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Deuzeffe pose (toujours) des questions

02/01/2019 11:49

Les bons comptes ?

Récemment, pour répondre à une enquête interne sur les moyens de transport utilisés pour faire les trajets domicile-travail, j'ai évalué ma « facture carburant » mensuelle.

Données :

  • véhicule (6 ans d'âge) consommant 6 litres de gas-oil pour 100 km parcourus (c'est « l'ordinateur de bord » qui l'indique) ;
  • 30 km parcourus par jour (12 km domicile-travail x 2 + 3 km transport scolaire x 2), 5 jours par semaine ;
  • 20 km par semaine pour trajets divers (courses, loisirs, etc.) ;
  • soit un total mensuel de ((30 x 5) + 20) x 4 = 680 km et donc 40,8 litres de carburant ;
  • en prenant le plus haut prix du carburant au cours des 3 dernières années écoulées, atteint en octobre 2018 (ici) c'est à dire 1,541 €/L cela produit une facture d'environ 63 €/mois (un peu plus de 400 balles, diront les gens qui ont connu les nouveaux francs). Allez, disons 70 à 80 €/mois en comptant très très large.

Mais alors, les « 200 €/mois que coûte le carburant quand on travaille à 20 (ou 25) km de chez soi », affirmé par des représentants politiques ou indiqué par des manifestants (impossible de retrouver le récit d'une dame des ronds-points qui le mentionnait, publié dans un quotidien...), d'où sortent-ils ? Je n'ose imaginer que les balles-euros ont été confondues avec les balles-francs...

Je comprends vite, mais il faut m'expliquer longtemps. Et j'aime bien expliquer à moi-même.

  • 1re hypothèse : même conditions que mes données mais 50 km/jour (un AR/jour) -> 100 euros
  • 2e hypothèse : 100 km/jour (2 AR/jour) > 200 euros. Ah ! Une piste. Je ne sais pas si je serais capable de faire entre 4 et 6 heures de bagnole par jour juste pour rentrer manger chez moi à la pause méridienne. Je rappelle que j'ai considéré le prix le plus haut pour le carburant (ce qui n'est pas très réaliste, j'en conviens.)
  • 3e hypothèse : véhicule essence, 50 km/jour, prix le plus haut du carburant (toujours pris ici) 1,634 €/L pour le SP 98 (adapté pour les vieilles voitures) en octobre 2018, voiture de 14 ans d'âge qui consomme 7,8 L/100 km (voir ici) -> 140 €/mois. Inutile de dire que cette hypothèse d'une veille voiture essence ne me semble pas réaliste (sans parler du prix moyen du carburant, hein)
  • 4e hypothèse : conditions de vie dites « non-standard », horaires décalés, saucissonnés, par exemple. J'ai trouvé une telle situation décrite dans un article de février 2013 qui cite un cas. Effectivement, ce n'est pas un emploi de bureau classique : des horaires différents chaque jour, de grandes amplitudes coupées par de grandes plages sans travail. Donc 9 à 10 AR/semaine (pour un emploi à temps partiel de 20 h, excusez du peu !) entre le domicile et le lieu de travail éloignés de 30 km. Ce qui entraîne un plein tous les 800 km ; c'est ce que je fais aussi. J'en déduis que le véhicule utilisé est un diesel qui consomme à peu prés 6 L/100 km. Et en février 2013, il semblerait le prix du gasoil approchait celui d'octobre 2018 (mais un peu moins selon l'INSEE.) Quoi qu'il en soit, la facture carburant est de 150 à 200 €/mois suivant les années (le graphique de l'INSEE est très éclairant — attention, il s'agit d'indice — base 100 en 2015 — et pas du prix à la pompe).

Donc, pour les affirmations du politique sus-cité, soit il ne prend en compte que le prix d'octobre 2018 (pas représentatif de l'évolution du prix des carburants), soit il considère une voiture récente qui roule au SP98 et qui consomme énormément beaucoup au 100 km, soit il envisage uniquement ces situations apparemment extrêmes et pourtant répandues, semble-t-il, soit... je laisse le lectorat libre de compléter.

J'aimerais bien rencontrer la personne qui est obligée de débourser ses 200 €/mois de carburant pour aller travailler à 20-25 km de chez elle. Histoire de comprendre (et de savoir si j'ai bon ou pas.)

Évidemment, si les données statistiques sur lesquelles je me suis appuyée ne sont pas fiables, ma réflexion ne tient plus la route...

01/06/2014 14:29

Liberté : à quel prix ?

C'est avec grand intérêt que j'ai lu la tribune co-signée par Laurent Chemla et Éric Walter à propos de héros d'Internet fatigués. Si la conclusion n'est pas étonnante, j'étais curieuse de découvrir le fruit d'une alliance aussi naturelle que celle de la carpe de l'ours et du lapin. Un passage a particulièrement attiré mon attention

On peut imaginer qu'en voyant le public s'emparer massivement des outils d'autopublication, on n'a pas vu venir le temps des réseaux sociaux fermés : pourquoi les gens iraient-ils s'enfermer dans des environnements privateurs de libertés quand ils ont l'infinité de l'espace électronique à leur disposition ?

Pourquoi les humains, ayant enfin un formidable outil de liberté (d'expression) se réfugient-ils dans un cadre qui leur est imposé et dont les limites sont de plus en plus resserrées, de plus en plus attentatoires à leur intimité ? Qu'y a-t-il au delà de l'antienne Une grande liberté implique une grande responsabilité ?

Imagine-toi, quand t'es dans le désert, de sable ou de glace depuis trop longtemps, sans repère, balise ou limite : tu te sens... mal. Tu n'as plus de limite à transgresser, personne ne t'impose quoi que ce soit : tu dois, toi-même, seul et en conscience, te contraindre, te construire un cadre, t'autonomiser. Tu ne sais pas faire, tu n'es qu'un grain parmi le autres, qu'un cristal, blanc sur blanc. Tu es seul, renvoyé à ta propre insignifiance au milieu d'un rien minéral qui ne renvoie aucune image, aucun son. Bref, tu es perdu[1]. Et puis on t'offre une oasis, un refuge, des murs que l'on a construit pour toi : soulagé, tu t'y précipites, troquant un peu beaucoup de ta liberté contre un sentiment de sécurité, juste une sensation...

J'ai récemment lu un article démolissant de façon un peu caricaturale le mode d'éducation suédois. Je passe outre les évidences qui ne méritent pas de discussion et qui ne sont que le reflet du respect que l'on doit à tout être humain mais de la même manière que le message de Françoise Dolto a été très mal interprété, il semble que la pratique de l'écoute active ne se résume plus qu'à l'écoute...

Il faut un cadre, pour pouvoir s'y ébattre en toute liberté et lorsque l'on a acquis les moyens - physiques, psychologiques, etc. - de dépasser le cadre imposé, on s'en crée un autre. Le public d'internautes, dont parlent Laurent et Éric, ne semble pas encore avoir assez d'imagination et de confiance en soi pour bâtir ses propres limites.

04/07/2012 21:55

Aujourd'hui les Citoyens ont Tué Acta

Pour une fois, je ne vais pas me contenter[1] de recopier des mots déjà écrits ailleurs par moi ou d'autres.

Aujourd'hui, IV-VII-MMXII, le parlement européen a rejeté le traité ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement) par 478 voix qui s'y sont opposées contre 39 qui ont voulu y adhérer.

Aujourd'hui, anniversaire de l'indépendance des États Unis d'Amérique, les représentants du peuple européen ont clairement affirmé ne vouloir dépendre d'aucune législation qui restreindrait la liberté d'expression, d'innovation et de partage.

Aujourd'hui, le boson de Higgs s'étant quasiment dévoilé, 5 gus dans un garage ont été le fer de lance de notre reprise en main de notre histoire européenne.

Aujourd'hui[2], demain ou après-demain, mais pas plus tard, comme moi, comme quelques autres (pas assez), fais autre chose de plus que mettre un bulletin dans une urne pour t'exprimer : soutiens La Quadrature du Net.

Un boson, un vote, des réseaux, des équipes, des gens, des peuples : l'humanité du XXIe siècle n'est peut-être pas encore totalement pourrie. #4712

(titre emprunté à @rom1v)

Notes

[1] quoique...

[2] et j'abuse de l'anaphore, si je veux, #namého

08/05/2012 13:47

Un discours républicain ?

Notre futur-ex président à nous qu'on n'a plus pour cinq ans (au moins mais peut-être pas plus) a fait une déclaration le soir de sa défaite. On en trouve des bribes ici et [1]. Les éminents commentateurs[2] n'ont pas manqué de se précipiter pour analyser, disséquer, faire parler les silences, taire les évidences. Qu'elle n'a pas été ma surprise d'entendre de leur part des louanges sur ce discours, républicain, rassembleur : Quoi, il était capable de faire ça pendant cinq ans et c'est maintenant qu'il s'y résout ?

Hé, les mecs, vous redescendez sur terre, ou quoi ? Mais ré-écoutez le, relisez ! Ce discours marche à l'affectif, oui. Autocentré. Non seulement il est destiné à faire pleurer Margot[3] dans les chaumières mais il ne parle que de lui, de ce qu'il a fait, ou pas, de ses échecs. Rien sur les gens, sur le peuple, sur les Hommes. Sur la patrie, la nation, oui ; mais pas un brin d'humanisme, ni de chose publique[4].

Ou alors, je n'ai pas la fibre de commentateur politique.

PS : quant à prendre ses responsabilités, il y en a un qui les a prises il y a dix ans. Et il tient toujours sa promesse. Qui était plus clairement expliquée. Bin oui, faire des promesses parce que le sort ne nous obligera pas à les faire, c'est facile. Mais quand le sort s'en mêle...

Notes

[1] personne ne veut postuler pour être correcteur chez slate.fr ?

[2] dont certains que j'apprécie tout particulièrement : personne n'est parfait

[3] ça va Margot, pas trop secouée ?

[4] oui, tu sais, la Res Publica

13/07/2009 16:38

Cloisonnement ?

Je lis, sur le site très sérieux de Sauvons l'Université, un long article à propos de la réforme de la formation des enseignants du primaire (et du pré-primaire...) et du secondaire.

Dès le début, une affirmation (péremptoire, bien sûr !) me surprend :

aucun cursus universitaire n'est subordonné aux résultats d'un concours quel qu'il soit.

Ou bien l'auteur et moi-même n'avons pas la même définition (réglementaire ?) du mot concours.

Ou bien, l'auteur se cantonne à sa sphère de connaissance pour élaborer son texte.

Même si le mot concours n'est pas présent dans les textes régissant l'accès en deuxième année des études de pharmacie ou de médecine, il s'agit bien d'un concours (pas national, je vous l'accorde), c'est à dire qu'un nombre maximal d'étudiants est admis en deuxième année (même si le premier non admis a plus de 10/20). De la même façon, pour se spécialiser, les étudiants en médecine se soumettent à des épreuves, nationales classantes, qui ne leur donne pas forcément le choix de leur spécialisation. Les étudiants en pharmacie, pour se spécialiser eux-aussi, passent le... concours de l'internat et voient donc la suite de leurs études en dépendre. Entre autres professions médicales. Et tout ça est national.

Reprenons l'affirmation :

  • aucun cursus universitaire : faut-il comprendre que les études de santé ne sont pas des cursus universitaires (surtout qu'elles vont être "LMDisées" avec subordination du passage en L2 au classement obtenu à l'examen terminal de fin de L1 - non, le "concours" de première année n'est pas supprimé...) ? Pourtant, ce sont bien des universités publiques qui proposent ces cursus.
  • n'est subordonné aux résultats d'un concours : je veux bien admettre que les termes examen terminal et examen national classant ne soient pas synonymes du mot concours en théorie, mais en pratique, il l'est (parlez-en aux étudiants concernés). Je veux bien également admettre que si on rate le concours de l'internat, on peut néanmoins être docteur en odontologie ou en pharmacie.

Si l'auteur a voulu dire qu'aucun parcours universitaire ne s'arrête brusquement par faute de réussir un concours (officiellement dénommé comme tel), alors je suis d'accord.

Mais ce n'est pas ce qu'il a dit.

PS : Il est amusant de noter que seuls trois « concours » de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire le sont : agrégation, concours de recrutement de professeur des écoles et de conseiller principal d'éducation. Les autres sont des certificats d'aptitude...

26/10/2006 21:35

Tempête de cerveaux ? [5]

Ca y est : la commission Hetzel du débat national Université-Emploi a rendu sa copie. Le chef du gouvernement s'en est tout de suite emparé, l'a lu attentivement et a annoncé des mesures à prendre...

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12/09/2006 20:44

Tempête de cerveaux ? [4]

Le débat national a bouclé, avant la trêve estivale, la première partie de sa mission - organisation et synthèse des débats publics, audition de personnalités spécialistes de la spécialités et remise du rapport d'étape. Un site internet dédié a même été ouvert : le site du débat national Université-Emploi. La lecture du pré-rapport est... instructive.

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08/07/2006 16:26

Tempête de cerveaux ? [3]

Après mes premières impressions et ce que j'ai retenu du débat auquel j'ai assisté, je vous livre ici mes commentaires sur quelques points de la restitution faite de ce débat par la rapporteuse désignée

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05/06/2006 21:39

Tempête de cerveaux ? [2]

La première partie du débat national (les réunions publiques) installé le 25 avril est pratiquement fini, un premier bilan des idées données par le peuple aurait dû être dressé à la mi-juin. J'ai participé à un de ces débat, le 23 mai, dans mon académie de résidence, sur le deuxième thème du débat : La professionnalisation des études dans le cadre du cursus « Licence Master Doctorat ».

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27/05/2006 15:28

À exclure ou à intégrer ?

10 mai 2006 : première journée commémorative en métropole du souvenir de l'esclavage et de son abolition. 17 mai 2006 : adoption en première lecture par l'Assemblé Nationale de la République Française du Projet de loi relatif à l'immigration et à l'intégration. Et mes ancêtres se réveillent soudain.

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22/05/2006 22:13

Mais où est passée la gauche ?

À l'occasion de son entretien du 22 mai 2006 avec Marie-Georges Buffet, Jean-Michel Apathie évoque un phénomène intéressant : À voir les choses d'un premier coup d'oeil, la gauche a du souci à se faire. Ses adversaires sont secoués par des tempêtes à l'intensité rare en politique, banlieues, CPE, Clearstream, et pourtant, elle ne profite de rien. (...) la gauche ne suscite que des moues désenchantées. D'après lui, la gauche ne saisit pas l'occasion de se montrer, de clamer ce qu'elle a à dire et de (se) rassembler. À lire et entendre l'actualité politique en ce moment, on pourrait croire qu'il a raison. Et pourtant.

Et pourtant, on ne peut oublier les vociférations, les attaques, les injonctions prononcées à l'Assemblée Nationale de la République Française lors des questions au gouvernement de ces dernières semaines (affaire Clearstream 2) ou du soutien de la récente motion de censure (affaire Clearstream 2 : le retour) du premier secrétaire du PS. On va dire que la gauche aboie.

Hormis l'hémicycle donc, un silence radio/télé/journaux pesant. Pesant ? Finalement, il fait du bien ce silence. Il change un peu des éternelles joutes oratoires et des attaques ad hominen dont nos dirigeants politiques nous abreuvent depuis quelques décennies. Oui, ça fait du bien de ne plus entendre d'attaques (Vous êtes un roquet...) stériles. On peut aussi supposer que les précédentes affaires (Carrefour du Développement, Urba, MNEF, etc.) rendent l'opposition prudente. Mais, in fine, le PS aurait profité de la situation, cela lui aurait été bien entendu reproché. On va dire que la protestation (sous forme de motion de censure, quand même) est une protestation de convenance : parce qu'on est dans l'opposition et qu'il faut bien le montrer. Soit. Exeunt donc les attaques personnelles.

Et le fond ? Où qu'il est le fond ? Le programme pour 2007 ? Franchement, croyez vous que ça soit bien raisonnable, alors que le PS a clamé orbi et urbi que la candidat officiel ne serait connu qu'en juin (ou novembre, je m'y perds), alors que tous les candidats à la candidatures travaillent, au calme, à présenter un programme qui puisse rallier le maximum d'électeurs, alors que la droite n'a toujours pas désigné son candidat ni annoncé son programme (bien que l'on puisse émettre quelques suppositions de probabilité non nulle sur les deux), croyez-vous donc que cela soit vraiment raisonnable de dévoiler ses batteries, là, maintenant, à 11 mois des présidentielles ?

Où est passé la gauche ? Elle bosse, elle construit son programme (oui, bon, elle se livre à quelques luttes intestines et guerres fraticides, aussi) ; elle fait un peu de bruit en guise de diversion, mais elle guette et veille dans l'ombre. Et surtout elle ne montre rien, pour ne pas donner l'avantage à l'adversaire.

Ou alors, elle n'a rien à montrer...

13/05/2006 23:31

Tempête de cerveaux ? [1]

Le 25 avril, a été installée La commission du débat national Université-Emploi (j'en avais déjà dit deux mots ). Ce débat a pour objectif d'apporter des réponses concrètes et d'application rapide aux étudiants sur l'adéquation entre les formations dispensées dans les universités et le marché de l'emploi. La commission a en charge d’organiser le (les ?) débats, de les animer et d'en faire la synthèse.

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05/05/2006 21:16

Pour que le peuple dirige la chose publique

Rédigé initialement (oui, celui-là aussi) pour donner des idées à une dirigeante politique, ce texte tente, très maladroitement, très sèchement et très briévement de fournir quelques éléments de réponse à : Rendre l'action publique efficace et participative.

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Pour ne laisser aucun enfant sur le bord du chemin de l'école

Rédigé initialement pour donner des idées à une dirigeante politique, ce texte tente, très maladroitement, très sèchement et très briévement de fournir quelques éléments de réponse à : Que faire pour que tous les élèves réussissent leur entrée en 6ème ?

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15/10/2005 19:38

Mon cabas (bis)

Mon département est la source d'inspiration de nos députés.

Au détour de la discussion en première lecture de la Loi d'Orientation Agricole à l'Assemblé Nationale (11 octobre), il a été décidé par le législateur que les sacs plastiques non bio-dégradables seraient interdits de distribution en France à partir du 1er janvier 2010 (amendement 863 rectifié).

Bin voyons.

Il faut encore attendre 4 ans pour que la technologie soit au point ? Elle est où, l'industrie française innovante et performante ?

Et puis, c'est tellement plus simple de supprimer un produit plutôt que d'éduquer le citoyen à s'en servir. Non ?

Commentaire :

  • 28/10/05 22:10 Jacques Ouzy a dit...

Euh, le citoyen, ne nous leurrons pas, il s'en fout de l'impact du sac plastique sur l'environnement. Le citoyen, il veut un sac gratuit pour s'en servir de sac-poubelle gratuit, le reste il s'en fout !

Dans ma région, une grande marque d'hyper/super marché a instauré le sac acheté/échangé. Pour une somme modique et ridicule vous achetez un ou des sac(s) (plastique) relativement solide(s) que vous transportez avec vous chaque fois que vous allez faire vos courses, quand celui-ci donne des signes de faiblesse, il est échangé _gratuitement_ contre le même mais neuf.

Et c'est très bien comme ça.

Alors évidement, j'achète mes sac-poubelles.

Peut-être que chez nous, nous sommes plus sensibles aux découvertes de dauphins/phoques/otaries morts échoués sur les côtes après ingestion de sac-plastiques estampillés Carrefour ou Intermarché.

D'ailleurs, je suis allé chez Carrouf hier et leur sacs sont devenus anonymes.

Ça me fera des sac-poubelles...

08/10/2005 19:01

Mon cabas

À partir du 15 octobre, lorsque j'irai faire mes courses dans ma grande surface habituelle, il ne faudra pas que j'oublie mon cabas.

Ce cabas dont ma grand-mère, au siècle dernier, ne se séparait jamais. Ce cabas qui est une de mes madeleine de Proust. Les temps ont changé : il n'est plus en skaï noir (aucune idée de la matière dont il est fait), il est pliable, il peut être échangé gratuitement lorsqu'il est hors-service et il est redevenu indispensable. Il côtoiera le panier couffin, la glacière souple ou la caisse pliable.

Mais revenons au 15 octobre : c'est ce jour-là qu'ont choisi la CCI locale et la grand distribution pour « [s'engager] ensemble à faire disparaître les sacs de caisse au profit des sacs durables. L'objectif étant un meilleur respect de l'environnement. »

Et pourtant, il n'y a pas si longtemps, on pouvait lire sur des sacs de caisses :

Ce sac se met en trois pour vous :

  1. dans nos magasins, il vous sert pour vos achats ;
  2. chez vous, il peut servir de poubelle ;
  3. mettez le à la poubelle, il pourra être transformé...

... ne jetez pas ce sac dans la nature, mettez le à la poubelle, il peut fournir de l'énergie[1] : l'énergie issue de la combustion de ce sac peut alimenter une ampoule de 60 watts pendant 10 minutes.

Dans mon département, l'installation appropriée de valorisation énergétique exsite et elle est un composant des équipements de cogénération qui éclairent et chauffent une grande partie des installations municipales. Donc, ce sac là, oui, il a une troisième vie utile.

Sur d'autres sacs de caisse, distribués par la même enseigne de la grande distribution, il y avait cette mention : Ce sac répond aux exigences de la marque NF Environnement, le label écologique français. Par des tests et contrôles réguliers, la marque NF Environnement garantit que ce sac est résistant et a limité ses impacts sur l'environnement, grâce à son procédé de fabrication et à sa composition.

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Et voilà que pour un meilleur respect de l'environnement, les sacs de caisse disparaissent. L'économie réalisée par la grande distribution va-t-elle être répercutée sur le consommateur final ? En rayon, les sacs poubelles que je serai obligée d'acheter, pour garnir mes petites poubelles d'évier et de salle de bain, vont-ils être encore plus respectueux de l'environnement qu'avant ?

Plutôt que de m'imposer l'achat de cabas en simili-plastique, pourquoi les sacs de caisse ne sont pas en papier fort ? Pourquoi notre industrie, à la pointe de la recherche et de l'innovation, n'a visiblement pas investi dans des matériaux vraiment et réellement intégrables dans la chaîne écologique (par exemple en fibres de synthèse naturelle) ? Pas assez rentable financièrement, peut-être...

Commentaires :

  • 21/10/05 18:39 Anonyme Anonyme a dit...

Définition du Robert en ce qui concerne le mot « cabas » : panier souple qui sert à mettre des fruits ou panier aplati ou sac à provision que l'on porte au bras. Le mot « couffin » (d'origine arabe) désigne un grand cabas. D'autre part, nos mères (ou grands-mères) avaient des sacs en moleskine noire, et non en skaï, qui portaient le nom de filoches en Provence.


  • 21/10/05 22:03 deuzeffe a dit...

Ma grand-mère avait aussi une filoche, mais ce n'était pas son cabas. C'était plutôt, comme son nom l'indique, un sac fait en filet, plus ou moins serré.

Note

[1] Il existe deux méthodes pour valoriser un emballage après utilisation : le recyclage et la valorisation par incinération avec récupération de l'énergie (appelée valorisation énergétique). Pour ce sac, la valorisation est, à l'heure actuelle, la méthode majoritairement retenue (là où les installations appropriées existent).

01/10/2005 18:15

Les classes moyennes

Que n'en a-t-on entendu parler, de ces classes moyennes, cœur de la population, travailleuses, consommatrices et vache à lait !

Les classes moyennes ont un revenu moyen mensuel de 1000 à 3500 euros (entendu dire par notre ministre délégué au budget): on notera le rapport de 1 à 3,5... et sont censées être les plus avantagées par la réforme fiscale annoncée dans le Projet de Loi de Finances pour 2006 (PLF 2006).

Si on regarde en détail les exemples proposés ici, ce sont les contribuables, célibataires ou en couple, sans ou avec enfant, qui ont des revenus mensuels de 2000 à 3000 euros, qui seront les grands gagnants de cette réforme fiscale (pour les vieux, comme moi, qui comptent encore en nouveaux francs, ça fait en 13 000,00 et 19 000,00 francs par mois et par personne).

Vous avez dit « classes moyennes » ?

Commentaires :

  • 2/10/05 14:04 Anonyme Ol. a dit...

Le toujours brillant Ceteris Paribus avait ironisé sur la définition curieuse des classes moyennes selon Villepin. Voir aussi son lien sur Bernard Salanié, lequel rappelle que le revenu médian en France est de ... 1300 euros par mois et que les 2000 à 3000 euros c'est les 5% à 15% les plus aisés... Enfin bon il a raison Galouzeau, quand les faits ne collent pas à une définition, le plus simple c'est de changer la définition, pas les faits.

Contribuables ! Contribuables !

Les fonctionnaires vous mentent, les fonctionnaires vous spolient. Ils gaspillent votre argent à apprendre à lire et à écrire (mal) à vos enfants, à défendre (mal) vos droits de victime, à s'occuper (mal) des cas sociaux. Cette après-midi, j'ai même entendu dire, à propos de services sociaux qui ne semblaient pas pouvoir résoudre un problème : « Les services sociaux et médicaux sont au courant, mais comment suivre quelqu'un qui refuse de fait de se faire suivre ? C'est leur travail d'y arriver, c'est pour ça qu'on paie des impôts. C'est aussi pour ça que des fois on se demande à quoi ça sert de les payer parce que souvent on a l'impression qu'ils font rien alors qu'ils font tout ce qu'ils peuvent. » Mais tout cela est en train de changer.

Jusqu'à présent, les ressources financières de l'état étaient attribuées, ministère par ministère. Chaque ministère distribuait ensuite la manne financière à ses directions générales, ses directions régionales et enfin à ses agents. Sans contre-partie, sans vérification de l'usage de l'argent public, sans contrôle. Les serviteurs de l'état — serviteurs auprès de la population au nom de la république — dépensaient, comme ils le pouvaient, les sommes allouées à leurs missions implicites.

Le 1er août 2001 a sonné le glas de cet état de fait devenu apparemment totalement inopérant. Ce jour là, la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) a été promulguée par MM. Chirac et Jospin, respectivement Président de la République et Premier Ministre. Elle est censée remettre les pendules à l'heure quant à gestion de l'argent public.

En bref, des missions sont définies par le gouvernement — par exemple, Mission Écologie et développement durable. Pour mener à bien ces missions, plusieurs programmes sont à suivre — par exemple, Prévention des risques et lutte contre les pollutions. Plusieurs actions sont définies pour réaliser les objectifs assignés à ces programmes — par exemple, Limiter les risques et les pollutions d'origine industrielle et agricole. Enfin, pour savoir si les objectifs ont été atteints, plusieurs indicateurs sont utilisés — par exemple, Nombre de sanctions administratives sur nombre de mises en demeure prononcées. Finalement, rien de bien neuf par rapport à la gestion d'une entreprise privée : ce qui est nouveau, c'est l’application de ce type de management par la performance au service public.

Si l'indicateur montre que l'objectif est atteint, des primes — individuelles ou collectives — à la performance seront distribuées. C'est bien : la carotte du fonctionnaire n'est plus la satisfaction du public qu'il sert, mais l'argent. Si l'objectif est atteint, on ne sait si le budget alloué à la mission l'année suivante sera augmenté ou diminué. Si l'indicateur montre que l'objectif n'est pas atteint, les primes ne seront pas distribuées, le budget ne sera probablement pas augmenté l'année suivant et l'agent de l'état sera sanctionné. Comment ? On ne sait pas. Mais on peut imaginer qu'il sera affecté à une autre mission (polyvalence et mobilité), mission pour laquelle il n'a certainement pas les compétences. À terme, on peut envisager une réforme totale du statut d'agent public qui le rendrait aussi éjectable qu'un salarié du secteur privé.

Nous nous retrouvons donc apparemment face a un oxymore : un système basé sur la performance et la productivité (la rentabilité ?) d'un côté mais encadré par un programme (un plan ?) d'un autre côté. Un genre de soviétisme capitaliste ou de capitalisme soviétique.

PS : dans aucune communication médiatique sur le Projet de Loi de Finances pour 2006, il n'a été fait mention de la LOLF ni du fait que sa mise en application à partir de 2006 empêche de comparer le budget de l'an prochain avec les budgets précédents...

18/07/2005 12:14

Éco quoi ?

En ces temps dits de sécheresse et de canicule, les canards locaux remplissent leurs colonnes d'articles de saison. On ne serait pas en été, on pourrait dire que c'est celle des marronniers.

Ouvrant donc mon quotidien local favori du jour, j'y trouve, comme de bien entendu, un papier à propos des réserves en eau de la métropole régionale, à quelques encablures de mon tas de gravats personnel. J'y apprends que la réserve en eau s'élève à onze millions de mètres-cubes, ce qui représente, en gros, dix mois de consommation de la dite métropole et alentours. Bon, ce n'est pas encore maintenant qu'on crèvera de soif, il faudra attendre le (joli) mois de mai 2006. Continuant ma lecture, j'apprends que quatre-vingt quinze pour cent de cette eau est récupérée par le réseau d'assainissement. Donc, si j'ai bien compris, il n'y a que cinq pour cent (soit cinq cent cinquante mille mètres cubes soit cinq cent cinquante millions, une goutte d'eau en somme) qui s'évaporent dans la nature. Bien, me dis-je, la situation n'est pas si désespérée que ça (quoique...).

En conclusion, l'article annonce que la métropole régionale a... trop d'eau. Oui, oui, vous avez bien lu : il y a trop d'eau dans les réserves ! Qu'à cela ne tienne, on va l'écouler par d'autres circuits que ceux de la distribution classique aux particuliers. Et donc, on va organiser « des ventes en gros. Un filon à exploiter pour compenser le tassement de la consommation dû principalement aux campagnes de sensibilisation. Aujourd'hui, la ville étudie les demandes qui émanent de l'ouest du département et incite les usagers à ouvrir plus souvent leur robinet. »

Alors, je fais quoi, moi ? Je laisse couler l'eau et je sauve de la faillite l'organisme local qui la gère mais je gaspille (et collatéralement, je mets en péril les fournisseurs d'eau en bouteille) ? Ou je n'utilise que l'eau dont j'ai précisément et exactement besoin mais je fragilise l'économie locale ?

En vérité, je ne vais rien changer à mes habitudes parce que mon eau, c'est moi qui la pompe, moi qui l'assainis en entrée et en sortie, moi qui la recycle.

Vous avez dit écologie ou économie ?

Commentaires :

  • 18/7/05 23:07 Anonyme carabosse a dit...

Euh... tu fais comment, déjà, pour la pomper, l'assainir en entrée et en sortie, et la recycler ? C'est une vraie question, hein !

  • 18/7/05 23:11 deuzeffe a dit...

Bin, j'ai ma source perso., ma pompe, ma station de filtrage (avant consommation), ma station d'épuration après utilisation et les circuits qui vont avec. C'est plutôt artisanal, mais ça fonctionne bien, et les analyses bactério. et chimiques sont au poil. Voili, voilou.

  • 18/7/05 23:10 Anonyme R1 a dit...

t'as des liens "officiels" pour cette politique d'inciter au gaspillage ?



  • 18/7/05 23:13 deuzeffe a dit...

À R&, pas de liens pour l’instant, juste la copie de l'article dans la presse régionale (de ce matin), mais je compte bien essayer de chercher (à défaut de trouver...).

11/07/2005 20:24

Les en-cas de nos petits

C'est fait.

À la rentrée, les distributeurs automatiques de friandises n'auront plus droit de cité dans les établissements scolaires en application de la loi 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique. L'article 30 impose que « Les distributeurs automatiques de boissons et de produits alimentaires payants et accessibles aux élèves [soient] interdits dans les établissements scolaires à compter du 1er septembre 2005. ». Cependant, cette interdiction ne vise que les distributeurs de barres chocolatées et de boissons gazeuses et non ceux de fruits et légumes. Ouf, on a eu peur.

Rappel des épisodes précédents : en 2003, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) met en place un groupe de travail sur les glucides. Le 14 septembre 2004, l'AFSSA se félicite de l'adoption de la loi précitée et précisant que cette interdiction ne doit s'étendre ni aux fruits et légumes, ni à l'eau. En octobre 2004, le groupe de travail rend son rapport et émet des recommandations. En particulier, le groupe souhaite « la suppression des distributeurs de produits manufacturés riches en sucres et/ou graisses et/ou sel dans les collèges et lycées. » Il va même plus puisqu’il préconise « [qu'] En tous lieux, ces distributeurs pourraient faire une place plus large à la distribution de fruits et légumes. Des fontaines d’eau devraient être mises en place dans les écoles. »

Cette démarche s'inscrit parfaitement dans le Programme National Nutrition-Santé (PNNS) mis en place en 2001 qui fixe, parmi les neufs objectifs nutritionnels prioritaires de « Réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l'obésité (IMC > 25 kg/m2) chez les adultes et interrompre l'augmentation, particulièrement élevée au cours des dernières années, de la prévalence de l'obésité chez les enfants. » Pour atteindre ses objectifs, six axes stratégiques ont été définis. On relèvera plus particulièrement le sixième « Engager des mesures et actions de santé publique complémentaires destinées à des groupes spécifiques de population. » et le troisième « Impliquer les industriels de l’agro-alimentaire et la restauration collective ainsi que les consommateurs au travers des associations de consommateurs et de leurs structures techniques. »

Dernier épisode en date : à l'occasion de l'examen au Sénat en première lecture du projet de loi en faveur des petites et moyennes entreprises (définitivement adopté le 13 juillet), l'AFSSA est encore une fois obligée de réaffirmer sa position quant aux distributeurs automatiques de friandises. L'amendement déposé au Sénat a été retiré. La première lecture à l'Assemblée Nationale n'a pas réintroduit les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires. Ouf, on a eu peur (bis).

On reste presque sans voix devant de tels combats. D'un côté on a un état, soucieux de la santé de ses ressortissants (et aussi de son système d'assurance-maladie mutualisé et en déficit chronique depuis plusieurs années, parce que, faut pas rêver, les pathologies induites par l'obésité tuent lentement et à grands frais médicaux) et mettant en place tous les moyens à sa disposition pour lutter contre un nouveau problème de santé publique. Et de l'autre, on a... On a quoi, d'ailleurs ?

L'amendement qui a obligé l'AFSSA à taper encore une fois du poing sur la table était ainsi rédigé : « Les distributeurs présents dans les établissements scolaires ne peuvent mettre à disposition des élèves que les seuls produits dont la liste aura été arrêtée conjointement par les ministères de l’Éducation Nationale et de la Santé, après consultation des instances concernées. » En soit, cet amendement ne semble pas autant démoniaque que ça. Mais si on regarde de près les arguments du déposant de l'amendement, on lit « Cette mesure (le retrait des distributeurs dans les établissements scolaires, NdlR) [...] pénalise lourdement le tissu des PME qui gèrent des distributeurs automatiques. La distribution automatique en France représente 11 900 salariés, dont 23 % de femmes, un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros et 589 000 distributeurs implantés. La majorité des gestionnaires de distributeurs automatiques sont des entreprises artisanales de moins de vingt salariés. L'application de la loi relative à la politique de santé publique a eu pour effet immédiat le retrait de 22 650 distributeurs dans les écoles, la baisse d'au moins 8 % du chiffre d'affaires et la suppression de 1 000 emplois directs. »

Donc, de l'autre côté, on a des entreprises, des salarié(e)s, des chiffres d'affaires, des chômeurs en puissance et des baisses de croissance tout aussi potentielles.

C'était si compliqué que ça, lors de l'examen de la loi relative à la santé publique, dont une partie s'inscrivait dans le cadre du PNNS, de prévoir de remplacer les friandises et les boissons à sucre ajouté par des fruits, des légumes, des friandises équilibrés, des boissons de même et d'anticiper le marasme économique prédit ?

Dites, mesdames les entreprises de l'agro-alimentaire, c'est si compliqué (et si cher) que ça, de mettre vos moyens de recherche et développement au service de ceux qui achètent vos produits ?

Dites, c'est si compliqué que ça de penser à ceux qui sont au bout de la chaîne plutôt qu'à ceux qui sont au début ? Quand il n'y aura plus de dernier maillon, les précédents n'auront plus lieu d'être...