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Mot-clé - Michael Roch

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19/05/2017 20:30

Le Labo Walrus : premières productions

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Le Labo de Walrus[1] a ouvert ses portes le 8 mai 2017. Pour les distraits, je cite la ligne de conduite du Labo :

Ici nous publions les textes courts d’auteurs et d’autrices en [qui][2] nous plaçons tous nos espoirs. Une occasion pour vous de les découvrir, et pour nous de les mettre sur le banc de test et de dénicher nos écrivains de demain…

À ce jour, quatre nouvelles ont été rendues publiques. Je les ai lues. J'ai été un peu déçue[3] par cette première fournée.

Objectivement, le cahier des charges initial n'est pas respecté. Au moins deux auteurs de cette première fournée ne sont pas des « écrivains de demain », mais des écrivains déjà connus ou reconnus.
Michael Roch, en premier lieu, qui de plus est un auteur Walrus (mais pas exclusif !) Et même si la nouvelle qui est proposée est dans la veine Pulp du Morse (Twelve ou Mortal Derby X), elle n'est pas inédite :([4] C'est bien : Igor-du-labo a de quoi s'améliorer[5]
Ensuite, Aude Réco. Mais qu'est-ce qu'il est passé par la dent longue du Morse pour qu'il la classe ainsi dans la catégorie des écrivains de demain !? Rien que sur sa page d'auteur Amazon, on trouve plus d'une dizaine d'œuvres. Elle publie sur Wattpad, aussi. Oui, elle s'autopublie[6]. Et alors, le Morse, mmhh ? Oui, c'est une bonne écrivaine, ses histoires sont chouettes — celles que j'ai lues ou achetées, entre autres — mais est-ce une raison pour que le Labo per se la... découvre ?
Il semble que la situation soit similaire pour Céline Saint-Charle. Et que Thierry Soulard ait déjà publié.

Et plus je m'agace à écrire ce texte acerbe, plus se forme dans ma caboche têtue l'idée que peut-être ai-je mal compris les mots du Labo ou les idées qu'il porte sur son blog ou son compte Twitter. Peut-être ne fais-je qu'extirper de mon cerveau reptilien primaire — pléonasme — la colère produite par la frustration de n'avoir pas compris ce que le Morse a voulu faire dans son Labo. Et même si je me fais à l'idée, en fin de compte, que le Labo est destiné à transformer des auteurs et autrices en écrivains et écrivaines, Michaël, Aude et probablement Céline sont déjà dans cette seconde catégorie.

Il semblerait que le Morse ait compris qu'il y avait quand même matière à rectifier le tir :

Bon, c'est déjà ça.

Sur le fond, maintenant, les nouvelles elles-mêmes, de façon tout à fait subjective[7] ce coup-ci (couça).

  • Cathie les nuits chaudes (Michaël Roch) : c'est du Michaël pulpeux donc, incisif, violent ; un peu plus qu'érotique, pas tout à fait porno. ; au style peut-être un peu moins marqué qu'à l’accoutumée tant ce qui importe est le déroulé de l'histoire de Cathie ;
  • Le ballon (Céline de Saint Charle) : sous la plume d'une autrice que je n'avais jamais lue auparavant, du fantastique horrifiant, dans la veine vaudou[8], lutte du bien contre le mal, etc. Pas mal, sans plus ;
  • Ne pas baiser près des licornes (Thierry Soulard) : par un auteur dont je n'ai jamais lu les œuvres, de la fantasy qui se veut humoristique, dans la veine de Terry Pratchett, précise l'article de blog[9]. Autant dire tout de suite, Terry Pratchett ne me fait pas rire aux éclats[10] ni les situations cousues de fil blanc où on devine la fin dès les premiers paragraphes. Seule la virtuosité des descriptions m'est apparue remarquable ;
  • Nés d'orage et de boue (Aude Réco) : je dois dire que j'ai connue Aude bien plus inspirée — Faiseur de Rêve[11] ou Cœur sommeil[12] et je me suis embourbée dans le style. C'est peut-être voulu, finalement... puisque le thème, fantastique, est la fusion de la réalité et du mythe, la naissance d'une autre humanité faite de chair et de boue.

En conclusion, pas vraiment de coup de cœur, ni de découverte enthousiasmante.

De cette déception née d'une trop grande attente.

Notes

[1] Le site — la présentation du catalogue, en particulier — est bien mieux qu'avant ;) Merci !

[2] la grammaire française est assez souple — si si — pour ne pas avoir à torturer l'orthotypographie si l'on se veut neutre quant au genre. Indice : « Épicène »

[3] On est bien d'accord, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, c'est ma vision par le petit bout de ma lorgnette

[4] Entendons-nous bien : Je n'ai rien contre Michael, je l'ai adopté il y a quelques années et il sait — le Morse aussi — combien j'apprécie ses textes et son travail de conseiller littéraire.

[5] Même s'il y a un os.

[6] C'est même un pivot de son activité

[7] Et vous avez bien entendu le droit de ne pas aimer ce que j'aime et inversement

[8] Il y en a dans le Projet Bradbury, je vous laisse chercher

[9] Tiens, pas vu la reprise des textes de présentation sur la page du Labo ; ça manque

[10] Même si j'ai la manie des notes de bas de page

[11] Coup de cœur de la lectrice

[12] J'attends la suiiiiiite ;p

11/02/2017 17:56

Moi, Peter Pan (Michael Roch)

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J'ai fait la connaissance du Peter Pan de Michael, il y a presque trois ans, alors qu'il s'offrait sur le site de l'auteur[1]. Puis vint la première édition du Ray's Day où Peter se dévoilait un peu plus. Déjà, à l'époque, les quelques pages offertes m'avaient subjuguée, il semble, puisque je disais :

Une délicieuse tranche de la vie de Clochette et Peter, remplie de tout ce qui fait le sel, l'amertume, le frisson des relations humaines, avec leurs non-dits, demi-mensonges et vérités pudiques. Un plaisir à lire, qu'on pourrait croire minuscule vue la petitesse du chapitre, immense parce que quasi universel.

Et puis, et puis... La vie étant ce qu'elle est, la Brigade du Livre ce qu'elle conseille, Radius, l'expérience qu'elle fut, Les Vicariants, ce qu'ils trament, Peter s'était rendormi au Pays Imaginaire. Enfin, un jour de septembre :

Je ne connais que les vents contraires qui scellent le sort du monde. Je veux dire, je me souviens d'eux comme s'ils m'avaient giflé hier. Et il faudrait te prévenir des bourrasques et de leurs autours, des trombes qui percent le ciel, et des nuages qui s'enroulent sur les lucioles de mes falaises. (Moi Peter Pan, en correction)

Il allait revenir ! Il reviendrait ! Bientôt. Le plus dur étant d'attendre son retour, bien entendu. Impatiente, dans le sillage d'une étoile qui filait jusqu'au matin, j'ai retrouvé Peter. Un Peter toujours aussi acide et doux, toujours autant tiraillé entre sa carapace et son cœur fondant, mettant sur ses peurs, dites d'enfant, des idées ordinairement attribuées aux adultes. Car le Peter Pan de Michael[2] a étrangement mûri pendant ces années éternelles passées au Pays Imaginaire. Il nous parle comme le ferait un ami cher, sans concession, avec une énorme tendresse, impatient et attentionné à la fois. Il ruisselle comme un coffre aux trésors, scintille à l'instar de précieuses gemmes, griffe quelques fois telle une bague au chaton vide, illumine souvent de son rire claironnant et de ses mots.

Les mots, parlons-en, des mots. Michael en est un magicien, sûr qu'il bénéficie de la protection de quelque muse charmeuse.

Les mots qui nous touchent, car ils nous correspondent. Ils nous heurtent quand ils sont employés contre nous. Chaque mot est une force.

Et les mots de Michael sont forts, d'une poésie précieuse tant on la rencontre peu, de nos jours. Il dit d'une façon magnifique ce que beaucoup ressentent[3] sans avoir le don d'y poser quelques paroles que ce soit, il fait rêver, il fait pleurer, il bouleverse[4]. Superbement. Intemporellement.

Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important, ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges. L’important, c’est ce lien. C’est pour cela que nos âmes sont sœurs, parfois, car elles sont ficelées de toutes nos vérités. Elles racontent ce que nous sommes par l’action de notre pinceau [...] Ce que tu es trouve ses fondations dans ce que vous avez tissé.

Tu penses que l'enfant qui est en toi est mort ? Ou tu refuses qu'il le soit ? Ou tu veux que de nouveau vous ne fassiez qu'un ? Lis-le, lis Moi, Peter Pan.

Notes

[1] site qui n'existe plus, ce qui est une honte et un scandale. Voilà, c'est dit

[2] ou le Michael de Peter Pan, à ce point de l'histoire, on ne sait plus trop faire la différence

[3] en tout cas moi...

[4] même pas cherché des coquilles, c'est dire !

01/11/2014 12:29

Twelve (Michael Roch)

Twelve J'ai fait la connaissance de Michael Roch, l'an dernier, aux alentours de Noël, alors que Le Morse offrait L'anthologie interdite[1] : dans le paquet cadeau, un lapin, non de Pâques — ce n'était pas la saison — mais de Michael. Et puis, un 22 octobre, c'est Twelve qui est offert par le patron[2].

« C'est fou le nombre de conneries qui peuvent nous traverser le crâne lorsqu'on essaye de chasser une idée fixe, lorsqu'on fait tout pour effacer l'inoubliable, lorsqu'on souhaiterait que tout disparaisse autour de nous, que le monde explose, mais que rien ne se produise, et que ce qui a été fait ne pourra jamais être défait. Je ne veux pas me tirer une balle au petit matin sur le bord de mer. Je veux me venger. Je veux trouver le salaud qui a détruit ma famille et ma vie. Après, seulement, je m'occuperai de mon cas. »

Au premier abord, on peut penser que Twelve est simplement un thriller, il commence d'ailleurs ainsi : un gars, super-flic de son état, qui veut se venger de l'assassinat de sa famille. Il a bien une petite idée de qui est responsable : un indice bizarre, qu'il s'est empressé de subtiliser, a été laissé par les auteurs. Croit-il. Croit-il ? Quoi qu'il en soit, guidé par ce minuscule fragment de plastique, il met Miami « à feu et à sang », comme le lui reproche son futur ancien coéquipier. Même si c'est mal de vouloir se faire justice soi-même surtout lorsqu'on est flic. Toutes les éminentes figures de la pègre locale, celles contre lesquelles il luttait déjà en tant que flic, y passent : le chinois tenancier de casino, la maquerelle rangée des voitures[3], l'escroc français, le cubain propriétaire de bains privés et enfin le Père, chef de la bande. Et c'est tout ? Euh, non, pas vraiment. Sinon, ça ne serait qu'un scénario banal d'un remake de série B, décliné à l'infini.

La théorie du complot s'en mêle, puis le fantastique. Ah, le fantastique ! Je ne peux y résister. Dans sa course à la vengeance à travers la ville, John Twelve Griffin — l'autojusticier, le héros donc — croise de bien étranges personnes, bien plus étranges que les malfrats locaux : un ange vaguement gardien, se dissimulant tour ou tour sous les traits d'une voyante ou d'un clochard aveugle[4] ; un gardien d'immeuble à qui la NSA n'a rien à envier et qui révèle à notre héros qui il est et d'où il vient, lui qui se sort des situations les plus létales comme on sort de sa douche, qui voit ses blessures disparaître le temps de quelques battements de cœur, lui qui n'est pas sans rappeler Walgänger. Et il est bien dommage que le livre soit dans la catégorie One shot chez Walrus, parce que j'aurais bien lu la suite, moi, tant la fin me laisse sur... ma faim, parce que j'aurais bien aimé savoir comment Twelve va s'occuper de son cas.

Notes

[1] Qu'il faudra que je me décide à chroniquer...

[2] Walrus est une étrange maison d'édition, qui fait des cadeaux aux lecteurs le jour de l'anniversaire de son directeur éditorial et gérant.

[3] ahem...

[4] mais non, ce n'est pas antinomique.