adultere.jpg C'est le deuxième ouvrage de Paulo Coelho que je lis, le premier ayant été, bien entendu, L'alchimiste. Le souvenir que j'en ai c'est de n'avoir rien compris au propos de l'auteur[1] et la sensation qu'il m'en reste, c'est d'avoir été déçue. Je ne dirais pas que pour Adultère, c'est pareil, mais la déception est tout autant là.

L'histoire est racontée essentiellement sous forme de dialogues ou de monologues : le style est donc léger, presque oral, à peine écrit et il est parfois difficile à suivre. Sauf lorsque l'auteur se lance dans de grandes tirades philosophiques et spirituelles : l'écriture semble alors bien plus travaillée.

Lorsque j'ai commencé à lire, je me suis sentie prise d'une frénésie de souligner un bon nombre de phrases, d'en faire des citations à placarder ici ou . Et à force de souligner[2], je me suis agacée : étais-je en train de relever des vérités universelles ou des lieux communs ?

  • « Tâchez de vous laisser porter par la nuit de temps en temps, de regarder les étoiles et de tenter de vous enivrer de la sensation d'infini. La nuit, avec tous ses sortilèges, est aussi un chemin vers l'illumination. De même qu'au fond du puits sombre il y a l'eau qui étanche la soif, la nuit, dont le mystère nous rapproche de Dieu, porte cachée dans ses ombres la flamme capable d'allumer nos âmes. »
  • « Voyez-vous un problème dans ma vie ? Aucun. Seulement la nuit qui me fait peur. Le jour qui ne m'apporte aucun enthousiasme. Les images heureuses du passé et les choses qui auraient pu être et n'ont pas été. Le désir d'aventure jamais réalisé. »

Certes, rien de transcendant. Des évidences donc, ou des paroles que j'ai souvent entendues de la part de proches à un moment où ils venaient me confier leur mal-être.

D'autres exemples ?

  • « Aujourd'hui au travail, j'ai fait preuve d'une irritation anormale, seulement parce qu'un stagiaire a mis du temps à trouver ce que j'avais demandé. Je ne suis pas comme cela, mais je me sépare de moi-même. »
  • « La nécessité de faire plaisir à tout le monde. »
  • « Nous ne montrons pas nos sentiments parce que les gens pourraient nous juger vulnérables et en profiter. »

Qui n'a pas entendu ça ? Ou ne l'a jamais dit ? Personne. Cela m'a profondément remuée.

Quant au déroulé du récit... J'avoue que j'ai été à plusieurs reprises à deux lignes de laisser tomber le bouquin[3] Le discours est poussif, s'emmêle dans des répétitions. J'ai persévéré, par curiosité probablement. Certes, il s'agit de retranscrire la phase d'introspection d'une femme — jeune, la trentaine — qui ne sait plus si elle est heureuse ou pas — objectivement, d'un point de vue extérieur, elle l'est[4] — qui tente de s'écarter du chemin tout tracé que semble dessiner sa vie pour, éventuellement, voir si l'herbe ne serait pas plus verte sur la voie de traverse. On y trouve quelques scènes porno., dont on se demande ce qu'elles font dans l'histoire sinon attirer le voyeur ou la voyeuse ; des discussions sur la jalousie, ou le sens de la vie de couple : que du très banal. Et puis une scène, où l'héroïne va enfin avoir l'illumination, recevoir la révélation : cet épisode, intense, n'est raccroché à toute l'histoire que par un simple prétexte ; il aurait pu trouver sa place dans un tout autre récit, que le fond n'en aurait pas été changé. À sa suite, à la fin de l'aventure, on retrouve la principale protagoniste heureuse de continuer à vivre sa vie « d'avant ».

Les œuvres de Paulo Coelho sont essentiellement des contes initiatiques, où la spiritualité tient une grande place. Oui, cette femme a progressé — par essais, erreurs ? — non, elle n'est plus la même qu'avant son aventure, elle a muri, grandi, évolué. Oui, oui. Mais j'ai été très déçue par la façon dont son histoire a été racontée.

Tout ça pour ça ?

Notes

[1] probablement parce que j'ai moins de deux neurones.

[2] numériquement, je te rassure !

[3] mais pas ma simili-liseuse !

[4] mais personne n'est dans la tête de personne, n'est-ce pas ?