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Le Labo de Walrus[1] a ouvert ses portes le 8 mai 2017. Pour les distraits, je cite la ligne de conduite du Labo :

Ici nous publions les textes courts d’auteurs et d’autrices en [qui][2] nous plaçons tous nos espoirs. Une occasion pour vous de les découvrir, et pour nous de les mettre sur le banc de test et de dénicher nos écrivains de demain…

À ce jour, quatre nouvelles ont été rendues publiques. Je les ai lues. J'ai été un peu déçue[3] par cette première fournée.

Objectivement, le cahier des charges initial n'est pas respecté. Au moins deux auteurs de cette première fournée ne sont pas des « écrivains de demain », mais des écrivains déjà connus ou reconnus.
Michael Roch, en premier lieu, qui de plus est un auteur Walrus (mais pas exclusif !) Et même si la nouvelle qui est proposée est dans la veine Pulp du Morse (Twelve ou Mortal Derby X), elle n'est pas inédite :([4] C'est bien : Igor-du-labo a de quoi s'améliorer[5]
Ensuite, Aude Réco. Mais qu'est-ce qu'il est passé par la dent longue du Morse pour qu'il la classe ainsi dans la catégorie des écrivains de demain !? Rien que sur sa page d'auteur Amazon, on trouve plus d'une dizaine d'œuvres. Elle publie sur Wattpad, aussi. Oui, elle s'autopublie[6]. Et alors, le Morse, mmhh ? Oui, c'est une bonne écrivaine, ses histoires sont chouettes — celles que j'ai lues ou achetées, entre autres — mais est-ce une raison pour que le Labo per se la... découvre ?
Il semble que la situation soit similaire pour Céline Saint-Charle. Et que Thierry Soulard ait déjà publié.

Et plus je m'agace à écrire ce texte acerbe, plus se forme dans ma caboche têtue l'idée que peut-être ai-je mal compris les mots du Labo ou les idées qu'il porte sur son blog ou son compte Twitter. Peut-être ne fais-je qu'extirper de mon cerveau reptilien primaire — pléonasme — la colère produite par la frustration de n'avoir pas compris ce que le Morse a voulu faire dans son Labo. Et même si je me fais à l'idée, en fin de compte, que le Labo est destiné à transformer des auteurs et autrices en écrivains et écrivaines, Michaël, Aude et probablement Céline sont déjà dans cette seconde catégorie.

Il semblerait que le Morse ait compris qu'il y avait quand même matière à rectifier le tir :

Bon, c'est déjà ça.

Sur le fond, maintenant, les nouvelles elles-mêmes, de façon tout à fait subjective[7] ce coup-ci (couça).

  • Cathie les nuits chaudes (Michaël Roch) : c'est du Michaël pulpeux donc, incisif, violent ; un peu plus qu'érotique, pas tout à fait porno. ; au style peut-être un peu moins marqué qu'à l’accoutumée tant ce qui importe est le déroulé de l'histoire de Cathie ;
  • Le ballon (Céline de Saint Charle) : sous la plume d'une autrice que je n'avais jamais lue auparavant, du fantastique horrifiant, dans la veine vaudou[8], lutte du bien contre le mal, etc. Pas mal, sans plus ;
  • Ne pas baiser près des licornes (Thierry Soulard) : par un auteur dont je n'ai jamais lu les œuvres, de la fantasy qui se veut humoristique, dans la veine de Terry Pratchett, précise l'article de blog[9]. Autant dire tout de suite, Terry Pratchett ne me fait pas rire aux éclats[10] ni les situations cousues de fil blanc où on devine la fin dès les premiers paragraphes. Seule la virtuosité des descriptions m'est apparue remarquable ;
  • Nés d'orage et de boue (Aude Réco) : je dois dire que j'ai connue Aude bien plus inspirée — Faiseur de Rêve[11] ou Cœur sommeil[12] et je me suis embourbée dans le style. C'est peut-être voulu, finalement... puisque le thème, fantastique, est la fusion de la réalité et du mythe, la naissance d'une autre humanité faite de chair et de boue.

En conclusion, pas vraiment de coup de cœur, ni de découverte enthousiasmante.

De cette déception née d'une trop grande attente.

Notes

[1] Le site — la présentation du catalogue, en particulier — est bien mieux qu'avant ;) Merci !

[2] la grammaire française est assez souple — si si — pour ne pas avoir à torturer l'orthotypographie si l'on se veut neutre quant au genre. Indice : « Épicène »

[3] On est bien d'accord, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, c'est ma vision par le petit bout de ma lorgnette

[4] Entendons-nous bien : Je n'ai rien contre Michael, je l'ai adopté il y a quelques années et il sait — le Morse aussi — combien j'apprécie ses textes et son travail de conseiller littéraire.

[5] Même s'il y a un os.

[6] C'est même un pivot de son activité

[7] Et vous avez bien entendu le droit de ne pas aimer ce que j'aime et inversement

[8] Il y en a dans le Projet Bradbury, je vous laisse chercher

[9] Tiens, pas vu la reprise des textes de présentation sur la page du Labo ; ça manque

[10] Même si j'ai la manie des notes de bas de page

[11] Coup de cœur de la lectrice

[12] J'attends la suiiiiiite ;p