Au lendemain d'une grève de la fonction publique dont l'éducation nationale, le ministre de tutelle a annoncé vouloir créer une Agence Nationale de Remplacement (des enseignants). Cette annonce est passée assez inaperçue du public des médias, dissimulée qu'elle a été par l'annonce conjointe du ministre-chef de l'éducation nationale[1] de la mise en place du droit à l'accueil[2].

Un Agence Nationale de Remplacement, donc. Pour l'instant, cette mission est dévolue aux rectorats pour le second degré et aux inspections d'académies pour le premier, donc à des services décentralisés de l'état, ou, si l'on préfère, aux représentants du ministère dans les régions et départements.

L'agence en question sera une structure de planification et d'organisation nationale, dédiée à cette seule fonction : planifier les besoins prévisibles — congés maternité par exemple — et gérer au plus vite les absences. Lorsque nous manquerons ponctuellement de tel ou tel professeur, l'agence pourra solliciter des jeunes professeurs en fin de préparation, des stagiaires ou des élèves en fin de master[3].. Vous avez bien lu, planification et organisation nationale.

Le même jour, le même ministre veut s'attaquer aux enseignants sans classe[4] dont les Titulaires sur Zone de Remplacement (les TZR sont à peu près 50 000). C'est quoi ce bidule ? Ce sont tout simplement des enseignants, titulaires... remplaçants[5]. Oui, le ministère nomme des enseignants dont la mission est de remplacer les collègues empêchés de remplir leur mission.

Du coup, je me pose quelques questions[6] :

  • tout d'abord, il y a déjà des enseignants dont la mission est de remplacer ; leur gestion est calamiteuse : certains attendent en permanence que leur portable sonne alors qu'il y a des élèves sans profs sur leur zone, d'autres sont envoyés, 2 à 3 fois par semaine à plus de 100 km de leur résidence administrative[7]. Et si on commençait par améliorer cette gestion là ?
  • la gestion des remplacements n'est pas optimale[8] et elle est pourtant faite par une structure locale (les rectorats dans les académies et les inspections d'académie dans les départements) ; pourquoi n'arrivè-je pas à penser qu'une gestion centralisée nationale sera plus efficace ?
  • pourquoi faire appel à des non titulaires (jeunes profs en fin de formation, stagiaires, élèves (sic) en fin de master) alors qu'il y a des titulaires employés à temps partiel (et pas de leur propre volonté...) ?
  • vouloir remplacer les missions du rectorat, ne serait-ce pas une autre façon de dégraisser le mammouth, mmhh ??

Notes

[1] oui, il y a des ministres, en charge de ministères spécifiques plus un seul ministre-chef, en charge de tout, celui-là

[2] comme la mission de l'EN était l'accueil des enfants et leur gardiennage...

[3] on remarquera que, pour le ministre les étudiants en master sont des... élèves ! Consternant

[4] je reviendrais peut-être plus tard sur ce type d'enseignants

[5] il y a longtemps, on les appelait maîtres auxilliaires, puis ils sont devenus titulaires-remplaçants puis, comme l'appellation pouvait sembler oxymorique, ils sont devenus TZR

[6] oui, c'est le lieu...

[7] oui, je sais, il y a de nombreux métiers où les déplacements sont fréquents mais ceux qui les exercent le savent avant de prendre leurs fonctions

[8] c'est le moins qu'on puisse dire...