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Mot-clé - Olivier Saraja

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02/01/2017 07:02

Sanctum Corpus (Olivier Saraja)

Sanctum corpus Sur une Terre qu'on imagine post-apocalyptique, au sein d'une ville où l'administration des citoyens règne, dans une atmosphère de « 1984 » où la nanotechnologie est reine du contrôle des actes et des corps de chacun, un improbable trio de héros se forme. Viktor, scientifique expérimenté, précipité dans les bas-fonds de la cité au cours d'une prétendue attaque d'envahisseurs extra-terrestres. Un peu paumé, un peu bêta, il est totalement inadapté à la vie des marginaux. Fathya, héroïne au long passé de hackeuse rebelle, le prend en charge dans sa fuite. Louie, enfin, un renégat, chef de guerre au sein de la rébellion. Leur mission est de rendre à la ville son humanité perdue.

On trouve dans cette histoire des ingrédients classiques de science-fiction : la technologie poussée à son extrême, la dictature par quelques élites, des envahisseurs, des mensonges d'état, des combats, pas mal de radioactivité. Le trio de héros, bien campé sur ses trois éléments — le scientifique indispensable, la technicienne géniale et le militaire politique — fonctionne bien, malgré une histoire d'amour banale dont on ne saisit pas l'intérêt.

Le style est aussi épais que la poussière du désert environnant la cité, ce qui tend à renforcer l'atmosphère pesante de l'époque où se déroule l'histoire.

Bien sûr, la mission sera un succès, après quelques batailles titanesques, et le dénouement, bien que particulièrement atroce, est empreint d'optimisme, au contraire de Spores, première œuvre de fiction publiée par Olivier.

C'est un court récit, dense, sombre, qui s'illumine juste avant le point final. Il offre un excellent moment d'évasion.

22/08/2014 22:08

Ray's Day 2014 - Chez les écrivains (encore)

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J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans le récit, tant le début est très académique — ce qui n'est pas étonnant, eu égard à l'occupation diurne de l'auteur — expliquant par le menu l'organisation très structurée du vaisseau-monde dans lequel ce déroule la première partie du triptyque Néagè. L'histoire proprement dite démarre lentement, à mon goût ; la candeur des personnages m'a semblé un tantinet exagérée ainsi que les péripéties qui font avancer tant bien que mal les héros. Ce n'est qu'au début du troisième tiers, alors que l'action devient rapide, brutale, qu'enfin j'ai senti la palpitation de cette humanité en semi-perdition. Le style est simple et sert une histoire dans laquelle m'ont manqué épaisseur des protagonistes ou vibration des personnages. Ou je ne suis pas (plus) faite pour les récits à l'antique, les odyssées...

Dans la catégorie Histoires Extraordinaires, celle-ci tient bien sa place. Avec une bonne dose de fantastique, ou de SF, ou des deux. Un duo de personnages principaux, moins d'une dizaine de secondaires, un environnement tout ce qu'il y a de plus contemporain — star richissime de la chanson, émission de télé-réalité, villa somptueuse, île paradisiaque (enfin, presque) — tout est fait pour que le lecteur puisse s'identifier, éventuellement, aux protagonistes, bien que le futurisme technologique s'en mêle. Un peu. Beaucoup. La première partie du récit est presque banale, peut-être un peu longuette, et l'action devient débridée quand enfin le héros commence sa mission. Lutte pour sa survie, fuite devant les dangers de la nature — un peu aidé, quand même — jusqu'au combat que l'on croit être final. Et qu'il refuse. Et alors que l'on comprend que les deux personnages sont bien plus proches que l'on ne pouvait croire, la chute déboule brutalement, un couperet époustouflant, et nous laisse face à nos interrogations.

Une belle nouvelle, de bonne longueur, comme un écho à nos peurs du troisième millénaire. J'ai d'emblée été séduite par le style, descriptif, fourni, riche, qui distille bien l'atmosphère pesante post-apocalyptique. Les thèmes classiques comme l'Homme qui construit son propre malheur ou le héros sans grade sont présents et réconfortants — enfin, si l'on peut dire, vu le contexte... Inversement, la présence d'une héroïne salvatrice est une heureuse surprise. Le déroulé est vraiment trop rapide, à mon goût : alors que le début de l'histoire prend le temps d'installer le lecteur, la suite défile à toute vitesse, s'appuyant sur des rebondissements presque « attendus », et c'est dommage. Le récit ressemble davantage à un script d'un petit roman, d'un moyen métrage qu'à une nouvelle. Et si l'histoire est très sombre et lugubre, la chute laisse entrevoir quelque espoir en ce monde perdu. Bien aimé, comme on aime un fruit pas tout à fait mûr.