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Deuzeffe pose (toujours) des questions

Mot-clé - Éducation

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27/01/2014 22:18

Sortir du troupeau ?

Cela fait quelques jours que cet onglet est ouvert dans mon navigateur préféré (et homonyme). Je ne sais plus pour quelle raison j'ai cliqué sur ce lien que j'ai vu passer dans mon fil Twitter ; probablement du fait du nom du compte qui l'a rediffusé, ou peut-être du commentaire qui l'accompagnait : la motivation s'est perdue dans les limbes de mon hypomnésie[1].

Quoi qu'il en soit, le titre de ce billet, Non à la rééducation, paraissait incongru alors qu'il est publié sur le site du Figaro et par un de ses rédac. chef adjoint, qui plus est ! Comment un tel organe de presse peut-il s'opposer à ce que réclament sans cesse ses lecteurs fidèles ? Peut-être sera-ce un éditorial traitant d'économie politique et fustigeant un retour à la réglementation excessive qui entrave le potentiel novateur de nos entreprises créatrices de croissance et d'emplois[2] ? Que nenni[3] ! Il s'agit de s'insurger contre quelques avancées sociopolitiques de ce début de millénaire, pas moins ! Alors, le titre est... particulièrement mal choisi. Je m'explique.

De mon temps[4], qui est le même que celui de l'auteur de l'édito., soit dit en passant, les maisons de ré-éducation visaient à remettre dans le droit chemin, le chemin commun, ceux qui s'en détournaient par les actes ou les paroles, voire les pensées ; elles disciplinaient les sauvageons[5] La ré-éducation implique qu'il y ait eu une éducation préalable, qui s'est perdue et qu'il faut ré-injecter dans l'esprit vagabond du déviant. Sauf que. Sauf que l'auteur prétend que les lois progressistes actuelles sont celles par lesquelles nos mentalités vont être ré-éduquées. Faudrait savoir : c'est progressiste (alors il ne s'agit pas de ré-éducation) ou c'est passéiste ? Parce que, sauf à remonter à la Première République[6], et encore, jamais femmes et hommes[7] n'ont eu autant de droits et de devoirs identiques[8]. J'en conclus que le terme rééducation n'est pas le plus approprié en l'espèce, n'est-ce pas[9] ?

Mais alors, que craint l'éditorialiste ? Que chacun puisse faire comme les autres ? Que chacun puisse penser à sa vie personnelle avant de songer à celle des autres ? Que chacun puisse avoir les mêmes privilèges que... lui ? Que chacun soit aussi individualiste que lui ? Comment peut-il s'étonner, alors que la société humaine[10] est individualiste, comme l'est la majorité des lecteurs fidèles de son journal, que les lois de la République s'adaptent à la conformation de la société ? Il me paraît toujours incompréhensible qu'humanisme et catholicisme[11] ne riment pas dans les actes et les paroles[12]...

Peut-être craint-il de voir dans chaque individu, uniquement un être humain, sans considération de genre, de couleur de peau, de taille, d'âge, d'activité ; un être humain qui a autant de droits et de devoirs qu'un autre être humain ; un être humain qu'il ne pourra faire rentrer dans aucune case de son système de classement personnel ? La peur de l'autre, cet inconnu[13] [14] ?

Notes

[1] si tu as la clé, déchiffre ; sinon, contente-toi de décrypter.

[2] non, je n'ai pas fait tourner le pipotron. Et ça se voit.

[3] hum.

[4] yep, chuis une vieille.

[5] toute allusion aux paroles d'un célèbre ministre revenu d'entre les morts (non, pas Lazare) est délibérée.

[6] avant 1804, avant le Code dit Napoléon, où, de mémoire, pour le divorce, par exemple, épouse et époux avaient les mêmes droits.

[7] keep calm, it's just the alphabetic order.

[8] même s'il y a encore d'un boulot.

[9] la question est toute rhétorique, je ne t'oblige pas à répondre, mais ne te l'interdis pas non plus !

[10] l'actuelle tout comme celle de Socrate.

[11] catholique, ça signifie universel, je te rappelle.

[12] bisounourse un jour...

[13] tu y mets ce que tu veux, comme références.

[14] j'ai quand même réussi à placer 14 notes de bas de page dans un texte d'à peine 20 lignes : faut dire que je parle beaucoup à mon for (non, pas Nelson, et non, il n'y pas de faute).

31/10/2013 21:16

Qui est violent ?

Je viens de rencontrer, fortuitement, la fille d'amis qui est en deuxième année de prépa. HEC. Après les banalités d'usage, je lui demande comment se passent ses années post-bac ; ce qu'elle me raconte me fait froid dans le dos :

  • la première année, elle a tout donné à ses études, bossé 20h/24, abandonné tout activité sociale, culturelle et sportive (équitation de haut niveau et piano en virtuose) ;
  • pendant cette première année, qu'elle a réussie avec brio, elle a eu un prof. de math. absolument génial, qui était imprégné de sa discipline comme moi je le suis de sueur après avoir jardiné. Elle avait aussi des listes de mots étrangers à apprendre par cœur[1], 4 ou 5 devoirs à rendre par semaine, des DS 3 ou 4 après-midi par semaine, des khôles, etc. : rien que du très courant ;
  • en deuxième année, elle bosse tout autant : le prof. de français fait des interro. surprises pour lesquelles elle obtient des notes catastrophiques parce qu'elle n'a pas la bonne méthode[2] et une fois qu'elle l'a trouvée[3], elle obtient la meilleure note de la classe[4];
  • en math., les exercices à rendre pour la veille pleuvent, donc ils ne sont jamais faits pour le cours suivant, donc la prof. traite les élèves comme des moins que rien, des nuls, des qui n'arriveront jamais à rien s'ils n'y mettent pas un peu du leur ; elle m'explique que la dite prof. a beaucoup bossé pour en arriver où elle est[5] (à la différence du prof. de l'année précédente, si tu as bien suivi...) et que donc, c'est normal qu'elle les traite comme elle le fait.

Je ne peux m'empêcher de m'écrier que je ne supporte pas ce management par la contrainte et la peur. Et c'est alors que l'illumination se fait : depuis longtemps, on dit que la société est violente ; certes les raisons en sont multiples., mais nos élites dirigeantes sont bien issues des grandes écoles et des classes prépa. préalables, non ? Donc, ils ne font que répéter les schémas auxquels ils ont été soumis... Dur de réaliser ça de façon si abrupte. Surtout que dans mon entourage, gravitent des ingé. et autres haut-fonctionnaires qui ne sont pas déshumanisés du tout : bizarrement, ils se sont expatriés, pour la plupart...

La conversation dérive alors vers une affaire d'expulsion du territoire où un préfet, personnifiant l'autorité détentrice de la loi, use de violence envers un contrevenant à la dite loi. Je m'interroge alors à haute voix : « Pourquoi donc des personnes en position dominante (prof., autorité administrative) se sentent obligées de faire usage de violence envers ceux qui sont dominés (élèves, justiciable) » Plus généralement, pourquoi la violence se manifeste-t-elle très souvent de la part d'un dominant envers un dominé ? Alors que la personne qui domine, qui détient l'autorité, n'a pas besoin de faire montre de violence pour être obéie (la plupart du temps). Alors pourquoi (et pour quoi) se sent-elle obligée d'être violente pour s'affirmer ?

La violence de la société n'est plus du fait des soumis révoltés mais de leurs dirigeants. Trouillards de perdre leur pouvoir[6] ?

Veule est la créature qui mesure sa force à la faiblesse d'autrui.

Notes

[1] à quoi ça sert ???

[2] Il sert à quoi, le prof. alors ?

[3] toute seule, donc

[4] 12/20 ; no comment...

[5] un jour, je te raconterai ce que je pense de l'expression « C'est une bosseuse : elle a beaucoup travaillé pour réussir » (on dit rarement ça d'un mec, auras-tu noté)

[6] un jour, j'essaierai de comprendre pourquoi les hommes sont violents envers les femmes