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J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans le récit, tant le début est très académique — ce qui n'est pas étonnant, eu égard à l'occupation diurne de l'auteur — expliquant par le menu l'organisation très structurée du vaisseau-monde dans lequel ce déroule la première partie du triptyque Néagè. L'histoire proprement dite démarre lentement, à mon goût ; la candeur des personnages m'a semblé un tantinet exagérée ainsi que les péripéties qui font avancer tant bien que mal les héros. Ce n'est qu'au début du troisième tiers, alors que l'action devient rapide, brutale, qu'enfin j'ai senti la palpitation de cette humanité en semi-perdition. Le style est simple et sert une histoire dans laquelle m'ont manqué épaisseur des protagonistes ou vibration des personnages. Ou je ne suis pas (plus) faite pour les récits à l'antique, les odyssées...

Dans la catégorie Histoires Extraordinaires, celle-ci tient bien sa place. Avec une bonne dose de fantastique, ou de SF, ou des deux. Un duo de personnages principaux, moins d'une dizaine de secondaires, un environnement tout ce qu'il y a de plus contemporain — star richissime de la chanson, émission de télé-réalité, villa somptueuse, île paradisiaque (enfin, presque) — tout est fait pour que le lecteur puisse s'identifier, éventuellement, aux protagonistes, bien que le futurisme technologique s'en mêle. Un peu. Beaucoup. La première partie du récit est presque banale, peut-être un peu longuette, et l'action devient débridée quand enfin le héros commence sa mission. Lutte pour sa survie, fuite devant les dangers de la nature — un peu aidé, quand même — jusqu'au combat que l'on croit être final. Et qu'il refuse. Et alors que l'on comprend que les deux personnages sont bien plus proches que l'on ne pouvait croire, la chute déboule brutalement, un couperet époustouflant, et nous laisse face à nos interrogations.

Une belle nouvelle, de bonne longueur, comme un écho à nos peurs du troisième millénaire. J'ai d'emblée été séduite par le style, descriptif, fourni, riche, qui distille bien l'atmosphère pesante post-apocalyptique. Les thèmes classiques comme l'Homme qui construit son propre malheur ou le héros sans grade sont présents et réconfortants — enfin, si l'on peut dire, vu le contexte... Inversement, la présence d'une héroïne salvatrice est une heureuse surprise. Le déroulé est vraiment trop rapide, à mon goût : alors que le début de l'histoire prend le temps d'installer le lecteur, la suite défile à toute vitesse, s'appuyant sur des rebondissements presque « attendus », et c'est dommage. Le récit ressemble davantage à un script d'un petit roman, d'un moyen métrage qu'à une nouvelle. Et si l'histoire est très sombre et lugubre, la chute laisse entrevoir quelque espoir en ce monde perdu. Bien aimé, comme on aime un fruit pas tout à fait mûr.