Depuis plusieurs jours, on entend, de la part de personnalités politiques ou sportives, vanter les mérites de l'olympisme ; fraternité, tolérance, courtoisie, etc. Ils ne font que (mal) reprendre les termes des principes fondamentaux de l'olympisme, tels qu'énoncés dans sa charte.

Si on analyse la devise de l'olympisme moderne (Plus vite, plus haut, plus fort), on peut y trouver non seulement une motivation à être le premier (plus... que les autres) mais aussi à se dépasser (plus... que soi-même) ; in fine, à participer à la compétition, la concurrence. Même si ces termes paraissent antinomiques[1], leur sens moderne est identique : rivalité.

On voudrait donc nous faire accroire que les compétitions entre les athlètes, entre les pays, entre les villes ne vise qu'à promouvoir un style de vie fondé sur la joie dans l'effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels., une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine.[2] ? Que l'esprit olympique, [qui] exige la compréhension mutuelle, l'esprit d'amitié, de solidarité et de fair-play.[3] ?

Déjà, je sais pas vous, mais pour moi, pacifique et compétition, concurrence, ça va pas trop ensemble. Et la solidarité quand le but avoué est d'être Plus... que les autres (et que soi, au passage), je ne vois pas trop où elle est. Quand en plus, on voit les débauches commerciales que produisent les JO (sans parler des soupçons de corruption pour l'attribution des JO à une ville) et des athlètes dopés, comment peut-on prendre ça au sérieux ? Franchement, je vous demande.

Non, la compétition n'a jamais été un bon exemple, ni le fondement d'une société pacifique ; se dépasser n'a jamais permis de comprendre l'autre ni de s'en faire un ami. L'éducation[4] (dont se targue les principes fondamentaux) n'est pas impressionner et donc conditionner les esprits mais développer l'esprit critique.

PS : après les (hum) "perturbations" sur le trajet de la flamme en Europe et aux USA, le CIO a, un moment, envisagé de ne plus lui faire parcourir le monde ; comme l'enfant que l'on vient de prendre la main dans le pot de confiture et qui suggère à sa mère de le ranger ailleurs, parce que là où il est c'est trop tentant. Lamentable...

Notes

[1] étymologiquement, le premier signifie rivalité et le second, rencontre.

[2] articles 1 et 2 des Principes fondamentaux de l'olympisme, In charte olympique, op. cit.

[3] article 4.

[4] conduire hors (du troupeau).