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J'ai fait la connaissance du Peter Pan de Michael, il y a presque trois ans, alors qu'il s'offrait sur le site de l'auteur[1]. Puis vint la première édition du Ray's Day où Peter se dévoilait un peu plus. Déjà, à l'époque, les quelques pages offertes m'avaient subjuguée, il semble, puisque je disais :

Une délicieuse tranche de la vie de Clochette et Peter, remplie de tout ce qui fait le sel, l'amertume, le frisson des relations humaines, avec leurs non-dits, demi-mensonges et vérités pudiques. Un plaisir à lire, qu'on pourrait croire minuscule vue la petitesse du chapitre, immense parce que quasi universel.

Et puis, et puis... La vie étant ce qu'elle est, la Brigade du Livre ce qu'elle conseille, Radius, l'expérience qu'elle fut, Les Vicariants, ce qu'ils trament, Peter s'était rendormi au Pays Imaginaire. Enfin, un jour de septembre :

Je ne connais que les vents contraires qui scellent le sort du monde. Je veux dire, je me souviens d'eux comme s'ils m'avaient giflé hier. Et il faudrait te prévenir des bourrasques et de leurs autours, des trombes qui percent le ciel, et des nuages qui s'enroulent sur les lucioles de mes falaises. (Moi Peter Pan, en correction)

Il allait revenir ! Il reviendrait ! Bientôt. Le plus dur étant d'attendre son retour, bien entendu. Impatiente, dans le sillage d'une étoile qui filait jusqu'au matin, j'ai retrouvé Peter. Un Peter toujours aussi acide et doux, toujours autant tiraillé entre sa carapace et son cœur fondant, mettant sur ses peurs, dites d'enfant, des idées ordinairement attribuées aux adultes. Car le Peter Pan de Michael[2] a étrangement mûri pendant ces années éternelles passées au Pays Imaginaire. Il nous parle comme le ferait un ami cher, sans concession, avec une énorme tendresse, impatient et attentionné à la fois. Il ruisselle comme un coffre aux trésors, scintille à l'instar de précieuses gemmes, griffe quelques fois telle une bague au chaton vide, illumine souvent de son rire claironnant et de ses mots.

Les mots, parlons-en, des mots. Michael en est un magicien, sûr qu'il bénéficie de la protection de quelque muse charmeuse.

Les mots qui nous touchent, car ils nous correspondent. Ils nous heurtent quand ils sont employés contre nous. Chaque mot est une force.

Et les mots de Michael sont forts, d'une poésie précieuse tant on la rencontre peu, de nos jours. Il dit d'une façon magnifique ce que beaucoup ressentent[3] sans avoir le don d'y poser quelques paroles que ce soit, il fait rêver, il fait pleurer, il bouleverse[4]. Superbement. Intemporellement.

Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important, ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges. L’important, c’est ce lien. C’est pour cela que nos âmes sont sœurs, parfois, car elles sont ficelées de toutes nos vérités. Elles racontent ce que nous sommes par l’action de notre pinceau [...] Ce que tu es trouve ses fondations dans ce que vous avez tissé.

Tu penses que l'enfant qui est en toi est mort ? Ou tu refuses qu'il le soit ? Ou tu veux que de nouveau vous ne fassiez qu'un ? Lis-le, lis Moi, Peter Pan.

Notes

[1] site qui n'existe plus, ce qui est une honte et un scandale. Voilà, c'est dit

[2] ou le Michael de Peter Pan, à ce point de l'histoire, on ne sait plus trop faire la différence

[3] en tout cas moi...

[4] même pas cherché des coquilles, c'est dire !