À l'occasion de son entretien du 22 mai 2006 avec Marie-Georges Buffet, Jean-Michel Apathie évoque un phénomène intéressant : À voir les choses d'un premier coup d'oeil, la gauche a du souci à se faire. Ses adversaires sont secoués par des tempêtes à l'intensité rare en politique, banlieues, CPE, Clearstream, et pourtant, elle ne profite de rien. (...) la gauche ne suscite que des moues désenchantées. D'après lui, la gauche ne saisit pas l'occasion de se montrer, de clamer ce qu'elle a à dire et de (se) rassembler. À lire et entendre l'actualité politique en ce moment, on pourrait croire qu'il a raison. Et pourtant.

Et pourtant, on ne peut oublier les vociférations, les attaques, les injonctions prononcées à l'Assemblée Nationale de la République Française lors des questions au gouvernement de ces dernières semaines (affaire Clearstream 2) ou du soutien de la récente motion de censure (affaire Clearstream 2 : le retour) du premier secrétaire du PS. On va dire que la gauche aboie.

Hormis l'hémicycle donc, un silence radio/télé/journaux pesant. Pesant ? Finalement, il fait du bien ce silence. Il change un peu des éternelles joutes oratoires et des attaques ad hominen dont nos dirigeants politiques nous abreuvent depuis quelques décennies. Oui, ça fait du bien de ne plus entendre d'attaques (Vous êtes un roquet...) stériles. On peut aussi supposer que les précédentes affaires (Carrefour du Développement, Urba, MNEF, etc.) rendent l'opposition prudente. Mais, in fine, le PS aurait profité de la situation, cela lui aurait été bien entendu reproché. On va dire que la protestation (sous forme de motion de censure, quand même) est une protestation de convenance : parce qu'on est dans l'opposition et qu'il faut bien le montrer. Soit. Exeunt donc les attaques personnelles.

Et le fond ? Où qu'il est le fond ? Le programme pour 2007 ? Franchement, croyez vous que ça soit bien raisonnable, alors que le PS a clamé orbi et urbi que la candidat officiel ne serait connu qu'en juin (ou novembre, je m'y perds), alors que tous les candidats à la candidatures travaillent, au calme, à présenter un programme qui puisse rallier le maximum d'électeurs, alors que la droite n'a toujours pas désigné son candidat ni annoncé son programme (bien que l'on puisse émettre quelques suppositions de probabilité non nulle sur les deux), croyez-vous donc que cela soit vraiment raisonnable de dévoiler ses batteries, là, maintenant, à 11 mois des présidentielles ?

Où est passé la gauche ? Elle bosse, elle construit son programme (oui, bon, elle se livre à quelques luttes intestines et guerres fraticides, aussi) ; elle fait un peu de bruit en guise de diversion, mais elle guette et veille dans l'ombre. Et surtout elle ne montre rien, pour ne pas donner l'avantage à l'adversaire.

Ou alors, elle n'a rien à montrer...