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22/08/2014 22:08

Ray's Day 2014 - Chez les écrivains

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En cette première édition du Ray's Day qui se finit — oui, c'est presque Noël, avant l'heure — j'ai rassemblé ici mes impressions à la lecture de quelques pièces plutôt courtes, nouvelles ou novellas (c'est comme ça qu'on dit ?). J'ai retrouvé avec plaisir les auteurs qui m'avaient déjà séduite — Cécile Duquenne, Neil Jomunsi, Anne Rossi, Kylie Ravera ou Michael Roch — en ai découvert d'autres qui m'ont enchantée — Julie Decottignies, Simon Giraudot, Le Greg ou Violaine Paquet. Un autre article sera consacré aux textes (beaucoup) plus longs. Merci à tous ces auteurs qui ont fait de beaux cadeaux aux lecteurs assoiffés, en particuliers aux écrivains qui ont publié sur leur blog en accès libre et laissé leurs œuvres accessibles bien après le RD2014.

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Ray's Day 2014 - Chez les écrivains (encore)

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J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans le récit, tant le début est très académique — ce qui n'est pas étonnant, eu égard à l'occupation diurne de l'auteur — expliquant par le menu l'organisation très structurée du vaisseau-monde dans lequel ce déroule la première partie du triptyque Néagè. L'histoire proprement dite démarre lentement, à mon goût ; la candeur des personnages m'a semblé un tantinet exagérée ainsi que les péripéties qui font avancer tant bien que mal les héros. Ce n'est qu'au début du troisième tiers, alors que l'action devient rapide, brutale, qu'enfin j'ai senti la palpitation de cette humanité en semi-perdition. Le style est simple et sert une histoire dans laquelle m'ont manqué épaisseur des protagonistes ou vibration des personnages. Ou je ne suis pas (plus) faite pour les récits à l'antique, les odyssées...

Dans la catégorie Histoires Extraordinaires, celle-ci tient bien sa place. Avec une bonne dose de fantastique, ou de SF, ou des deux. Un duo de personnages principaux, moins d'une dizaine de secondaires, un environnement tout ce qu'il y a de plus contemporain — star richissime de la chanson, émission de télé-réalité, villa somptueuse, île paradisiaque (enfin, presque) — tout est fait pour que le lecteur puisse s'identifier, éventuellement, aux protagonistes, bien que le futurisme technologique s'en mêle. Un peu. Beaucoup. La première partie du récit est presque banale, peut-être un peu longuette, et l'action devient débridée quand enfin le héros commence sa mission. Lutte pour sa survie, fuite devant les dangers de la nature — un peu aidé, quand même — jusqu'au combat que l'on croit être final. Et qu'il refuse. Et alors que l'on comprend que les deux personnages sont bien plus proches que l'on ne pouvait croire, la chute déboule brutalement, un couperet époustouflant, et nous laisse face à nos interrogations.

Une belle nouvelle, de bonne longueur, comme un écho à nos peurs du troisième millénaire. J'ai d'emblée été séduite par le style, descriptif, fourni, riche, qui distille bien l'atmosphère pesante post-apocalyptique. Les thèmes classiques comme l'Homme qui construit son propre malheur ou le héros sans grade sont présents et réconfortants — enfin, si l'on peut dire, vu le contexte... Inversement, la présence d'une héroïne salvatrice est une heureuse surprise. Le déroulé est vraiment trop rapide, à mon goût : alors que le début de l'histoire prend le temps d'installer le lecteur, la suite défile à toute vitesse, s'appuyant sur des rebondissements presque « attendus », et c'est dommage. Le récit ressemble davantage à un script d'un petit roman, d'un moyen métrage qu'à une nouvelle. Et si l'histoire est très sombre et lugubre, la chute laisse entrevoir quelque espoir en ce monde perdu. Bien aimé, comme on aime un fruit pas tout à fait mûr.

Ray's Day 2014

Ray's Day

Fête de la lecture, faites de la lecture, osez la lecture. J'ai osé tenter quelques petits trucs pour ce premier Ray's Day :

  • Ça, c'est fait :
    • mettre ma mère, ancienne bibliothécaire, toujours un bouquin à portée d'œil, à la lecture numérique (la preuve),
    • du coup, raconter pourquoi je lis ;
  • Ça, c'est à faire :
    • aller lire au parc public, avec un carton de bouquins « Servez-vous ! »,
    • construire une biblioboîte et la planter à l'entrée du chemin.

On va dire que le défi est à moitié relevé ^^

Le premier vingt-deux

Il paraît que c'est plus bruyant que le métro aux heures de pointe. Et que la bousculade y est encore plus grande. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Ça bouge dans tous les sens, ma tête cogne contre une surface souple et ferme, mes membres sont ballotés de droite et de gauche. Je bois souvent la tasse, mais c'est comme d'habitude. J'ai mal aux oreilles, mon tympan s'agite frénétiquement, ça bourdonne et de temps en temps ça crisse. Maintenant, là, alors que tu me lis, je sais mettre des mots sur ce que je ressentais, mais à l'époque, à l'époque...

À l'époque, j'étais inconsciente, mon cerveau n'était pas capable d'analyser toutes les informations que mes capteurs physiques lui envoyaient. Je ne savais que sentir : je ne savais rien, je ne comprenais rien. Je flottais dans un bouillon aux goûts bizarres et ondoyants ; il y faisait sombre, si tant est que la lumière eût une signification ; le liquide remuait au rythme de mouvements extérieurs dont je ne réussissais pas à déterminer l'origine. Je l'agitais parfois, lorsque je m'y ébattais, lançant coups de pieds et de poings, frétillant d'angoisse. De temps en temps, mon vaisseau se calmait, le brouhaha s'y faisait tenu et il me semblait percevoir un chant léger, modulé, sur fond de musique froissée. Je me sentais de plus en plus à l'étroit dans mon cocon, jusqu'à ce qu'il m'expulsât, un soir au goût de l'été qui arrivait : il faisait froid et sec dans ce nouveau monde, mais au moins, il était grand ! C'était un univers rempli de nouveautés, agréables sensations et de traumatismes : un bouleversement, en somme. Tout attachée à découvrir ce nouvel espace et les êtres qui le peuplaient, j'avais oublié le son de l'habitude. Ce n'est que bien plus tard, un soir, que j'entendis de nouveau cette chanson douce et cette mélodie parcheminée : ma mère lisait à mi-voix un livre donc elle tournait les pages en les faisant glisser les unes sur les autres. Il paraît que j'adorais l'imiter, dressée sur mon séant dans mon berceau, mon bouquin en tissu bien en mains — et à l'envers ! — droit devant mes yeux. Puis je suis allée à l'école, puis j'ai appris à lire : et mon univers s'est dilaté[1].

Le premier livre dont je me souviens avec précision racontait l'histoire de petits hommes dans une grande maison familiale où régnait un chat. Il me suit depuis plus de quarante ans, au gré des déménagements successifs : je viens d'aller le chercher sur une étagère de ma bibliothèque, son dépôt l'égal date de 1969. Il s'agit de Monsieur Ouipala, d'Annie M. G. Schmith (trad. Suzanne Hiltermann et Isabelle Jan, ill. Jacqueline Duhème) . Ensuite vient Au nom de tous les miens (Martin Gray), que je lisais alors que tournait en boucle l'album Métamorphosis : les deux sont irrémédiablement liés dans ma mémoire. Puis Chroniques martiennes (je ne te ferai pas l'affront de te dire qu'il a été écrit par un certain Ray Bradbury) : c'est LE texte qui m'a accrochée à la science-fiction pour ne plus jamais la quitter. Entre temps, la section moins de quinze ans de la bibliothèque dont ma mère assurait la direction a fermé. Les ouvrages devaient partir à la poubelle — quelle horreur[2] ! — j'ai donc fait le plein d'ouvrages dont quelques pépites comme Bilbo le Hobbit ou Au Carrefour des étoiles. Après, il y en a eu tellement, que je ne sais plus, et comme ça va de la collection Harlequin à la Bible ou au Coran, que ma mémoire est un vrai emmenthal, je ne saurais dire. Peut-être, s'il en faut un, un texte de John Irving comme Une veuve de papier, par exemple. Et s'il faut un cycle, celui des Robots et de Fondation (d'Isaac Azimov, faut-il le rappeler).

Tiens, puisqu'on est vendredi, je livre mon #vendredilecture :

  • Le trône de fer (Georges R. R. Martin, au cas où tu ne suivrais pas) intégrale 3 VF (oui, je sais !)
  • Adultère (Paulo Coelho)
  • PB#... Ah non, on est vendredi, mais PB53 ne paraîtra jamais. Alors, Le meilleur pour le pire — aka RD#1 (Neil Jomunsi)

Pourquoi je raconte tout ça ? Primo[3], parce que c'est le Ray's Day, tu suis ? Ensuite, parce que j'ai une confession à faire, même si on n'est pas jeudi : je n'ai aucun mérite. Je n'ai aucun mérite à lire. T'imagines-tu ne pas respirer, manger ou parler ? Non, bien sûr. Lire est de même nature pour moi : une fonctionnalité profondément inscrite dans mes gènes d'humaine, qui m'a été donnée dès ma conception, qui a doucement mijoté dans mon bain primordial, dont je me suis nourrie avec le lait de ma mère, qui fait du cosmos connu et inconnu un ridicule petit pois à côté des multivers logés dans les textes. Je n'ai aucun mérite à lire.

Notes

[1] une fois que tu as appris à lire, tu ne peux pas t'empêcher de lire tout ce qui te tombe sous l'œil, même en langue étrangère, même le panneau de pub. le plus débile de l'Univers et des environs. Fais-en donc l'expérience.

[2] je ne supporte pas de jeter des livres et quand ils n'en peuvent plus, j'en fais, par exemple, ça

[3] pas Levi.