Cela fait quelques jours que cet onglet est ouvert dans mon navigateur préféré (et homonyme). Je ne sais plus pour quelle raison j'ai cliqué sur ce lien que j'ai vu passer dans mon fil Twitter ; probablement du fait du nom du compte qui l'a rediffusé, ou peut-être du commentaire qui l'accompagnait : la motivation s'est perdue dans les limbes de mon hypomnésie[1].

Quoi qu'il en soit, le titre de ce billet, Non à la rééducation, paraissait incongru alors qu'il est publié sur le site du Figaro et par un de ses rédac. chef adjoint, qui plus est ! Comment un tel organe de presse peut-il s'opposer à ce que réclament sans cesse ses lecteurs fidèles ? Peut-être sera-ce un éditorial traitant d'économie politique et fustigeant un retour à la réglementation excessive qui entrave le potentiel novateur de nos entreprises créatrices de croissance et d'emplois[2] ? Que nenni[3] ! Il s'agit de s'insurger contre quelques avancées sociopolitiques de ce début de millénaire, pas moins ! Alors, le titre est... particulièrement mal choisi. Je m'explique.

De mon temps[4], qui est le même que celui de l'auteur de l'édito., soit dit en passant, les maisons de ré-éducation visaient à remettre dans le droit chemin, le chemin commun, ceux qui s'en détournaient par les actes ou les paroles, voire les pensées ; elles disciplinaient les sauvageons[5] La ré-éducation implique qu'il y ait eu une éducation préalable, qui s'est perdue et qu'il faut ré-injecter dans l'esprit vagabond du déviant. Sauf que. Sauf que l'auteur prétend que les lois progressistes actuelles sont celles par lesquelles nos mentalités vont être ré-éduquées. Faudrait savoir : c'est progressiste (alors il ne s'agit pas de ré-éducation) ou c'est passéiste ? Parce que, sauf à remonter à la Première République[6], et encore, jamais femmes et hommes[7] n'ont eu autant de droits et de devoirs identiques[8]. J'en conclus que le terme rééducation n'est pas le plus approprié en l'espèce, n'est-ce pas[9] ?

Mais alors, que craint l'éditorialiste ? Que chacun puisse faire comme les autres ? Que chacun puisse penser à sa vie personnelle avant de songer à celle des autres ? Que chacun puisse avoir les mêmes privilèges que... lui ? Que chacun soit aussi individualiste que lui ? Comment peut-il s'étonner, alors que la société humaine[10] est individualiste, comme l'est la majorité des lecteurs fidèles de son journal, que les lois de la République s'adaptent à la conformation de la société ? Il me paraît toujours incompréhensible qu'humanisme et catholicisme[11] ne riment pas dans les actes et les paroles[12]...

Peut-être craint-il de voir dans chaque individu, uniquement un être humain, sans considération de genre, de couleur de peau, de taille, d'âge, d'activité ; un être humain qui a autant de droits et de devoirs qu'un autre être humain ; un être humain qu'il ne pourra faire rentrer dans aucune case de son système de classement personnel ? La peur de l'autre, cet inconnu[13] [14] ?

Notes

[1] si tu as la clé, déchiffre ; sinon, contente-toi de décrypter.

[2] non, je n'ai pas fait tourner le pipotron. Et ça se voit.

[3] hum.

[4] yep, chuis une vieille.

[5] toute allusion aux paroles d'un célèbre ministre revenu d'entre les morts (non, pas Lazare) est délibérée.

[6] avant 1804, avant le Code dit Napoléon, où, de mémoire, pour le divorce, par exemple, épouse et époux avaient les mêmes droits.

[7] keep calm, it's just the alphabetic order.

[8] même s'il y a encore d'un boulot.

[9] la question est toute rhétorique, je ne t'oblige pas à répondre, mais ne te l'interdis pas non plus !

[10] l'actuelle tout comme celle de Socrate.

[11] catholique, ça signifie universel, je te rappelle.

[12] bisounourse un jour...

[13] tu y mets ce que tu veux, comme références.

[14] j'ai quand même réussi à placer 14 notes de bas de page dans un texte d'à peine 20 lignes : faut dire que je parle beaucoup à mon for (non, pas Nelson, et non, il n'y pas de faute).