Twelve J'ai fait la connaissance de Michael Roch, l'an dernier, aux alentours de Noël, alors que Le Morse offrait L'anthologie interdite[1] : dans le paquet cadeau, un lapin, non de Pâques — ce n'était pas la saison — mais de Michael. Et puis, un 22 octobre, c'est Twelve qui est offert par le patron[2].

« C'est fou le nombre de conneries qui peuvent nous traverser le crâne lorsqu'on essaye de chasser une idée fixe, lorsqu'on fait tout pour effacer l'inoubliable, lorsqu'on souhaiterait que tout disparaisse autour de nous, que le monde explose, mais que rien ne se produise, et que ce qui a été fait ne pourra jamais être défait. Je ne veux pas me tirer une balle au petit matin sur le bord de mer. Je veux me venger. Je veux trouver le salaud qui a détruit ma famille et ma vie. Après, seulement, je m'occuperai de mon cas. »

Au premier abord, on peut penser que Twelve est simplement un thriller, il commence d'ailleurs ainsi : un gars, super-flic de son état, qui veut se venger de l'assassinat de sa famille. Il a bien une petite idée de qui est responsable : un indice bizarre, qu'il s'est empressé de subtiliser, a été laissé par les auteurs. Croit-il. Croit-il ? Quoi qu'il en soit, guidé par ce minuscule fragment de plastique, il met Miami « à feu et à sang », comme le lui reproche son futur ancien coéquipier. Même si c'est mal de vouloir se faire justice soi-même surtout lorsqu'on est flic. Toutes les éminentes figures de la pègre locale, celles contre lesquelles il luttait déjà en tant que flic, y passent : le chinois tenancier de casino, la maquerelle rangée des voitures[3], l'escroc français, le cubain propriétaire de bains privés et enfin le Père, chef de la bande. Et c'est tout ? Euh, non, pas vraiment. Sinon, ça ne serait qu'un scénario banal d'un remake de série B, décliné à l'infini.

La théorie du complot s'en mêle, puis le fantastique. Ah, le fantastique ! Je ne peux y résister. Dans sa course à la vengeance à travers la ville, John Twelve Griffin — l'autojusticier, le héros donc — croise de bien étranges personnes, bien plus étranges que les malfrats locaux : un ange vaguement gardien, se dissimulant tour ou tour sous les traits d'une voyante ou d'un clochard aveugle[4] ; un gardien d'immeuble à qui la NSA n'a rien à envier et qui révèle à notre héros qui il est et d'où il vient, lui qui se sort des situations les plus létales comme on sort de sa douche, qui voit ses blessures disparaître le temps de quelques battements de cœur, lui qui n'est pas sans rappeler Walgänger. Et il est bien dommage que le livre soit dans la catégorie One shot chez Walrus, parce que j'aurais bien lu la suite, moi, tant la fin me laisse sur... ma faim, parce que j'aurais bien aimé savoir comment Twelve va s'occuper de son cas.

Notes

[1] Qu'il faudra que je me décide à chroniquer...

[2] Walrus est une étrange maison d'édition, qui fait des cadeaux aux lecteurs le jour de l'anniversaire de son directeur éditorial et gérant.

[3] ahem...

[4] mais non, ce n'est pas antinomique.