreflang="fr">Cécile Duquenne : Éphémère</a></li>
</ul>
<p>Jolie nouvelle légèrement fantastique, de bonne longueur, qui prend le temps d'installer le lecteur pour lui faire vivre une journée particulière. Le thème : l'amour, bien sûr ! Mais le vrai, celui qui préfère rendre heureux l'autre plutôt que de poursuivre son propre chemin tout tracé.</p>
<ul>
<li><a href="http://earaneinfantasy.blogspot.fr/2014/08/happy-rays-day.html" hreflang="fr">Bérengère Éarane</a>
<ul>
<li>Le poids du cœur : petit texte sur le rêve rédempteur, la culpabilité et le pardon. Avec des dieux égyptiens. Et des chats. Mignonnet.</li>
<li>Sleeping hunter : le conte de « La belle au bois dormant »' revisité. Une belle pas mièvre pour deux sous, chasseresse, volontaire, rebelle. Elle se piquera quand même au rouet... Joli conte.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://augredemeshumeurs.blogspot.fr/2014/08/comme-un-chateau-de-cartes.html" hreflang="fr">Silène Edgar : Comme un château de cartes</a></li>
</ul>
<p>Une très courte nouvelle qui cristallise les peurs actuelles du changement climatique, la montée des inégalités, le retour à la lutte des classes. Sombre. Avec une infime lueur d'espoir. Le thème est vraiment trop noir pour moi.</p>
<ul>
<li><a href="http://ptilouk.net/planete_eteinte.html" hreflang="fr">Simon « Gee » Giraudot : La planète éteinte</a></li>
</ul>
<p>Plongée dans la SF, avec cette histoire qui prend lentement le temps de s'installer, qui ménage le suspens, qui fait réfléchir, même si ce n'était pas forcément l'idée première de l'auteur ; avec juste trois personnages (et un chat !) qui parlent alors que la galaxie compte quarante milliards d'humains. Une belle histoire d'un peuple qui se prend en main. Une fois que vous l'aurez lue, allez donc connaître « <a href="https://leblocnotesdegee.wordpress.com/2014/09/01/retour-sur-la-planete-eteinte/" hreflang="fr">ce qu'a voulu dire l'auteur</a> ».</p>
<ul>
<li><a href="http://www.antredugreg.be/charlie-et-lebookstore/" hreflang="fr">Le Greg : Charlie et l'EbookStore</a></li>
</ul>
<p>Une nouvelle futuriste, post-apocalyptique ou peu s'en faut, bel hommage à l'écrivain éponyme du Ray's day ; une écriture fluide narrant une belle histoire de transmission de l'amour des livres, à travers les âges. Bien aimé.</p>
<ul>
<li><a href="http://page42.org/ma-participation-au-rays-day/" hreflang="fr">Neil Jomunsi : Le meilleur pour le pire</a></li>
</ul>
<p>Hop, on change d'année, de lieu, mais on ne perd pas le rythme, même si je présume que la fréquence de RD sera vaguement 1/52e de celle de PB. Donc, Mission 1. Plutôt réussie. J'ai l'impression que l'auteur s'est fait plaisir en s'abandonnant à ses vils penchants à la métaphore pléthorique ou à l'exagération débridée. Ça fait un peu texte libérateur, où il aurait laissé cours à sa plume et exorcisé ses craintes quant à cette saleté de monde. C'est diaboliquement bien comme texte, mais je n'ai pas ri, même noir, même grinçamment — néologisme du jour.</p>
<ul>
<li><a href="http://t-as-vu-ma-plume.over-blog.com/2014/08/today-it-s-ray-s-day.html" hreflang="fr">Héléne Ladier : Requiem à quatre mains gauches (chapitres 1 et 2)</a></li>
</ul>
<p>Les deux premiers chapitres d'un roman régional — sinon régionaliste — dans un gros bourg du sud de la France, que je ne connais pas trop mal. Atmosphère classique de ce type de lieu, « figures » locales comprises. Un style simple et sans fioritures inutiles. Gentillet malgré quelques grosses ficelles narratives.</p>
<ul>
<li><a href="http://lallot.blogspot.fr/p/blog-page_21.html" hreflang="fr">Léo Lallot : Le Dragon de Shanghai</a></li>
</ul>
<p>Une histoire du temps immobile, dans la Chine moderne. Classique mais agréable.</p>
<ul>
<li><a href="https://metalvinze.blogspot.fr/" hreflang="fr" title="vinze's blog">Vincent Leclercq</a>
<ul>
<li>Johnny I hardly knew ye : une nouvelle de bonne longueur qui emmène la lectrice au cœur des unités de combat aérien d'élite, dans un monde très futur, violent. Beaucoup de détails sur les affrontements, la vie militaire, le conditionnement des pilotes. L'important est juste effleuré, suffisamment pour laisser l'imagination tricoter le reste.</li>
<li>Je meurs comme j'ai vécu : je n'aime pas les zombies et c'est une histoire de zombies. Un déroulé peut-être un peu trop classique, une fin sans espoir. Mais un très beau style.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://www.souslaneige.fr/?p=806" hreflang="fr">Vincent Maston : Le premier concert de Germain Rotelier</a></li>
</ul>
<p>Petit texte réaliste, que l'on dévore d'une traite, pétri d'adolescence et d'une bonne dose d'autodérision. Sympa.</p>
<ul>
<li><a href="http://www.cieldorage.com/2014/08/22/espionne-pirates-rays-day/" hreflang="fr">Violette Paquet : Les crocs d'Acacias, Mon tendre capitaine</a>
<ul>
<li>Les crocs d'Acacias : mettant en scène trois éléments imposés dont une espionne, petit texte avec une touche de fantastique, dont une louve-garou. Trame presque simpliste, style qui semble un peu bâclé : influence de la contrainte ? Impression mitigée.</li>
<li>Mon tendre capitaine : sous une forme épistolaire, le récit parle d'amour, de courage, du temps qui ravage, des livres. Très belle histoire.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li><a href="http://kylieravera.fr/top-modele-mathematique/" hreflang="fr">Kylie Ravera : Top modèle mathématique</a></li>
</ul>
<p>Ça se passe dans l'univers de <a href="http://www.lulu.com/spotlight/kylieravera" hreflang="fr">LTPS</a>, c'est mathématique comme <a href="http://www.lulu.com/spotlight/kylieravera" hreflang="fr">LTPS</a>— mais ce n'est pas <a href="http://www.lulu.com/spotlight/kylieravera" hreflang="fr">LTPS</a> : c'est court, dense, le style est plus fluide. C'est une jolie histoire poétique et tendre.</p>
<ul>
<li>Michael Roch : Moi, Peter Pan 4</li>
</ul>
<p>Une délicieuse tranche de la vie de Clochette et Peter, remplie de tout ce qui fait le sel, l'amertume, le frisson des relations humaines, avec leurs non-dits, demi-mensonges et vérités pudiques. Un plaisir à lire, qu'on pourrait croire minuscule vue la petitesse du chapitre, immense parce que quasi universel.</p>
<ul>
<li>Anne Rossi : Viviane</li>
</ul>
<p>Un récit qui commence tout en douceur, porté par un style aussi coulant que du miel. Une histoire d'amour où le fantastique règne. Une histoire de fusion hors des corps, de relation donnant-recevant, dans laquelle celle qui reçoit finit par annihiler celui qui donne. Une fin tragique, qui s'étire, le temps d'une éternité. Très beau texte.</p>
<ul>
<li><a href="http://lanatomieduloupgarou.blogspot.fr/2014/08/rays-day.html" hreflang="fr">Élodie Serrano : Le collectionneur d'étoiles</a></li>
</ul>
<p>Un joli conte poétique, qui distille une musique douce-amère sur l'appropriation du bien commun et l'égoïsme mais dont la chute, heureusement, sauve la mise. Le style, très classique, coule bien. Je n'ai pas été enchantée plus que ça : je n'aime pas que les étoiles disparaissent de leur écrin de velours noir...</p>
<ul>
<li><a href="http://chrisimon.com/raysday-chapitres-1-et-2-de-mon-prochain-roman/" hreflang="fr">Chris Simon : Judaïc Park 1 et 2</a></li>
</ul>
<p>Le début d'un voyage plus ou moins touristique, vaguement culturel, pour gens « bien mis » ; un voyage dans le temps, pour (croire) revivre « les heures les plus sombres de notre histoire ». Le style est enlevé, colle aux événements. Peut-être quelques ficelles narratives ? La lecture du roman pourrait le dire.</p>
<ul>
<li><a href="http://www.mars-ocean.com/test-prologue/" hreflang="fr">Virginie Spies : Mars Océan - Prologue</a></li>
</ul>
<p>Inspiré — de façon tout à fait assumée — par le projet <em>Mars One</em>, un court échange de quelques mails avant de faire le grand saut. La suite à découvrir <a href="http://www.mars-ocean.com/a-propos/" hreflang="fr">ici</a>.</p>
<ul>
<li><a href="http://nbwulf.wordpress.com/2014/08/22/rays-day-2014-cest-parti/" hreflang="fr">Nicolas B. Wulf : Âme en peine</a></li>
</ul>
<p>Une déluge de mots, une avalanche de sentiments intimes, un maelström d'images toutes plus dantesques les unes que les autres : une lutte contre la mort, contre soi-même, portée par un style richissime à l'excès, qui se tient comme un sablé au chocolat en bouche. On n'en ressort pas indemne.</p>